Aborym - Kali Yuga Bizarre
Chronique
Aborym Kali Yuga Bizarre
Crée en 1992 par Malfeitor Fabban, Aborym (« abhor him ») ne se résumait à cette époque qu'à une bande de jeunes effrontés s'amusant à reprendre des titres de Celtic Frost, Mayhem ou Darkthrone. Un an plus tard, le groupe sort une démo puis se sépare brutalement. Il faudra attendre l'année 1997 pour que Malfeitor Fabban (basse) et Seth Teitan (guitare) retrouvent leur volonté démoniaque et reforment le groupe italien, appuyés de Nysrok à la deuxième guitare ainsi que d'un certain Yorga SM au chant. Aborym signera alors un contrat de deux albums chez Scarlet Records puis s'attèlera à remodeler ses anciennes compositions et à en créer de nouvelles :
Kali Yuga Bizarre (« Kali Yuga » ou l'âge du vice pour les hindous) était né.
Premier album et premières marques de fabrique pour Aborym : les bases et l'univers de leur black metal sont déjà posés. Contrairement aux opus suivants, les Italiens privilégient avec
Kali Yuga Bizarre une musique plutôt « accessible », entendre par là « mélodique » et sans boîte à rythmes cybernétique overclockée (sauf le titre bonus). Pas de black mélo mielleux mais un metal accrocheur hybride marié à l'électronique et aux trips psychédéliques sous acides (je vous invite à lire les paroles). Les connaisseurs retrouveront ces sons électro délogés de la tête d'un psychopathe, ces nappes de claviers enchanteresses, ces leads entêtants (« Roma Divina Urbs ») ou encore ces passages pour secouer la crinière. Véritable perfectionniste, chaque compo d'Aborym sent bon la finition (arrangements et breaks indénombrables éparpillés) et se laisse déguster à petit feu. Certains aspects sont d'ailleurs plantés avec
Kali Yuga Bizarre, que ce soient ces moments épiques (« Darka Mysteria » ou « Roma Divina Urbs » et son intro tout droit sorti d'un « Conan le barbare ») ou ces titres carrément ambient (plus marqués dans le futur).
Au nombre de deux, ces titres instrumentaux inquiétants se placent inéluctablement dans le panthéon de leur discographie et assurément dans le black metal indus lui-même. Le titre « Hellraiser » et « First Four Trumpets » (avec la mélodie au clavier à vous hanter pendant des décennies) reflètent à eux-seul l'esprit dérangé des membres (certainement sous substances illicites : « Join us and commit suicide! » sur « Metal Striken Terror Action »). Peut-être le fait qu'Attila Csihar (Mayhem), invité de renom et aidé de Malfeitor et Yorga, pose ses cris inhumains ou sa voix de possédé (anglais, latin et italien au menu) à en faire frémir n'importe quel mortel. Dommage que la bande n'ait pas plus développé cette composante « noire » (chose faite sur
Fire Walk With Us!) au profit de ce black metal (trop) éclectique sans ligne directrice : l'album « culte » aurait atteint ce
Kali Yuga Bizarre. Néanmoins le niveau de composition et l'émotion dégagée sont tels (surtout pour un premier essai) qu'on ne peut saluer l'immense talent des musiciens.
Kali Yuga Bizarre ressemble plus à un pot pourri et à un ovni dans leur discographie qu'autre chose mais qu'importe, avec ce tout premier album Aborym s'impose comme l'une des révélations black metal du nouveau millénaire. Les bases sont d'ores et déjà installées et n'attendent plus qu'à être développées par la suite (où « black metal industriel » prend toute son ampleur), chose exécutée avec
Fire Walk With Us!.
| Mitch 3 Novembre 2007 - 2902 lectures |
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