L’attente aura été cette fois moins éprouvante qu’entre
Generator et
Psychogrotesque, deux ans et demi après ce dernier revoilà les maîtres du black metal industriel. Aborym, au trio identique (depuis 2008), retourne au Fear No One Studio. Il ne renouvellera pas son contrat chez Season Of Mist et signera chez les Polonais d’Agonia Records pour son septième opus
Dirty (à l’artwork « flashy »), un double album. Enfin pas vraiment… Le deuxième disque se veut un album « bonus ». Il contient deux réenregistrements, trois reprises ainsi qu’un titre inédit. Appétissant malgré tout.
Aborym ne réitère pas l’album « concept » que fut le très osé
Psychogrotesque (portant sur l’aliéné d’un hôpital psychiatrique), le groupe italien revient à une musique plus « sobre » et « directe ». Un retour vers la violence et l’aspect martial de
Generator ainsi que l’atmosphère post-apocalyptique antérieure. Constat fait dès le titre d’ouverture « Irreversible Crisis » (utilisé pour le trailer de la galette), morceau le plus « rentre-dedans » de
Dirty (et donc pas forcément le plus représentatif). Un mur du son traduit par des riffs monolithiques et une batterie de Faust (couplée à la B.A.R) écrasante (sous couvert d’une production encore plus massive que d’habitude): « Across The Universe », « The Factory Of Death », « Helter Skelter Youth » (à 3:00) et « The Day the Sun Stop Shining » en tête de liste. Le groupe n’a rien perdu de sa rage des débuts. L’ambiance inquiétante et psychotique de
Psychogrotesque n’est pourtant pas gommée, on retrouvera quelques breaks dérangés, celui à 2:26 d’ « Across The Universe » (tout droit sorti d’un
With No Human Intervention, le meilleur morceau à mon sens), « Raped By Daddy » (les gémissements de la jeune fille vous provoqueront un certain malaise) ou encore « The Factory Of Death » (aux accents d’un « survival horror » à l’instar de The Axis Of Perdition).
Psychogrotesque avait mis la mis barre extrêmement haute concernant les arrangements électroniques, le voici surpassé par
Dirty. Aborym n’avait pas exagéré ses déclarations, le travail de Malfeitor et de son acolyte Hell:I0:Kabbalus demeure impressionnant. Samples horrifiques, effets bizarroïdes et beats « electro / dance » (« Helter Skelter Youth ») parsemés sur chaque morceau sans exception. L’écoute au casque me semble indispensable.
Dirty défile en boucle et un triste constat commence à émerger. L’absence de Nysrok (deuxième pilier d’Aborym depuis 1998) se faisait déjà sentir sur
Psychogrotesque, ici cela en devient plus que flagrant. Hell:I0:Kabbalus n’arrivera pas à sortir des riffs/nappes avec autant d’impact. De facto,
Dirty semble plat, sans réels moments forts. Certains titres seront assez rapidement « zappés » après plusieurs écoutes : « Dirty », « Bleedthrough » et « I Don’t Know » tout particulièrement. Pour ce dernier nous subirons le chant clair poussif de Malfeitor... Comme
Psychogrotesque, Aborym n’approfondit pas ce qu’il entame et donnera un arrière goût d’inachevé. Lorsque le groupe tente de déranger (« Raped By Daddy »), de nous annihiler les tympans (« Irreversible Crisis ») ou de nous apeurer (« The Factory Of Death ») il ne le fait que succinctement. Une intensité et une ambiance en dents de scie qui feront regretter une nouvelle fois leur chef d’œuvre
With No Human Intervention.
Le deuxième disque ne sauvera malheureusement pas le premier. Le réenregistrement de deux morceaux vénérés par les premiers fans du duc des Enfers était risqué, à savoir « Roma Divina Urbs » (
Kali Yuga Bizarre) et
« Fire Walk With Us » (de l’album éponyme). Des titres remis au goût du jour mais restant très proches des originaux, Malfeitor réussira à remplacer les prestations du mythique Attila Csihar. La reprise d’Iron Maiden fera certainement ressortir les orbites des disciples du groupe peu friands des sonorités électro. Un aspect « dance » plutôt osé. Les reprises de Pink Floyd et Nine Inch Nails restent tout aussi anecdotiques, le chant clair de Fabban (décrié plus haut) n’arrangera rien. « Need For A Limited Loss » sera de suite oublié. Bref, un disque à l’intérêt limité.
« I believe that 'Dirty' represents the best material ever written by ABORYM from 1992 until today. », je ne suis évidemment pas d’accord avec Fabban.
Dirty n’est pas mauvais, loin de là. Il reste cependant le moins bon album de la discographie d’Aborym à ce jour. Les Italiens livrent un album léché (le travail sur les arrangements est impressionnant) mais dont on ne retiendra pas grand-chose. Les frissons passés et les surprises à chaque nouvelle offrande ont laissé place à une musique convenue et imperméable camouflée par un son massif. Effectivement
Psychogrotesque possédait son lot de défauts mais Aborym avait réussi à prendre son public de court. Pas cette fois. Espérons que le retour de
Diabolicum (huit ans déjà… Sasrof il est temps) cette année puisse me redonner le sourire.
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