Notez qu’il y a le message et le messager. Si moi, du haut de mes 25 ans dont une vingtaine passée sur des bancs d’écoles, je vous dis avec une mine concernée que « la vie est une puncheuse dont on doit encaisser les beignes », vous allez me rire au nez (à raison). Mais si vous l’entendez déclamé au cinéma par un personnage d’ancien boxeur au corps semblant sortir d’une rouste monumentale, les tremolos dans la voix et les mains, le tout au milieu d’un Kensington ayant connu de plus belles heures, c’est un « Putain. Oui. » qui sort entre les dents bien alignées malgré un siège moelleux et l’attirail coca/popcorn.
Et Gaza ne fait pas moins bien que Rocky Balboa sur
No Absolutes In Human Suffering, troisième album renouant avec le chaos écrasant de sincérité de
I Don’t Care Where I Go When I Die. Les membres trainassant de
He Is Never Coming Back sont repassés à l’entrainement au sac de frappe défoncé par des phalanges tatouées HARD pour le réveil des cadences effrénées et changements de rythmes incessants où, de nouveau, les enchainements font aussi mal que les riffs et CORE pour un disque assimilable à une synthèse de la discographie des Ricains. En effet, la formation de Salt Lake City renoue avec le chaotique tout en continuant sa recherche de l’ambiancé : les muscles pèsent lourds – pas autant que chez un Bone Dance bien qu’assez pour transmettre la fatigue à bras ballants sous stéroïdes des meilleurs moments de l’ainé à oiseau muselé (« Skull Trophy » par exemple) – mais les intentions se sont raffermies, renouant avec un hardcore décidé à se débattre malgré un propos nihiliste (le morceau-titre où Jon Parkin répète la même ligne comme un slogan amer). Si le retour de Gaza aux affaires qui l’ont fait connaitre se veut marqué d’une atmosphère de mort, les guitares savent être bien vivantes, faisant des rappels aux meilleures compositions du quatuor. Les matheries sortant d’on-ne-sait-où (les adorateurs de « Sire » seront aux anges de l’Apocalypse durant « Winter In Her Blood »), la batterie véloce, à la fois décalée et dans le rythme comme on ne l’entend plus dans les groupes actuels ayant oublié que le déglingué ne vaut pas seulement pour les instruments mais aussi pour transmettre un malaise devenu normalité, l’aura particulière marquant cette musique où l’oubli des transitions donne à ces coreux baignant dans le metal (production épaisse de Kurt Ballou qui, une fois n’est pas coutume, retranscrit parfaitement le son de son client) ce qu’il faut de punk à leur tourment, celui d’une modernité finalement pas si éloignée d’un Kiss It Goodbye… Je croyais que
He Is Never Coming Back désignait le Gaza de
I Don’t Care Where I Go When I Die, me voilà définitivement rassuré !
La jaquette se basant sur une photographie du discours de Jean Jaurès au Près-Saint-Gervais ne trompe pas : Gaza harangue les déçus sur
No Absolutes In Human Suffering sans pour autant tabler uniquement sur la nostalgie d’un premier long-format ayant influencé pas mal de parcours musicaux. Si la construction de l’ensemble joue les look-alike des premiers morceaux tranchants au final tapant dans le post-hardcore (un cliché dont n’arrivent pas à se débarrasser les gaziers mais qui a le mérite de ne pas trop durer ici), « When They Beg », « The Crown » ou « Not With All The Hope In The World » offrent des trouvailles mélodiques inattendues et amenées comme espérées, comprendre sans espoir, leurs apparitions préférant le fracassant aux échauffements de rigueur devenant délirantes et aussi punitives que les moments bourrins. Mais surtout, au-delà de retrouver ici ce que les Ricains savent faire de mieux, ce qui me plait dans
No Absolutes In Human Suffering au point d’occulter les quelques baisses en son milieu est qu’il me rappelle ce que j’ai ressenti lors du concert de Gaza en 2010 au Trabendo, cette impression d’entendre des mecs pas cons qui en ont gros sur la patate, la déprime étant transmise par la méthode dont le hardcore s’est fait maître : battre plutôt que s’abattre, avec cette volonté de ne rien faire de plus que donner un coup supplémentaire - notez cependant qu’il y en a de plus douloureux que d’autres, tel que celui-ci.
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