Beaucoup n’y croyaient plus après un si long silence mais in fine, Diabolicum est de retour. Quatorze ans (!!!) que ses adorateurs attendaient une suite au magistral
The Dark Blood Rising mais aussi le réveil du black metal industriel de qualité « deluxe » après un
Aborym essoufflé ou la résurrection ratée de
Mysticum. Seul le maître d’orchestre Sasrof ainsi que le bassiste Gorgorium demeurent du précédent line-up (les autres membres étant partis se concentrer sur Aeon), rejoints par le célèbre Niklas Kvarforth (Shining) au chant en 2005 puis un dénommé Likstrand pour la guitare lead. Précédé du prompt split au côté de Watain
Hail Terror, le mort-né
Vengeance (enregistré il y a dix ans puis mis de côté) mute et laisse sa place au troisième opus
Ia Pazuzu (à l’artwork signé du sang de Maxime Taccardi), roi des divinités du vent et dirigeant les démons dans l’ancienne Mésopotamie (bien connu des aficionados du film l’Exorciste). Habitués aux invités de renom, nous retrouverons Malfeitor Fabban (Aborym) et Vargher aka Marcus E. Norman (Naglfar). Doigt fébrile sur le bouton « lecture », place aux « neuf hymnes de pures ténèbres digitales » (dixit code666).
Premier choc. Les douze secondes de « Baxxar Ehl UhzaI » lancent le bombardement auditif : « Void Of Astaroth ». « Bombardement » littéralement. Une production saturée apocalyptique (mur du son) accompagnée d’un mixage très particulier (
Above de Samael ?) couvert quasi-entièrement par une B.A.R totalement insensée (façon Niden Div.187) : des frappes (cymbales et caisses) sans le moindre temps mort ni nuances masquant le reste de l’instrumentation. Plutôt grinçant… Heureusement atténuées par la suite, l’écoute nécessitera malgré tout des efforts assez conséquents. Passons cet obstacle. On découvre ainsi dès les premières secondes le nouveau frontman du groupe suédois, Kvarforth. Pour rester dans l’approche martiale de Diabolicum, le bonhomme usera de hurlements graves puissants bien plus sobres que ses performances aliénées dans Shining. L’introduction de « Silent Spring », le break de « Salvation Through Vengeance », la terrifiante « The Abyss Of The Shadows » ou encore « One Mans War » (“This is my war !”) imposeront la soumission, comme un dictateur maître des sciences occultes galvanisant sa foule. Impressionnant.
La puissance sonore apprivoisée non sans mal, l’auditeur retrouvera rapidement ses marques. Le riffing intense typique de Sasrof (aux effluves d’un Mayhem), les breaks malsains saupoudrés de samples militaires ainsi que les soli déstructurés qui collent parfaitement à la musique (mention toute spéciale à « Salvation Through Vengeance » à 3:22). Pourtant un constat se fait assez rapidement, Diabolicum semble revenir à ses prémices, l’étiquette « industriel » tend à s’effacer. Au-delà de la B.A.R frontale, le clavier, les effets et samples disséminés paraissent en effet limités. De fait la phrase d’accroche « ténèbres digitales » du label matche difficilement, l’ambiance se rapproche d’avantage de
The Grandeur Of Hell… La saveur en moins. On retrouvera quelques onces sur le dark ambient inquiétant (très proche de Nordvargr) de « The Abyss Of The Shadows » mais cela reste au final assez maigre. Bien trop lisse (encore hanté par le break de « The War Tide »).
Ia Pazuzu a néanmoins le mérite d’être d’une fluidité exemplaire et de posséder ses quelques moments forts dispersés, le poignant « Silent Spring » et son chant féminin en tête. Mais une fois les 40 minutes écoulées plutôt inégales peu de choses marquantes, entre coupées d’un « Genocide Bliss » convenu, la chute de studio « Angelmaker » ou un « Ia Pazuzu » dispensable. Quid de l’enchaînement de hits de
The Dark Blood Rising ?
Les tympans (gorgés d’ibuprofènes) acclimatés au mixage éprouvant de
Ia Pazuzu et à un black metal plus « brut » qu’à l’accoutumé, l’album demeure de qualité, sans temps mort et porté par un Kvarforth démentiel. Vous resterez collés au siège. Seulement la comparaison paraîtra sévère dès lors que
The Dark Blood Rising sera dépoussiéré pour l’occasion... Les quatorze années d’attente enfonçant le clou. L’ambiance glaciale cauchemardesque et ces moments forts intemporels sont introuvables ici. Trop poli et conformiste, l’album donne un arrière goût d’inachevé. Frustrant et décevant après un retour tant espéré car il y avait un certain potentiel. J’espère sincèrement une autre œuvre dans un futur très proche.
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