Blacklodge - >SolarKult<
Chronique
Blacklodge >SolarKult<
(Second Level Of Initiation : Chamber Of Illumination)
Après « Login : SataN », poursuivons la discographie des Français avec "SolarKult", soit pour beaucoup l'album avec un grand "A" de Blacklodge. Aussi psychotrope qu'un buvard, aussi chimique qu'un Red Bull, aussi possédé que le malin en personne et aussi sombre et froid qu'une friche industrielle désaffectée. Pour faire simple, on pourrait tout simplement se la jouer équation en sortant une formule du genre : (Dr + Ch + Indus + Stn)². Oui, Blacklodge a développé son monde déjà esquissé dans « Login : SataN », un monde qui peut nous accompagner aussi bien lors de la file d'attente au Mac Drive -c'est chimique et c'est bon, comme Blacklodge...- ou quand on marche le matin dans la ville brumeuse avec la tête en vrac, ou encore lors d'une fin de soirée déjantée en guise de descente finale avant de retrouver sa petite couette adorée. Le secret du groupe c'est qu'il s'implante, il s'adapte à toutes les situations en vous poussant à métaphoriser intérieurement ce qui vous entoure, mais il garde sa puissance fédératrice et peu de groupes arrivent à concilier aussi bien ces deux aspects. Et en plus, la formation se paye aussi le luxe de nous rendre bien accroc à sa musique, au point qu'on est dans l'éventualité -voire dans l'obligation- de se repasser l'album au moins une fois par jour.
Rien à redire la recette marche et l'opus commence directement très fort avec cette petite introduction ultra-sonique, puis l’enchaînement magique "Mission", "Iron Icon", "PsychoActive SataN" a.k.a la sensation de faire l'Airmaxx sous cocaïne ( Attention ! Les chroniqueurs de Thrashocore sont des athlètes professionnels sur-entraînés, n'essayez pas de reproduire ces gestes chez vous, ni à l'école, ni avec votre petite sœur, ni avec votre grand-mère...) et donc de se prendre une baffe dans la gueule assez incommensurable. Les bases de travail se sont visiblement affinées depuis le premier disque, rendant le tout plus aérien, plus mental et incroyablement plus lumineux tout en restant fondamentalement pernicieux.
L'intensité est bien évidemment au rendez-vous, car si la claque magistrale du départ se pose un peu par la suite au profit de titres misant sur l'installation de l'ambiance, "SolarKult" reste un monument envoyant émotions sur émotions. "Drugz Mysticism", "Martyr Complex" ou le final "Templars", sont -en terme de mysticisme industriel- des moments qu'il paraît difficile de rayer de sa mémoire. La production en béton-armé, aidant bien sûr à rentrer au mieux dans le disque. La vilaine se pare même de subtilités et incorpore des éléments nouveaux pour le groupe, tels une batterie organique. Finalement, les grenoblois ont fait le bon choix en allant enregistrer l'opus aux "Necromorbus Studios", référence bien connue des amateurs de Black les plus pointus d'entre vous. Les guitares sont acérés, la boîte à rythme démontre toute sa puissance, et le basse offre une sonorité métallique. La boîte à rythme se révèle d'ailleurs bien recherchée au niveaux des rythmes, qui sont férocement étudiés pour coller au millimètre avec les parties de guitares. La encore, on remarquera le progrès et le quota de finesse rythmique bien plus élevé que sur les anciennes productions du groupe. De même, les synthétiseurs ou autres effets de sampling apportent forcément un point positif non négligeable qui fait vibrer le fan de Black Industriel, mais qui se révèle aussi porteur d'une énergie un d'un feeling spécifique au genre. Une sorte d'arme de séduction massive bien cachée (comme en Irak ou comme la fiole magique dans « Le Parfum ») réellement désignée pour séduire le cœur à prendre de l'auditeur non-averti qui passe par là.
On est pris au piège et on se retrouve un peu perdu dans cette masse musicale très dense, futuriste et véritablement impressionnante. Il suffit de fermer les yeux, de se laisser aller et vous verrez bien vite par vous même que l’expérience se révélera riche et unique. D'ailleurs, le groupe lui-même a conseillé lui-même l'écoute de ce disque sous acides. A vous de voir, bande de petits canaillous, vous êtes assez grands pour ça... Il est également bon de noter que la prestation vocale de Saint-Vincent est vraiment bluffante, on sent bien que l'homme vit ce qu'il dit tant la variété des registres est forte. Entre ces cris, ces chuchotements et ces hurlements à moitié chantés, on ne peut que saluer l'effort pour offrir un peu d'humanité bafouée et mal à l'aise dans cet opaque brouillard industriel (cf : « Prequel To The Kult », sûrement le titre le plus touchant du disque...). Et nous, pauvres auditeurs -j'aurais presque envie de dire spectateurs, tellement « SolarKult » m'apparaît comme un disque également très visuel stimulant sans conteste l'imagination-, on ne peut vraiment pas rester insensibles devant cette kilo-tonne de conviction(s).
L'artwork est aussi bien pensé. Non seulement il offre toutes les paroles, ce qui est au demeurant très agréable mais en plus l'univers graphique choisi est tellement réussi qu'on pourrait difficilement faire plus Industriel et froid. J'y vois personnellement une référence au "With No Human Intervention" d'Aborym, mais bon, peut-être que j'extrapole (et j'y vois aussi une référence aux haut-fourneaux de Florange... N'en déplaise au gouvernement, mais c'est géographique pour moi, j'y peux rien).
"SolarKult" est définitivement un album aussi addictif que les substances qu'il décrit. Un disque absolument indispensable si vous êtes désireux de vous construire une petite médiathèque de Black Industriel. En tout cas, des disques de ce calibre, j'en voudrais bien tous les jours.
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