Deuxième split sorti par les productions Throatruiner, qui décidemment cherchent à faire la nique au cinéma Deathwishien puisqu’après le remake de « La Haine » avec les acteurs de Clinging To The Trees Of A Forest Fire et Nesseria, les revoilà avec un blockbuster liant hardcore ricain (Bone Dance et Divider) et français (Plebeian Grandstand). Un chouette polar sanguinolent en perspective où chacun a accordé ses violons, proposant à leur tour un morceau expéditif puis à tendance atmosphérique avec comme dénominateur commun un goût pour le maquillage crasseux typique du hardcore moderne, ainsi qu’une envie de déblayer les rues de leurs ordures manu militari rappelant qu’un bon disque du genre est un bon hommage à « Dirty Harry ».
En guise de personnage principal, l’inspecteur Bone Dance que ses collègues aiment nommer le
Snakecharmer suite à une descente en 2010 où les dealers les plus endurcis ont été mis bas en trois gnons. Marqué par son expédition à Gaza et le démantèlement de la triade Cursed, l’amateur de justice expéditive perpétue ici sa méthode sludge/hardcore bordélique en Kill Everyone Now Mode, à l’image de « Conniver » et ses low-kick renforcés par une voix dictant tes droits d’une façon laissant penser que tu peux les oublier. Un flingueur vicieux ne cherchant pas à appliquer les procédures car même lorsqu’il semble se poser sur un « West » plus étalé, c’est pour mieux te prendre par derrière et te mettre les menottes aux mains ! Une première place méritée pour un prédateur qui aura toujours une balle pour toi dans son chargeur.
Autant dire qu’après une telle entrée en matière, Divider a des allures de sidekick. Malgré des faits d’armes le montrant expérimenté (deux EP à son actif) et une envie d’éteindre le crime à grand renfort de riffs nerveux et répétés, son traditionalisme né de Vision Of Disorder peine à coller à ses ambitions The Carrier-iste, l'hésitation entre la redondance brute et la mélodie rendant l’ensemble légèrement bancal. Cependant, avec l’embauche récente du chanteur de Skycamefalling, le bluff façon bon/mauvais flic marche le temps des deux titres, l’engueulade de l’un rattrapant la relative gentillesse de l’autre notamment sur un « Gaïa » aimant se la jouer tendu en salle d’interrogatoire.
Mais ce duo d’enquêteur serait aussi palpitant à suivre qu’un agent de circulation en heure creuse s’il n’y avait pas un serial-killer à pourchasser : c’est là que débarque Plebeian Grandstand. Fort de ses premiers meurtres compilés dans le dossier
How Hate Is Hard To Define, le psychopathe nous revient plus sûr de lui sur un « Woe Is Me » reprenant ce mix hardcore über raw coupé au black metal dissonant avec une intensité supérieure aux débuts (oui oui, c’est possible). T’as beau avoir été prévenu, le groupe arrive à te poser un coussin sur les voies respiratoires, surtout quand il se permet de tarauder à la fois Neurosis et Converge circa
You Fail Me sur l’oppressant « Woe Is You » donnant une fin tragique à un film dont il ressort comme l’élément fascinant le spectateur contre son gré au point d’en souhaiter une suite rapide, même en Direct to DVD.
Deux héros (Bone Dance et Plebeian Grandstand) et un second rôle qui fait plus que boucher les trous (Divider), voilà de quoi rendre ce
Three-Way Split intéressant pour ceux cherchant à voir ce que le hardcore peut encore engendrer de formations à suivre, les trois présentées ici ayant déjà offert du frisson en pagaille malgré leur statut de (quasi)débutantes. Il n’est peut-être pas le thriller de l’année mais s’avère bourré d’action sans chichis qui, mine de rien, fait se demander avec un sourire satisfait « Rappelle-moi, à quoi ça sert les sommations ? » !
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