Dødheimsgard (DHG) - Supervillain Outcast
Chronique
Dødheimsgard (DHG) Supervillain Outcast
Il était une fois au sein du petit royaume du Black Metal un groupe prénommé Dødheimsgard. Malgré son nom barbare venu des contrées nordiques, ce groupe jouissait dans un passé fort lointain d'une réputation rayonnante en cette contrée retirée. En effet, au fil des âge, le combo avait su se métamorphoser aussi bien physiquement que musicalement, en changeant fréquemment de ménestrels et en donnant tantôt dans le True Black Metal atypique et original, tantôt dans l'indus futuriste et psychédélique, sans jamais y perdre en qualité, de sorte que nimporte quel metalleux en détresse pouvait se lancer à l' écoute de l'une de ses productions et en resortir tout émerveillé. Mais le temps passa, les chemins se séparèrent, et les hommes qui avaient mis tant de force et de passion à construire leur œuvre, alors que celle-ci se trouvait être au summum de son art , décidèrent de se retirer , sans que personne ne les revit plus jamais. On les disait mort ou partis dans une contrée très lointaine, sans que nul n'en ait la quelconque certitude. Et cela dura sept ans.
Eté 2006, la rumeur se répandit au royaume selon laquelle les dits brigants seraient revenus à la vie. La cour toute entière se trouvait alors aux aguêts, esperant que les rumeurs aient dit vrai, et guettant les moindres informations suceptibles de confirmer les dires. C'est alors que l'on vit un jour enfin apparaitre au loin sous un soleil éblouïssant le preux Vicotnik, chevauchant fièrement entouré de ses nouveaux compagnons, et prêt à reconquérir son trône, pour le meilleur, ou pour le pire...
... mais surtout pour le pire.
Cette chronique raconte comment DHG tomba dans la déchéance.
C'est en effet l'un des premiers termes qui me vient à l'esprit en écoutant cet album. Mais comment peut on se vautrer dans la facilité et la médiocrité après de si grands chef d'oeuvres ? Pourquoi tant de talent gâché ? C'était trop beau ; le parcours semblait trop parfait pour être vrai, il fallait qu'une tâche vienne noircir le tableau. Et bien oui, on peut dire que c'est chose faite avec ce supervillain album (pardon), qui fut l'objet d'un si grand désir que l'on peut peut être qu'abasoudi lors de la première écoute : « Quoi ?! Ils nous ont fait attendre si longtemps pour... ça ? » Malheureusement oui cher lecteur, ce que tu es en train d'écouter, c'est bel bien « ça », le DHG de 2007, qui a visiblement lu trop de comics (cf artwork) et qui a du certainement boire trop de Javel pour être en mesure de composer efficacement. Mais trêve de discussions,venons en au méfait en lui même et expliquons concrètement qu'est ce que ce « ça » ?
Pour saisir pleinement le problème, imaginez vous un groupe totalement à court d'idées pour composer son nouveau rejeton. Dans ce genre de situations catastrophiques, celui-ci peut toujours nécessairement reprendre le concept de son précédent album en se gardant de prendre trop de risques. Or chez DHG on s'attend à une évolution entre chaque sortie, ce qui réduit considérablement les possibilités de rempompage de ce genre. Imaginez vous alors que le combo en question, dans un élan de profond désespoir, décide de reprendre ,pour ajouter à sa musique originelle, du sous death/black metal de seconde zone dont même Zyklon ne voudrait pas (là vous êtes censés commencer à tirer la gueule) ! Rajoutez moi des samples et des influences cyber-metallistiques plus que douteuses par dessus le marché, et vous aurez avec ces premiers élements un aperçu de ce que à quoi ressemble la musique de DHG aujourd'hui ! (faîtes pas semblant, je sais que vous êtes dégoutés)
Grosse déception donc, surtout quand on se remémore ce dont le groupe était capable dans le passé. Pourtant, et c'est certainement ce qui rend l'écoute de « Supervillain Outcast » encore plus douloureuse, on sent bien que le petit avait du potentiel, comme à l'écoute de l'intro « Dushman » et de son petit air oriental mystérieux qui ne pouvait que nous donner l'eau à la bouche pour la suite de l'album, sentiment confirmé avec l'enchaînement sur «Vendetta Assassin ». Démarrage en gros Blast, on se dit : « ça y est c'est parti, je suis parti pour 14 morceaux à prendre mon pied ! ». Et en fait non. Le blast fini par s'arrêtter, un riff s'annonce, le chant commence, et c'est parti pour la désillusion totale.
Mais ne nous énervons pas trop vite, et examinons donc les points qui fachent : le chant tout d'abord, un chant hurlé horriblement irritant produit par le dénommé Kvosht, aux tonalités hardcoro-merdiques en totale rupture avec le chant excentrique de feu Aldrahn, et absolument sans éclat, donnant de quoi agacer dès la première écouté. Passé ce premier désagrément, on se rend compte aux bout de quelques minutes que l'ambiance générale de la musique de DHG a également perdue en magie et en charme. Oubliez tout ce qui faisait le grandiose, le baroque, la folie et la personnalité si unique de DHG, car cette fois-ci au menu, on aura le droit à des riffs répétitifs et sans ambitions, une batterie robotique trigguée chez Smoby, des interludes au chant acapella vaseux, des compositions ternes et linéaires, et un mixage nettoyé au décapant et cartonné, alors si avec ça on est pas gâtés les enfants, je ne peux plus rien faire pour vous !
En outre, bien que je semble détruire cet album de fond en comble, tout n'est pas si noir que ça, et l'on arrive quand même à trouver une petite lueur d'espoir de temps à autres, une bouffée d'air frais à l'intérieur de ce ramassis d'ordures ; la couleur verdâtre de la pochette décrivant tout à fait l'ambiance poisseuse régnant sur cet immonde marécage musical;
un sursaut d'igéniosité à l'image de la petite bombe qu'est « Ghostforce Soul Constrictor », du feeling rockisant de « Apocaliptyscism » ou de certains arpèges de « Foe X Foe », mais très vite gâchées par le reste de bien moindre qualité (pour ne pas dire totalement insipide) ou par une certaine attitude cynique, de la part du groupe, à l'image des pets que vous pouvez entendre couplets de « Foe X Foe », témoins de la nonchalance ambiante. Création avant-gardiste ? Délire à deux balles ? Difficile à dire... DHG se foutrait-il ouvertement de son travail ? Ou tout simplement des vieux cons comme moi ? Rien n'est moins sûr.
En vérité, le seul avantage de cet album, c'est qu'il rend plutôt bien en regardant «Teen Titans» le dimanche matin à la télévision. En guise de conclusion pour cette chronique, et plus particulièrement pour cette année, je n'aurais qu'une seule chose à dire : 2007, ou l'année de la blague en Norvège.
| ChoKos 3 Janvier 2008 - 3920 lectures |
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