Quatre longues années que l'usine de la peur Italo-norvégienne n'avait pas sévi, son géniteur Malfeitor Fabban préférant se consacrer à son nouveau groupe de black metal portant son pseudonyme, Malfeitor (formé après la sortie de
Generator). Digne successeur de Mysticum et ainsi considéré comme l'une des références du black metal industriel (à la discographie sans faille), chaque nouvel album d'Aborym reste un événement en soit. Durant ce silence radio, le groupe aura d'ailleurs bien changé. Le guitariste Nysrok Infernalien Sathanas (présent depuis leur premier album
Kali Yuga Bizarre) a été remplacé par Hell:I0:Kabbalus (Malfeitor et depuis peu, nouveau grogneur d'Hour Of Penance), quant au fameux Prime Evil (Mysticum) il laisse sa place à Malfeitor pour le chant. Le mythique Faust répond lui, une nouvelle fois à l'appel dans le martyr de fûts. Pour donner suite à leur quatrième album
Generator, Aborym voit grand. Accompagnée de nombreux invités (chant, guitare, basse, saxophone et électroniques), la bande va proposer un unique titre (divisé en 10 parties) derrière le concept d'un interne d'hôpital psychiatrique racontant ses délires… Bienvenue dans l'établissement
Psychogrotesque.
Je ne vous cacherai mon excitation une fois le disque mis en platine malgré cet artwork infâme, Aborym étant devenu l'un de mes groupes favoris (
With No Human Intervention figure parmi mes albums de chevet). L'attente fut éprouvante… Une longue absence qui aura permis à Malfeitor Fabban, pilier d'Aborym, de peaufiner son nouveau bébé.
Psychogrotesque est certainement l'album le plus riche de la discographie : 52 minutes de musique léchée des plus glaciales, inquiétantes et dérangeantes (adjectifs qui leur collent à la peau depuis leurs prémices). Mais au-delà de ce travail herculéen de composition, Aborym arrive à se renouveler à chaque nouvel album. La bande va oser ici des morceaux encore plus barrés, à la limite presque d'un Pan-Thy-Monium dans la structure tordue des compositions (en dents de scie) et l'introduction de passages incongrus (le côté « jazzy » au saxophone de « VI »). Une mise en bouche faite dès les premières minutes de la galette (le riff d'intro joué aux doigts de pied sur « II »). Pour les connaisseurs, impossible de ne pas comparer
Psychogrotesque au
Death's Design de Diabolical Masquerade (une seule piste pour un voyage noir délirant). Pourtant Aborym garde sa dominante « directe » accentuée depuis
With No Human Intervention : des passages burnées aux riffs épais et à la rythmique soutenue couplée à la B.A.R (« III » et « VII ») ou ces quelques mélodies entêtantes (« X ») fondus dans ce capharnaüm musical.
Mais ce qui intéressera tout particulièrement les disciples, c'est bien le retour ou non des « trips » électro quasi absents sur le précédent opus
Generator (boudé par bon nombre à cause de cela). Et la réponse est "oui". A l'instar de
With No Human Intervention, ils seront le soutien à la musique « organique ». Les nappes de claviers, samples et effets en tout genre (marteau piqueur, pleurs de bébé, boîte musicale, bruits de mouche, speechs divers, le splendide morceau classique de fin de « VI »…) sont difficilement énumérables, éparpillés sur les titres ou interludes (l'introduction plaçant l'auditeur en plein cœur de l'asile ou l'ambient « IX » tiré d'un The Axis Of Perdition) pour créer une atmosphère cauchemardesque. Malgré tout, comme à son habitude, Aborym veut parfois trop en faire... Certains passages « ambient » ou électro (transe) étant un peu trop poussifs et relativement longuets. Le passage en italien de 5 minutes « IV » (tiré des « Chants de Maldoror ») ou la « Dance Machine » « VIII » semblaient dispensables…
Les hurlements (et chœurs) de Malfeitor Fabban ne devraient pas surprendre les connaisseurs puisque le bonhomme posait ses lignes vocales dès
Kali Yuga Bizarre. L'Italien reste dans le timbre écorché, modulé et surtout dérangé d'Attila Csihar et cela sans presque aucun artifice électronique sur ses vocaux (Prime Evil en abusait). On est effectivement loin de la folie inhumaine d'Attila (« le » chanteur d'Aborym) et de la puissance de Prime Evil, mais le résultat final saura faire son effet (le début de « VII » à vous donner la chaire de poule).
Oter ces quelques nouvelles expérimentations et vous vous rendrez compte d'une musique redoutablement bien ficelée mais sans la fraîcheur des précédents brûlots. Beaucoup trop de passages se placeraient sans nul doute sur l'un des précédents albums d'Aborym ou paraissent inégaux par rapport au reste. Peu de moments fort se dégagent et l'on peine à retrouver les tubes de leur discographie. De plus, on sent que Malfeitor aurait pu pondre une musique encore plus noire et dérangeante (je m'écoute actuellement du The Axis Of Perdition, une autre référence). Quatre ans d'attente donc pour un résultat plutôt mitigé : je reste clairement sur ma faim…
Aborym réussit son pari d'album « concept », l'heure musicale passera sans encombre pour un voyage frissonnant dans leur asile imaginaire.
Psychogrotesque a été conçu avec une extrême minutie et un nombre d'écoutes plus que conséquent sera nécessaire pour arriver à cerner cette œuvre chimérique complexe. Malgré ce travail impressionnant, la musique d'Aborym semble moins surprenante et efficace que dans le passé. L'impression d'un potentiel pas entièrement exploité se fera sentir une fois les 52 minutes écoulées. Une exigence qu'Aborym a su développer à chaque nouvelle offrande… Un album majeur en cette année morose certes, mais en deçà de ce qu'a pu offrir les Italiens.
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