Aborym - Generator
Chronique
Aborym Generator
Il s'en est passé des choses pour Aborym pendant ces trois années qui séparent With No Human Intervention de ce nouvel opus, Generator. Changement de label, les Italiens ont quitté Code666 pour Season of Mist ; Attila Csihar, en vu de sa réintégration de Mayhem, n'a plus le temps de pousser la chansonnette dans Aborym, laissant ainsi la place à un Norvégien, Prime Evil, membre de Mysticum. Et, last but not least, le remplacement de la boîte à rythme par une autre machine, Bard G. Eithun“Faust”, ancien batteur de Emperor, de Thorns, et actuel batteur de Scum. En vu de tous ces changements, il est légitime de se demander ce que peut valoir un album né après tant de chamboulement. Et bien, un peu comme l'effet du temps sur le vin, le remue-ménage sied au groupe à merveille.
La pochette nous met directement dans l'ambiance : un personnage colossal, des couleurs mornes, une armée gigantesque, tout ceci n'inspirant qu'une chose, la déshumanisation. Et c'est exactement là où veut en venir le groupe à travers leur musique et leurs paroles (comment je le sais ? Je suis devin, ou alors je me renseigne). Et, comble du bonheur, c'est justement ce qu'Aborym a réussi à retranscrire avec Generator. Après l'introduction Armageddon plus ou moins angoissante, les hostilités s'ouvrent avec Disgust and Rage (Sic Transit Gloria Mundi). Quand j'utilise le mot « hostilité », dîtes vous que ce n'est qu'un euphémisme : c'est un véritable coup de poing que l'on se prend. Non pas que ce soit du bourrinage gratuit (attention ami lecteur, ceci n'est pas du brutal death), mais au contraire, c'est de la violence presque « raffinée » oserais-je dire. Tout est pesé, calculé, mesuré et contrôlé ; le clavier, la batterie et la voix particulière se mélangent pour former une ambiance du feu de Dieu. Et les choeurs n'arrangent rien, donnant l'impression d'écouter la musique du Jugement Dernier. Imaginez-vous un instant que le spectacle de la pochette se déroule devant vous : une troupe infernale déferlant vers quelque chose, le colosse produisant un bruit assourdissant, le tout dans une ville à l'ambiance post-apocalyptique. Et bien ce que vous pourriez entendre à ce moment là, c'est Aborym.
Mais le groupe ne sait pas uniquement créer une musique ultra violente, il sait également jouer sur les ambiances, notamment à l'aide du clavier, qui ici ne possède pas un rôle anecdotique. Nappes atmosphériques sur la majorité de l'album, rappelant fortement Emperor ; samples de respiration sur l'énorme et organique Generator, de sirènes sur Suffer Catalyst, et plus généralement mécaniques pour offrir ce côté désincarné à l'album ; beats techno comme sur l'effroyable break de Between the Devil and the Deep Blue Sea, et autres éléments électro. Le clavier est réellement l'élément « fort » d'Aborym, car utilisé de manière original, accentuant la violence initiale des compositions. Comme je l'ai déjà plus ou moins dit, le but du groupe est de nous montrer l'omniprésence de la violence parmi une humanité qui se gangrène ; il n'y a qu'à écouter des titres comme Generator, Disgust and Rage, Ruiurama Kolossal SQPR (et j'en passe), pour se rendre compte à quel point le groupe a réussi à retranscrire cette idée de monde en perdition, à l'instar d'un groupe comme Anaal Nathrakh. Et même lorsqu'Aborym ne fait pas dans la violence ultime, dans un morceau comme A Dog-Eat-Dog World ou Suffer Catalyst, on ressent une sournoiserie certaine, celle de réussir à recréer la même répulsion face à l'humanité que dans les morceaux d' « ultraviolence ».
La production joue également pour beaucoup sur Generator, car limpide et massive ; lors de l'écoute, c'est comme si l'on passait sous l'armée de la pochette (je parie qu'à force de vous en parler, vous allez en rêver). L'arrivée de Faust à la batterie n'enlève heureusement rien au côté mécanique de l'album ; cependant, le groupe a perdu une grosse partie de son côté cyber et industriel par rapport à With No Human Intervention, les beats techno étant beaucoup moins utilisés. Néanmoins, Generator reste une grosse tuerie électronique, comme l'atteste le morceau Man Bites God, dont la violence extraordinaire couplée à la voix d'Attila faisant une ultime apparition et entrecoupée de passages calmes, donnent une impression de chaos et de destruction sans précédent : puissance et classe.
AVE ABORYM, MORITURI TE SALUTANT.
| Krow 15 Avril 2006 - 2894 lectures |
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