Voilà un retour attendu par beaucoup d'entre-vous. Dodheimsgard, auteur de deux très bons disques de True-Black, d'un
« 666 International » absolument superbe et d'un
« Supervillain Outcast » d'un niveau plus que correct (mais qui a une note de merde ici, alors qu'il ne la mérite vraiment pas) revient en 2015 avec un cinquième album longue durée, intitulé « A Umbra Omega ». Le premier extrait n'était franchement pas terrible et après l'accident industriel qu'a été le « Planet Satan » de Mysticum, revoir le Black Industriel norvégien pointer le bout de son nez via Peaceville n'était pas forcément de très bonne augure. Rassurez-vous, le DHG nouveau s'apprécie même s'il n'est franchement pas simple à aborder. Vous allez me dire que j'enfonce des portes ouvertes puisque rien n'est jamais simple avec nos cinq musiciens mais quand même, le petit dernier est encore plus étrange à appréhender que ses frères.
Six titres donc, dont cinq dépassant les dix minutes, le tout couronné par une pochette franchement agréable à l’œil et réalisée avec un bon goût qui se perd dans le Black Metal. Ambitieux, « A Umbra Omega » l'est, rien que par sa longueur franchement terrifiante au premier abord. Après une (trop?) courte introduction, « Aphelion Void » déboule toutes dents dehors et nous gratifie d'une très belle kyrielle de passages inventifs et bien ficelés. S'il m'avait très peu enthousiasmé lors de sa révélation au public, j'avoue que que cette entame a su se refaire une santé, notamment grâce à plusieurs écoutes, quelques détails finauds et surtout son insertion en tant que pièce d'un tout. Au registre des détails, le premier qui saute aux yeux est bien entendu le style inimitable des norvégiens dans les riffs Black qu'il est toujours bon de retrouver, mais ce n'est pas tout... A partir de la septième minute, l'ambiance change et devient vraiment prenante avec des guitares en Delay et une basse électronique surprenante, fraîche et bienvenue. Et ce n'est pas fini puisque le titre enchaîne avec une aura progressive des plus réussies, faisant un peu penser dans la thématique et l'agencement au « Valyria » de Nokturnal Mortum, l'ambiance étant évidemment différente ici.
Le nouveau disque du quintet serait-il progressif ? Il y a effectivement de ça puisque le côté industriel/électronique, s'il est toujours présent par instants, semble avoir été mis de côté pour se focaliser sur une approche plus organique, plus groovy et presque jazzy, notamment sur quelques passages de « God Protocol Axiom ». Les mécaniques de Dodheimsgard s'étirent sur des formats plus longs pour livrer un album conçu sur la distance comme une longue pièce de Black Progressif 2.0. On retrouve bien évidemment une grande richesse d'arrangements, de production et d'instruments divers et variés (comme le piano qui effectue quelques retours remarqués). Une des autres grosses interrogations concernant ce nouveau disque était le retour d'Aldrahn au chant, alors quid de ce coming-back du bonhomme responsable des folles parties vocales de
« 666 International » ? S'il est un poil moins transcendant et que ses lignes rappellent plus le passé qu'elles ne nous envoient dans le futur, il reste plutôt convaincant. Là où D.H.G avait plutôt l'habitude de nous envoyer en avant dans le temps, cette dernière cuvée est tournée vers l'arrière, vers les souvenirs des géniteurs qui semblent avoir mis dans ces morceaux de nombreux fragments de leurs écoutes estampillés seventies.
Non, le petit défaut de ce Dodheimsgard cuvée 2015 serait plutôt sa densité. Le côté progressif s'il apporte un renouveau certain a le fâcheux inconvénient de paraître également un peu rébarbatif. Il faut s’accrocher pour arriver au bout du disque et avoir clairement envie d'enquiller de longues phases ou les riffs semblent un peu tourner en boucle. Même si c'est logique puisque ça va avec le concept de faire un morceau-disque fleuve, c'est tout de même le principal problème de « A Umbra Omega » : il manque de mélodies attrayantes et il faut se botter le cul plusieurs fois pour le remettre dans la chaîne et commencer à apprécier des fragments de l'album. De même, je trouve que la formation s'en tire nettement mieux sur les passages qui n'ont pas grand chose à voir avec le Black Metal pur et dur (par exemple, le passage vers deux minutes et demi sur « The Unlocking » avec la voix d'Aldrahn est bien plus marquant que les riffs BM qui débutent le morceau). Peut-être que le sempiternel riffing si cher à leurs sorties est un peu en train de perdre de sa superbe ? En tout cas, il a pour sûr perdu son effet de surprise.
Ne chipotons pas trop. Certes l'aspect labyrinthique – voire hermétique - poussé en freinera à coup sûr un grand nombre cependant « A Umbra Omega » reste un disque réussi qui fait oublier bien vite les échecs récents d'autres formations de Black Industriel. Chaînon manquant entre
« 666 International », Ved Buens Ende et un album de Sun-Ra, ce nouveau DHG s'inscrit comme un « 21st Century Schizoid Man » dans sa version Black Metal. S'il n'est pas le meilleur album des norvégiens, il reste néanmoins d'une qualité non-négociable, qui après plusieurs défrichages attentifs livrera à son auditoire de très bons moments de musique. En somme, un D.H.G. « moyen » est un très bon album qui surplombe largement la masse. Qu'on se le dise !
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