Six Feet Under - Nightmares Of The Decomposed
Chronique
Six Feet Under Nightmares Of The Decomposed
On dit qu’à force de creuser toujours plus profond on finit par trouver du pétrole, et vu ce qui est musicalement proposé par Chris Barnes et ses différents acolytes depuis une éternité on pense qu’ils ne doivent plus être très loin d’un puits prolifique. Oscillant toujours depuis ses débuts entre formation gentiment rigolote voire carrément ringarde, celle de son leader n’a cessé au gré de ses albums originaux et de reprises de tomber dans la médiocrité au point de devenir carrément une caricature. Avec ce seizième long-format en vingt-cinq ans son chanteur emblématique en a profité pour intégrer à ses côtés les guitaristes Ray Suhy et surtout Jack Owen, son ancien acolyte de CANNIBAL CORPSE, histoire sans doute d’essayer de revivre une glorieuse époque et de remonter le niveau global de ses sorties devenues affligeantes. Ça n’est d’ailleurs pas pour rien que les précédents rédacteurs de Thrashocore (même les plus motivés) ont fini par lâcher l’affaire, ne sachant plus quoi dire au sujet du degré d’ennui et d’exaspération qui ressort de chaque opus, et ce nouveau volet ne va hélas pas échapper à la règle.
Pourtant on y a cru… certes un peu de moins de quatre minutes mais quand même (c’est à signaler !), car quand retentit d’entrée le redoutable « Amputator » on s’est dit durant cette courte période que le groupe avait retrouvé du poil de la bête, tant ici on se croirait en présence d’une compo qui n’aurait pas fait tâche chez le MASSACRE de la grande époque. Rapide et enlevée sur sa toute sa longueur celle-ci ne ralentit que durant un court instant avant de redémarrer la machine, et maintenir ainsi une cadence élevée aidée par un long solo pour un rendu sans concession et radical, particulièrement simple et plaisant. Si le résultat est excellent malheureusement cela sera le seul moment de gloire de cette galette, car il s’agit ici du meilleur titre proposé avant que suite ne cesse de décliner progressivement, menant du coup l’ensemble vers des abîmes d’ennui où l’on a l’impression d’écouter en boucle les mêmes plans. En effet dès la deuxième piste (« Zodiac ») l’intérêt et l’accroche vont retomber illico tant on retrouve les vieux travers de la bande, entre rythmique lourde répétitive et riffs uniformes joués en boucle sans passion, qui font que malgré sa courte durée le tout donne la sensation de durer une plombe. Et même quand le quintet essaie de proposer quelquechose de plus remuant et entraînant ça tombe vite à plat, que ce soit via « Death Will Follow » (où lors de rares occasions on se surprend à bouger la tête) ou sur « Blood Of The Zombie » aux idées intéressantes mais mal exploitées, mais où cependant l’apport du solo permet d’éviter le naufrage intégral. Car si au niveau du riffing ça reste majoritairement d’une pauvreté abyssale du côté de l’inspiration, en revanche les leads sont parfaitement exécutés et permettent ainsi d’éviter la sieste totale et de surnager quelque peu au milieu de ce néant. Celui-ci est atteint en son centre par le désastreux et soporifique « Migraine » (au nom terriblement en raccord, tant ça donne vite mal à la tête), et surtout « The Noose » tellement linéaire et redondant qu’il en devient carrément énervant, même auprès des fans les plus indulgents.
Cependant alors qu’on croyait tout espoir annihilé (surtout après le léthargique et doomesque « Labyrinth Of Insanity ») le démarrage de « Without Your Life » va laisser croire à un regain d’intérêt vu que les mecs lâchent enfin les chevaux (on aurait aimé qu’ils le fassent plus, tant c’est rare ici) et que ça tabasse bien comme il faut. Malheureusement cela ne va pas durer longtemps et l’apparition de la partie centrale lourde et suffocante (toujours aussi inintéressante - à l’instar des compos précédentes) va mettre fin au suspense et au calvaire auditif, vu que cela se conclut enfin après quasiment trois-quart d’heure interminables où l’on passe par tous les états, de l’endormissement à la surdité en passant par la colère et l’envie de se pendre.
Du coup ça fait long pour une seule plage valable (sur douze au total) et il est donc facile de comprendre pourquoi les différents collègues de la rédaction qui se sont succédés auparavant pour parler des Américains, ne sont plus motivés aujourd’hui pour le faire. Ni meilleure ni pire que les dernières livraisons en date ça n’est cependant pas avec ce genre de prestation insipide que l’entité va retrouver son lustre d’antan (si toutefois il en a eu un auparavant), et il est évident qu’elle va rester un sujet de moqueries malgré les efforts déployés. Si la retraite est au-delà des soixante ans son leader dreadlocké s’en rapproche progressivement, et il serait peut-être de bon ton pour lui d’y penser - même de façon anticipée, car pas sûr que les oreilles même les plus chevronnées supportent encore longtemps un tel carnage sonore, surtout venant de vieux briscards pourtant expérimentés.
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