L'arrivée du premier album de Diablo Swing Orchestra en 2007 fait partie des découvertes musicales les plus marquantes de ces dernières années pour moi, l'histoire d'une bande d'allumés sortis de nulle part qui parachutent avec
"The Butcher's Ballroom", une musique à la fois personnelle, mature et maîtrisée dans ses moindres détails. Je ne saurais d'ailleurs vous dire combien de semaines il a tourné en boucle dans ma playlist, avec systématiquement ce même plaisir et cette agréable sensation d'entendre quelque chose de foncièrement différent. Alors que j'aurais dû logiquement me jeter sur la suite apparemment aussi bonne
("Sing-Along Songs for the Damned and Delirious"), j'ai fait l'impasse, par peur d'être déçu peut-être. Reprenant le flambeau de notre regretté lapin jaune, je passe donc de un à trois (un peu comme ceux qui ont des jumeaux après un premier enfant) et renoue avec l'univers improbable des Suédois, des retrouvailles dans la joie et la bonne humeur melées d'un plaisir non dissimulable.
On les savait doués. Très doués même. Difficile pourtant d'imaginer qu'une formation aussi talentueuse soit-elle, puisse aller plus loin dans un style aux contours déjà bien dessiné. Mais ils l'ont fait et bien que "Pandora's Piñata" ne provoque pas l'effet de la surprise du premier album, il apporte quelques évolutions absolument irrésistibles. Pour faire simple, cette cuvée 2012 est à la fois une leçon de groove, une leçon de feeling et une leçon de savoir-faire en matière d'ambiances. Sans jamais se répéter, le groupe nous balade entre swing/jazz *burtonien* ("Voodoo Mon Amour", "Honey Trap Aftermath"), cirque burlesque ("Black Box Messiah", "Of Kali Ma Calibre"), expédition saharienne ("Mass Rapture") et BO clichée de vieux westerns à la sauce mexicaine ("Guerilla Laments", "Kevlar Sweethearts"), exercices dans lesquels il excelle à la perfection. Moins "gothique" qu'auparavant, leur musique fait reculer les cordes au profit des cuivres et relègue définitivement les guitares électriques au second plan, cantonnées à soutenir rythmiquement un ensemble où leur présence ne s'illustre que dans les passages les plus incisifs ("Of Kali Ma Calibre", "Exit Strategy of a Wrecking Ball", ...). Le chant lyrique d'Annlouice et celui plus naturel de Daniel Håkansson, font toujours des étincelles et se complètent parfaitement dans ce délire musical ; et du délire musical, il en est évidemment question sur ces 11 pièces puisqu'ici personne ne se prend au sérieux, particulièrement nos deux chanteurs qui osent le mauvais goût absolu sur un "Black Box Messiah" qui ne manque pas de surprise.
Je me demande combien de temps il a fallu à Diablo Swing Orchestra pour arriver à un tel résultat. "Pandora's Piñata" se compose d'un incroyable enchevêtrement de couches d'instruments, fourmille de petits détails à n'en plus finir, d'arrangements divers et surtout variés, sans que le tout paraisse surchargé. Et malgré cette richesse, ce colossal travail de composition, le talent des Suédois réside aussi dans leur capacité à proposer un style très accessible, même pour quelqu'un d'étranger au metal : il faudrait vraiment avoir un balai dans le c** pour ne pas se bouger sur un "Voodoo Mon Amour" ou "Honey Trap Aftermath". Et la qualité est au rendez-vous tout au long de ces 50 minutes qui ne comptent presque aucun temps mort et enchainent tube sur tube. Tout droit tiré d'un conte de Disney, seul "Aurora" mérite pour moi un petit bémol. A prendre sans doute au second degré, ce titre mou et *classique* met un frein à la dynamique de l'album, seul moment également où Annlouice se métamorphose en véritable castafiore et nous casse les oreilles.
Pour le reste, n'ayez aucun doute sur le potentiel addictif de ce troisième album qui vous bottera le cul comme c'est pas permis. Une oeuvre totalement imprévisible, d'une efficacité redoutable, d'un feeling unique qui parvient à transformer la plus farfelue des idées en véritable trait de génie. Diablo Swing Orchestra possède décidément ce petit truc en plus qui fait que ça fonctionne, une évidence qui vous prend aux tripes dès les premières minutes. "Pandora's Piñata" porte finalement bien son nom : une fois qu'on goûte à ses sucreries, on est fait comme des rats.
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