Sunn O))) - Black One
Chronique
Sunn O))) Black One
« Black One » représente le début d'une nouvelle ère pour Sun O))). C'est l'ère de la noirceur absolue, de la terreur et de l'oppression. Si vous trouviez la série « White » difficile d'accès, vous n'êtes pas au bout de vos peines, votre calvaire ne fait que commencer. Préparez-vous bien, car le voyage que représente l'écoute de cette infâme création ne vous laissera certainement pas indifférent. Sans aucune concession, le groupe se livre corps et âme pour vous écorcher les sens au vif, sans aucun regret. En fait, les deux comparses et leurs collaborateurs prennent probablement un malin plaisir à vous faire vivre cette expérience traumatisante.
Musicalement, ça reste du drone. La principale différence qu'oppose « Black One » à ses prédécesseurs, c'est la présence de cette malsaine ambiance purement black metal, rappelant un peu les infâmies d'Abruptum, il y a de cela plusieurs années. Sauf que là, c'est pire que tout. En fait, je n'ai jamais entendu un album si suffocant et si froid que celui-ci. Pour l'occasion, Wrest (Leviathan) et de Malefic (Xasthur) imposent leur présence, avec une performance vocale des plus terrifiantes.
La hantise commence graduellement, avec une courte introduction de 2 minutes, qui vous prépare au premier assaut : « It Took The Night To Believe » et son riff de guitare hypnotique, répété à outrance, agrémenté d'une narration fantomatique, agrémentée de cris stridents et profonds. Morceau relativement court pour du drone, il pose déjà les bases du nouveau Sunn O))), et croyez-moi, la suite n'est guère plus rassurante. Bien vite, des hurlements de goule viendront vous arracher les tripes : c'est le début de « Cursed Realms », morceau beaucoup plus bruitiste, presque entièrement composé de hurlements démentiels, et de quelques accord de guitare anecdotiques. On est bien loin des harmonies des débuts du groupe. Ici, la voix a décidément un aspect dominant, et ce morceau me paraîtrait bien vide sans ces hurlements.
« Orthodox Caveman » voit le retour en force de la guitare, infra basses à l'appui, pour un morceau beaucoup plus traditionnel, mais un peu somnolent, malgré le son strident qui vient nous réveiller à la toute fin de la pièce. Le morceau paraît épouvantablement long, et le voyage devient de plus-en-plus pénible. Mais ce qui est le plus terrifiant de ce périple, c'est qu'il devient plus rude chaque fois qu'une note est jouée, chaque fois qu'un cri épouvantable sort de la bouche des vocalistes. Ainsi, « Candlegoat » vient enfoncer le clou, nous faire perdre tout espoir de survie. La descente aux enfers est amorcée, il est maintenant impossible de faire marche arrière. Dès lors, une ambiance inquiétante s'installe. L'horreur fait peu à peu place à l'appréhension, et les multiples assauts du groupe deviennent une habitude. Cette ambiance inquiétante se perpétue sur « Cry For The Weeper », morceau dantesque qui se termine avec des nappes de claviers annonçant le chant du cygne.
En effet, c'est terminé… l'expérience musicale horrifique que représente « Black One » s'achève enfin, avec le morceau « Bathory Erzsébet », qui s'ouvre silencieusement, et graduellement, un son de cloche s'installe. Ça y est, l'expérience est enfin finie. Du moins, c'est ce que vous croyez. Mais « Bathory Erzsébet » est en fait le morceau le plus infâme de cette galette. Vers les 7 minutes, un son de fait entendre. Et ce son se clarifie graduellement, et des respirations se font entendre, puis des cris étouffants, et complètement agonisants. Voilà, c'est ainsi que se termine une expérience aussi traumatisante.
Il faudrait être fou pour dire que « Black One » est un chef-d'œuvre mais pourtant, il faut l'accepter, il en est un, à sa façon. Le drone n'est pas une musique qui s'écoute, c'est une musique qui se ressent. Et jamais je n'ai entendu un album de drone doté d'une ambiance si profonde et malsaine. « Black One » est une expérience traumatisante, mais qui doit être vécue pour comprendre à quel point cette musique est intense. La note que j'accorde à cet album n'a pas une forte signification, car l'écoute de cet album défie la chronique, comme plusieurs albums de drone.
En attendant « Black Two », allons écouter un peu de Happy Heavy Metal, histoire de se changer un peu les idées :)
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