On dira ce qu'on veut après l'écoute de ce « Dirty Remix » : c'était couillu. Être un groupe de Black Metal et sortir un disque de remixes électroniques, non sans déconner, le pari était tentant. Si, comme moi, les musiques électroniques ne vous laissent pas indifférent, vous avez du vous sentir très aguichés par ce projet au combien prometteur sur le papier. Un setlist axée sur les dernières chansons du groupe qui proposait un potentiel « on fait péter le caisson jusqu'au plafond » des plus jouissif. Cependant, pour qui aura vu Aborym en live, ce choix semblait prévisible tellement le groupe misait sur les sonorités quasiment dancefloor pour remuer les pits. Et si l'expérience se révélait ravissante – sans toutefois faire l'unanimité - en concert, la déception est hélas toute autre sur disque...
« A.T.W.A » pourtant, ne part pas si mal. L'ouverture des sets du groupe se tient à distance entre une simili Dubstep/Brostep rythmique et des réminiscences du vieux Prodigy, notamment par ces claviers qu'on croirait directement sortis des premiers monstres du fameux trio anglais. Bon, c'est pas terrible et on loin de Skream mais à ce moment j'y crois encore un peu. Cependant, un doute m'assaille... Hommage ou retard phénoménal dans les sonorités ? Le doute est permis et il se verra confirmé durant les prochains titres : Aborym est à la masse. « Does Not Compute », véritable classique du groupe présent sur
« With No Human Intervention » se voit ici remodelé dans une version pseudo-Aphex-Twin qui en terme de puissance et d'originalité du son ne provoque même pas une vibration dans les baffles. Fabban a donc pris l'instrumentale originale et a taillé dedans un peu au pif vu le résultat... Et vas-y que je coupe par là et que je colle par-ci. Mesdames et messieurs, attention car la formation italienne invente l'électro « Ctrl + V », chapeau bas, monsieur l'artiste... Et ce n'est pas les quelques nappes de clavier qui sauveront l'ambiance décidément bien bâclée de ce titre qui pourtant proposait une base plus que correcte...
Le reste du disque est formé de remixes de titres de
« Dirty » fait par des fans lors d'un concours. On est en droit d'avoir très peur et putain, on ne sait même pas que ça sera encore pire. C'est la débandade totale puisque tous les titres se vautrent dans un espèce d'EBM qui ferait le bonheur de n'importe quel bar de province pendant sa soirée Eurodance. L'incroyable remix de
« Dirty » par exemple que l'on croirait sorti d'une compilation de Makina (si si, la Makina vous vous rappelez ? Avec les voitures peintes en bleu et les samples en espagnol, tout ça...) faisant la part belle aux claviers mélodiques de formations aussi talentueuses que Cascada ou Basshunter. Non, vous ne rêvez pas... Et si la première écoute provoque convulsions, euphorie nerveuse et liquéfaction des tympans, je peux vous jurer que de ma vie, j'ai rarement entendu un tel carnage musical qui fait passer les Spice Girls pour des filles en or avec des productions qui ont des couilles. Même un dessin animé ne voudrait pas de ce titre pour en faire un générique. Pour le thème du héros non plus. Pour le thème du héros quand il mange non plus d'ailleurs. Non, pour aucun thème.
« Helter-Skelter Youth » est le titre le plus gâté puisque qu'il dispose de trois remixes. Parmi lesquels deux affreuses décharges de Dance Gothique absolument insupportables et un remix Thrash qui fait la part belle aux guitares incomparablement mal composées et à la boîte à rythme de Fruity Loops. Mais la palme de la plus belle blague revient inexorablement à « I don't know » puisque le charlot derrière cet insondable étron s'est contenté de rajouter une ligne de clavier et quelques notes en clair pendant le solo. Alors certes la chanson n'est pas trop mal mais c'est à peu de chose près celle qui est sur l'album donc de là à appeler ça un remix, il faudrait veiller à ne pas trop se foutre de notre gueule... Au moins, celui qui a utilisé la boîte à rythme de Fruity Loops a fait un peu plus que coller des parties via Audacity. Cette kyrielle de scandales musicaux est donc un véritable Waterloo artistique à elle toute seule. Il y a de quoi provoquer le suicide par culpabilité indirecte de Robert Moog, Kraftwerk et Giorgio Moroder en même temps.
Sur ce disque, Aborym a le son des nineties sans pour autant avoir la qualité de composition qui lui permettrait de rendre le tout délicieusement rétro. Non, là c'est juste ringard. La fête foraine fait mieux. Et nettement, parce qu'au moins, à la fête foraine la musique met l'ambiance ce qu'à coup sûr cet opus n'arriverait jamais à faire. On a l'impression que le groupe fait de l'électronique pour en faire et la nullité de cet opus confirme aisément son manque de fond. On passera donc sur la production qui est un véritable carnage puisqu'elle manque de tout. Pas de basse, pas de diversité dans le son. C'est bien simple, on aurait eu les Anges de La Téléréalité derrière les manettes que le tout aurait eu plus de sauce. D’ailleurs, on a envie de rigoler sur le dernier titre du disque qui propose un espèce de Drum'n'Bass ambiant a mourir de rire. Pour vous imaginer la chose rien du plus simple : il suffit de mélanger la boîte à rythme de Pendulum et d'y ajouter un faux-semblant d'ambiances et de samples parlés à la High Tone ainsi qu'un poil de samples de Fabban qui crie comme un idiot. Ah oui, évidemment, il faut enlever au préalable tout ce qu'il y a d'intéressant dans les groupes cités...
M'est avis que la communauté devrait payer un stage à Fabban et a ses petits copains de la techno (ah oui, parce qu'à ce niveau là, c'est de la Techno quoi, dans le sens le plus naze et connoté du terme...). Un stage chez n'importe qui, même chez Skrillex qui lui sait au moins envoyer un minimum syndical de purée quand il faut. Ne cherchez pas plus loin, il n'y a rien à sauver dans ce melting-pot paumé quelque part en Indus en bois et EBM de kermesse. Et Dieu que ça me fait mal de descendre en règle un groupe qui m'a tant émerveillé sur mes classiques que sont
« With No Human Intervention »,
« Kali-Yuga Bizarre » ou même
« Psychogrotesque » mais là, c'est franchement impossible de cautionner une telle bouse. Comment une idée plutôt intéressante peut -elle être bousillée de la sorte ? Alors qu'ils auraient pu s'inspirer de Mondkopf, ou de Fausten... Je n'en sais rien mais ce « Dirty Remix » est à coup sûr une des pires productions musicales qu'il m'ait été donné d'entendre... Quand on voit que le disque est vendu dans un coffret avec en cadeau trois clous rouillés du dix-neuvième siècle, on se dit que ses pauvres clous auraient mérités une bien meilleure fin de vie. Paix à leurs âmes.
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