Faut vraiment que j'arrête la boulimie métallique parce que ça devient vraiment n'importe quoi. Ma pile de CDs achetés « mais pas encore écoutés sérieusement par manque de temps » va bientôt pouvoir faire la nique à la tour de Pise question altitude, sans compter qu'elle risque fort de se retrouver à l'horizontale encore plus vite que sa comparse transalpine, ses fondations laissant un peu à désirer. Conséquence de cette j'ai-les-yeux-plus-gros-que-le-ventrerie: « Purgatory Dance Party », premier album de Polkadot Cadaver (
le cadavre à pois en français) – bien qu'acheté peu de temps après sa sortie fin 2007 – aura attendu près de 2 ans avant d'émerger tout en haut de cette fameuse pile et de venir me mettre en joie les papilles auditives.
Evidemment, je ne vais pas pouvoir jouer la carte de l'actualité brûlante pour vous faire frétiller dans vos caleçons (
ou vos strings, car je vois des coquinettes dans le fond de l'amphi …). Mais il n'en reste pas moins qu'en dehors de tout contexte temporel, cette galette vaut son pesant de cacahuètes, et même bien plus, le cours de l'arachide restant fluctuant en cette époque économiquement instable. Et allez: pour une fois je vais aller à l'essentiel et conclure cette chronique en deux phrases claires et sans appel:
* « Purgatory Dance Party » est un putain d'excellent album, frais, maboule, inattendu, mélodique et énergique, du style OVNI à tendance fortement addictive.
* « Purgatory Dance Party » est l'album que Mike Patton aurait sorti s'il avait voulu faire un dernier coup d'éclat en fusionnant le
Mr Bungle de
« California » et le Faith No More dernière époque pour produire un album bourré ras la gueule de matériel de premier choix.
…
Non mais vous ne croyiez tout de même pas que j'allais vous laisser là-dessus …! Quelques repères d'abord. Si Polkadot Cadaver n'a qu'un album à son actif, le groupe est en fait formé d'ex-Dog Fashion Disco, formation datant quant à elle de 1996 et ayant sorti 6 albums … dans la droite lignée du
« California » précédemment cité. On peut donc considérer « Purgatory Dance Party » comme un 7eme album, d'autant plus qu'il en a largement la maturité et qu'il continue sur la lancée stylistique des 6 albums précédents. Le contenu de l'album va de la chanson soft rock sucrée qui rappellerait presque les Beatles ou les Fool's « Yellow Lemon Tree » Garden (
sur un « Haunted Holiday » léger comme une plume se crashant dans la mousse, sur « Chloroform Girl » et son « You look just like a zombie » qui n'arrête pas de me hanter depuis, ou encore sur un « Sole Survivor » secoué de réguliers accès de burnification barrés) à de pures poussées de folie furieuse Bunglesque (
Argh, « Bring me the Head of Andy Warhol »!!!) incluant à l'occasion de gros coups de turbo thrash, comme à 2:18 sur « Phantom Limb » ou sur le démarrage furieux de « What's the Worst Thing That Could Happen? ».
Entre ces 2 extrêmes, le groupe – aidé en cela de la versatilité vocale de Todd Smith, chanteur dont la voix est pour beaucoup dans l'impression qu'on a d'entendre la bande à Patton – propose de merveilleux morceaux d'un metal rock aussi finement mélodieux que continuellement agité. Et dans ces moments là, c'est Faith No More qui jaillit soudainement de nos écouteurs, en même temps que de lourdes larmes de nostalgie de nos yeux embués. Ecoutez-moi donc cette voix confondante à l'œuvre à 2:20 sur « A Wolf In Jesus Skin », sur « Brainwash » et son crescendo aussi poignant que puissant (
à 1:47) ou encore sur l'inquiétant « Pure Bedlam for Halfbreeds » qui propose l'un des plus superbes refrains FNMesques (
Saaay hel-looo to my little friend. My-god it's so-good to see-you a-gain) qu'on ait entendu de mémoire de fan éploré …
Mais Polkadot Cadaver ne se cantonne pas à un rôle d'excellent tribute band patonnien. Alliant audace et ouverture d'esprit, le groupe teinte sa musique d'electro-indus soft sur « Purgatory Dance Party » et nous livre avec « Long Strange Trip to Paradise » un pur tube new wave / metal où l'on croirait entendre Depeche Mode tâter du gros son, le tout en faisant preuve d'un talent insolent – digne d'un
Mindless Self Indulgence – pour dégoter la mélodie imparable et la rythmique accrocheuse. M'enfin le plus important dans tout ça c'est que le groupe propose une pleine brouette de morceaux génialissimes bourrés de refrains gros comme ça (
je rajouterais aux FNMeries citées ci-dessus le refrain larger than life de « Phantom Limb »), de purs passages de malade (
le début de « A Wolf in Jesus Skin » à 0:23, dans le plus pur style « Balloo s'en va-t-en guerre », les clins d'œil purement 80s du début de « Bring me the Head of Andy Warhol » qui font penser très fort à Prince …) et qu'on revient encore et encore, inlassablement, vers cette galette diaboliquement catchy. Car c'est bien du diable qu'il s'agit, et s'il vous reste un doute, essayez donc d'écouter jusqu'au bout les plus de 23 minutes concluant l'album sur une voix désincarnée proclamant « Satan! » en une boucle infiniment exaspérante.
Ma conclusion sera rapide. Vous aimez le metal barré et ne considérez pas les blast beats comme un élément essentiel à la réussite d'un album? Achetez « Purgatory Dance Party »! Vous aimez
Mr Bungle et considérez
« California » comme le meilleur album du groupe? Achetez « Purgatory Dance Party »! Vous aimez Faith No More mais ne seriez pas non plus contre un peu plus de folie? Achetez « Purgatory Dance Party »! Vous aimez les albums de metal / rock proposant des chansons cohérentes, accrocheuses et brillantes? Achetez « Purgatory Dance Party »!
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