Ne nous mentons pas, ce troisième et dernier chapitre de la discographie de Blacklodge sur Thrashocore est de loin le plus compliqué en terme de chronique mais aussi de musique.
« T/ME » (prononcez tout simplement « Taïme ») est un disque excessivement dur à appréhender. Par ailleurs -et à l'inverse de tous les autres opus du groupe- il se révèle être bien plus expérimental, posé et ambiancé ce qui a pour effet de laisser un peu l'auditeur le découvrant dans le flou. On pourrait tout simplement dire que ce troisième niveau d'initiation est plus « mou », mais ce serait juger un peu vite.
Pour tout vous dire, « T/ME » a longtemps été mon préféré. Déjà parce qu'il est lié à une pléiade d'événements marquants mais aussi parce que c'est le Blacklodge le moins agressif et par conséquent, celui que je passe volontiers à des amis lors de soirées plus ou moins enfumées. Pour ceux qui l'ignoreraient, cette troisième pierre apportée à l'édifice se veut couplée en tant que split album avec le « Time is the sulphur in the vein of the Saint » d'Abigor. En plus de ça, « T/ME » offre aussi une kyrielle d'adaptations. Ainsi, le premier titre « Lambda » se révèle être une adaptation de Nick Cave. De même « Sulphuric Acedia » fait quant à lui la part belle à Jean Sébastien Bach et sa « Fantaisie en Sol Mineur [BWV 542] »... Tout ça sans compter les samplings référencés ou autres participants aux paroles, à la musique etc...
« T/ME » est donc l'album collaboratif de Blacklodge, puisque de mémoire, jamais un de leurs disques n'aura connu autant de guests. En tout logique, vous vous dites que ça va forcément s'entendre un peu dans le disque et vous aurez totalement raison... Mais d'abord un petit mot sur l'artwork qui n'est à mon avis pas leur meilleur mais qui doit avoir pour but de rallier ce disque à sa partie jumelle d'Abigor. On a donc un ange statufié qui ère dans un couloir industriel (qui me rappelle le jeu vidéo Forsaken, ou la fin de Lylat Wars... Ouais, j'ai la Nintendo 64...). Il est bon de noter que le livret est assez riche car il comprend les paroles, les crédits et quelques illustrations distordues assez sympathiques. Bref, le trio à fait mieux, mais on va dire que ça passe largement au dessus de la barre du mauvais goût.
La chambre de la chute offre déjà une production moins clinquante que les autres disques. Coulée, fondue et étouffée, voilà les qualificatifs qui me semblent prédominants dans cette approche sonore, toujours assurée par Tore Stjerna du Necromorbus Studio. Si
« SolarKult » prenait le parti de nous offrir quelque chose de totalement clair, puissant et aiguisé, ici nous sommes dans une dimension proche des abysses. « T/ME » sonne comme un cri venant d'en bas, d'un endroit clos et souterrain. Ce son au final assez particulier privilégie finalement une certaine ambiance dans laquelle il n'est pas évident de rentrer (pour ne pas dire qu'on galère comme des bœufs, une écoute au casque est d'ailleurs fortement conseillée pour appréhender les subtilités de l’œuvre). Malgré tout ça, le disque s'adapte particulièrement bien à une pièce éclairée de rouge où les formes de la fumée de cigarette dessinent des courbes élégantes (si un gars qui a déjà fait une soirée/after chez moi passe par cette chronique, il va certainement bien se marrer...).
Parmi les cinq titres de ce disque, deux catégories se forment. Premièrement « Vector G » et « SaturN » qui sont deux titres où les racines du groupe se montrent clairement. En bref, vous retrouverez de la basse lourde et rapide, des guitares plutôt Black et des parties de chant typiques du désormais fameux Saint-Vincent. Pour les trois autres titres, la donne change puisqu'ils misent clairement tout sur l'ambiance. Dans ce petit jeu, le meilleur est certainement « ...Stupefying », dernier titre de presque neuf minutes qui développe une ambiance « chuchotante » particulièrement délicate avec l'aide de mélodiques reposantes et incitant à la réflexion. Toujours dans cette optique, on notera que Saint-Vincent chante de manière différente sur ces titres et que les deux autres musiciens jouent avec des techniques musicales bien plus éloignées du Black Metal en se détachant par exemple des trémolos de guitares traditionnels. En clair, je perçois ce type de titres comme un souffle plutôt obscur, la faute peut-être au rendu lointain du son.
Vous l'aurez sans doute compris, « T/ME » est le disque le plus étrange de groupe. Très complexe d'accès, il recèle néanmoins de passages chargés en émotion(s). Malgré sa bien trop courte durée qui semble laisser pas mal d'amateurs du groupe sur leur faim, il reste un bon disque que l'on a plaisir à se repasser. En bref, c'est un peu un Blacklodge qui ne sonne pas tellement comme un Blacklodge, mais plutôt comme une prise de risque ou encore une envie de changement. Mais si « T/ME » forme une sorte de digression dans le parcours des Français, il n'est pourtant pas incohérent et s'intègre bien dans le reste de la discographie, sûrement grâce à ses nombreuses qualités de composition, production et interprétation.
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