Eh bien. Il aura fallu 30 ans et 6 albums pour qu’enfin je place
DØDHEIMSGARD à un rang que certains lui avaient donné depuis plus longtemps. Il y en a qui parlaient déjà de formation culte depuis les deux premières sorties de 1995 et 1996, mais personnellement j’avais déjà mes classiques du black metal quand j’ai découvert
Kronet til konge et
Monumental Possession, et je n’ai donc jamais estimé qu’ils faisaient partie des incontournables du genre. Pour d’autres, le Norvégien est devenu légendaire en 1999, quand il a engagé son gros virage « avant-gardiste » pour
666 International. De mon côté, je ne succombais pas et restais même hermétique face à des compositions trop fofolles qui partaient dans tous les sens et m’agaçaient plus qu’elles ne me surprenaient… C’est à ce moment-là que
DØDHEIMSGARD a commencé sa manie à prendre son temps et à ne sortir des albums que tous les 8 ans. 2007,
Supervillain Outcast arrivait à plus me convaincre parce qu’il m’apparaissait moins poussif. 2015,
A Umbra Omega, je le trouvais trop lumineux et démonstratif… Bref, il a toujours manqué quelque chose au groupe pour que j’en devienne un fan. Jusqu’en 2023.
J’étais pourtant prévenu, et de nombreux messages ici et là m’avaient alerté sur ses qualités, mais je restais persuadé avant de l’écouter que ce Black Medium Current allait encore être destiné aux amateurs de bizarreries forcées et d’éléments progressifs pédants. Absolument pas. Les 9 morceaux n’ont absolument rien de tout cela et ils proposent au contraire un équilibre enfin parfait entre l’originalité, la sincérité et le plaisir de l’écoute. Et c’est à tel point que le mot le plus à même de retranscrire les qualités de l’opus est « cohérence ». Non mais c’est quand même fou de retrouver autant d’éléments variés parvenant à servir la musique et les ambiances avant tout. Alors qu’auparavant j’avais l’impression que les machines, les synthés, les samples et les parties acoustiques n’étaient là que pour faire une démonstration énervante d’idées mises bout à bout, je découvre ici de la logique, de la progression, du naturel.
Est-ce dû au line-up ? Le quatuor est encore plus emporté et maîtrisé par l’indéboulonnable Vicotnik, qui signe la plupart des compos tout en faisant les vocaux, les guitares et la majorité des effets sonores. Mais s’il est si bon, c’est parce qu’il est secondé par un excellent compagnon : L.E. Måløy s’était illustré dans l’autre groupe d’avant-garde
IF NOTHING IS en 2015 et il avait déjà donné un coup de main à
DØDHEIMSGARD la même année en jouant de la basse sur deux pistes. Il a pris du galon. Il fait ici de la basse, du piano, du violoncelle, des effets sonores, du thérémine, et il a même écrit deux morceaux. Il est donc sans aucun doute un grand artisan du succès de l’album. Les deux autres membres sont moins impliqués dans la création, mais ils apportent tout leur talent de musiciens. Tommy Thunberg à la guitare, Myrvoll de
NIDINGR à la batterie.
L’équipe est douée et a trouvé donc la cohérence, mais il faut surtout saluer le leader Vicotnik pour sa plus grosse qualité… ses vocaux ! Il a tout plié sur cet album. C’est d’un niveau intersidéral, avec de l’engagement, mais avec surtout des variations magistrales. Il change son timbre constamment et il arrive à transmettre toutes sortes d’émotions. Il est parvenu à me faire aussi bien penser au torturé
SHINING, qu’à la puissance de
CLANDESTINE BLAZE /
DEATHSPELL OMEGA (« It Does Not Follow »), sans oublier à la fantaisie d’
ARCTURUS… Graves, aigus, chœurs, déclamations. Et là encore, c’est sans démonstration ! La magie opère, je m’agenouille à moultes reprises !
9.5/10. C’est une note très haute, mais réfléchie. Les détails sont nombreux sur ces 70 minutes de jeu, et il est difficile de se lasser des 9 propositions. Alors que l’avant-garde a du mal à me convaincre, j’ai eu l’envie, voire le besoin, de réécouter
Black Medium Current à plusieurs reprises. J’ai surtout adoré le fait qu’il soit mesuré et équilibré. Il est à la fois synthétique et organique, doux et agressif, vieux et moderne. Il combine à mon sens toutes les bonnes idées qui se trouvaient sur les anciens albums, mais qui à l’époque étaient surjoués, trop ceci ou trop cela. Enfin, enfin, les éléments avant-gardistes viennent enrober les compositions pour les sublimer, pas pour les noyer ! C'est désormais du "black metal profitant d'éléments extérieurs variés au service des ambiances atmosphériques, contemplatives et subliminales".
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