« Inarrêtable », « sans retour », « ne regarde pas dans le rétroviseur »… Ce hardcore-ci, on le connait par cœur et il peut sembler inutile de poursuivre dans cette voie depuis deux ans et la sortie de ce qui est certainement
l’un des plus grands crash-tests du genre. C’est pourtant le pari que relève Bone Dance dont le style n’a pas bougé d’un iota depuis
Snakecharmers (EP autoproduit en 2010 puis réédité un an plus tard par Prototype Records), cet album sans titre n’offrant qu’une version XXL de ce que les Ricains ont encore récemment présenté lors de leur split avec Plebeian Grandstand et Divider (les titres « Conniver » et « West » se retrouvent d’ailleurs ici).
C’est pourtant dans une violence non dissimulée que se déroule l’essai, celui-ci, malgré le côté balisé de sa musique résumable en un Gaza circa
He’s Never Coming Back passé en accéléré, ne faisant pas moins que fermer le claque-merde de ceux pensant que le hardcore moderne a gagné en massif ce qu’il a perdu en hargne. Il y a en effet un chaotique qui dépasse cette bête démonstration dont Knut a pu se faire le héraut dans ses pires moments, un chaotique si incessant qu’il devient autorité au-delà des mélodies (que sait cependant lancer Bone Dance, cf. une « White Guilt » pas tout à fait plaisir coupable mais clairement en bonne place dans la fonction de piste-pivot permettant à l’ensemble de ne pas tomber dans l’excessif), un chaotique balourd joué pour lui-même où, quelques soient les images parcourant l’écoute – certainement pas celle de la pochette en tous cas, la paix étoilée servant de jaquette ne peut être qu’ironique –, c’est l’équation « poids + vitesse = choc » qui a le dernier mot et l’impact le rôle de repère, l’avant étant laissé au bouton play, l’après au bouton stop. Et c’est évidemment ce chaotique que pratique la formation originaire de l’Idaho.
Une abstraction du n’importe quoi inscrivant l’œuvre dans la modernité en somme, mais ne gardant de l’habituel nihilisme musical que ses meilleures armes, le jusqu’auboutisme sans les dissonances pseudo-evil, la lourdeur des guitares sans les ponts pseudo-doom, l’exécution furieuse sans la volonté de construire des chansons, le tout avec une aisance qui pourra rappeler les excellents KEN Mode (trop fastoche de briser des genoux, suffit de composer « Comfort » ou « Feral » !). Bone Dance n’accorde pas d’importance aux structures simples comme alambiquées, sa technique étant au service de l’instinctif selon les tables écrites par Dazzling Killmen il y a bientôt vingt ans (les accélérations inattendues de « Children Having Children » et « Barren » par exemple, évoquant ce qu’on peut rencontrer sur
Face Of Collapse).
Un groupe finalement à l’image de son chanteur, qui paraît pousser ses hurlements comme d’autres mettent bas leurs gosses et dont les quelques photographies prises en plein exercice (on attend toujours que les sacs d’os traversent l’Atlantique pour se faire une meilleure idée) montrent qu’il doit époustoufler d’essoufflé, sa carrure de Freddie Mercury en pleine grève de la faim contrastant avec sa voix éduquée au colossal entre hardcore et death metal. Non, à part un passage de relais forme bâton de dynamite s’arrêtant parfois de lui-même pour voir si l’auditeur suit la cadence (quelques riffs trop communs dans leur frontal à la manière de « Burnout »), rien à redire et tout à vivre sur ce longue-durée car, comme on le sait, si l’originalité n’est pas de mise ici, c’est bien parce que l’envie d’une existence plus intense qu’il dépeint est celle qui nous anime tous à un moment ou un autre.
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