Il y a les albums de grande consommation, vite écoutés, vite oubliés, à l'image des N+1eme Fleshcrawl, ou
Soilwork. Il y a les albums à boire, à la mode
Tankard ou
Finntroll. Il y a les concentrés de haine death ou black, qui mettent à merveille en musique la branlée quotidienne mise au petit frère. Il y a les speederies thrash sans nom qui vous font cramer les limitations de vitesses, et les petites pépites mélo-pop-death qui font découvrir à vos voisins que vous aimez growler sous la douche. Et puis il y a ces œuvres massives, ultra-denses, énigmatiques et touffues qui tombent sans prévenir dans votre lecteur comme le mégalithe noir de « 2001, Odyssée de l'espace » au beau milieu de votre salon.
Mais si mais si, je suis sûr que ça vous l'a déjà fait à vous aussi: vous savez, quand c'est impossible d'arriver à faire intellectuellement le tour complet de la galette, même après une vingtaine d'écoutes. Quand votre pauvre caboche se retrouve exposée à une profusion d'informations instrumentales, émotionnelles, rythmiques et vocales. Quand vous vous prenez dans les écoutilles du génie, de l'hystérie, du chaos, des cassures et autres retournements acrobatico-harmoniques, autant de données qui tutoient la pure folie furieuse et décontenancent le plus aguerri des auditeurs. Mais si voyons, vous avez déjà du ressentir ça, face à ce type d'œuvres qui ne se laissent pas disséquer facilement, ces satanées aguicheuses qui vous montrent leurs formes avantageuses et vous font miroiter monts (de vénus) et merveilles, mais qui ne s'offrent qu'après que vous ayez vaincu moult machiavéliques fermetures de soutiens-gorge, nombres d'arachnéens harnachements sous-vêtementesques et X serrures de ceinture de chasteté, ne laissant qu'entr'apercevoir le si proche et pourtant si lointain fruit défendu à travers de sporadiques et fauves effluves venant vous chatouiller les narines et les glandes à testostérone … Ca y est, vous voyez là ?
« In a flesh aquarium » est de ces œuvres kaléidoscopiques et kafkaïennes. Avec cet album, les québécois d'Unexpect ont tué le père
Mr Bungle et ont emmené le cadavre reposer sur des terres techno-death, black sympho et mélodeath, oeuvrant en ces terres à grands coups de leads incongrus de violon, de piano et d'une basse qui claque comme une voile de catamaran passant le Cap Horn. On pense parfois à leurs compères d'
Augury, on pense aussi à … Non en fait, à pas grand monde d'autre. En effet, les morceaux de cet album sont des œuvres théâtrales uniques où s'exprime une véritable Cour des Miracles vocale - goules black, fées alcooliques, ours death et nains difformes – lors de longues pièces épiques et progressives traversées de discrets effets électro bien sentis.
Pas un élément ne prend le pas sur l'autre tout du long de « In a flesh aquarium », que ce soit au niveau des styles abordés, des instruments à l'action ou des vocalistes. Tout se mélange, se suit, se bouscule et s'enchevêtre au sein des morceaux. Parfois c'est presque trop, on halète, à bout de souffle. Parfois on est transporté, soulevé de notre siège vers ces sommets olympiens où résonnent les harpes métalliques de chérubins métalleux. Et au milieu de ce déluge labyrinthique d'impressions sensorielles émerge une œuvre immense, belle, racée et ambitieuse. Subdivisée en trois sous-chapitres, « The Shiver » nous extirpe des sublimes alentours d'un discret palais de naïades («A Clown's Mindtrap ») pour partir dans une cavalcade mélodico-débile (« Meet Me At The Carrousel») qui ne s'achèvera que dans une apothéose de passages black épiques portant des chants fabuleux, de trouvailles mélodiques et de torrents de violons médiévalo-celtiques, tout cela aboutissant en un majestueux final de sombres cornemuses (« Another Dissonant Chord »).
Aller plus loin dans la description des morceaux relèverait de l'hérésie, et vouloir mettre encore plus de mots sur les émotions provoquées par cet album ne pourrait que conduire à un éloge exagérément dithyrambique et ampoulé (déjà que là, pffiouuu !) … ou à l'asile. Bref, Unexpect émerveille, dérange, interloque, agace, surprend. Ce groupe de dangereux psychopathes a réussi à mettre en musique les plus obscures pulsions de leurs inconscients. Faites une cure de yoga, armez-vous de thé au ginseng (ou d'une bonne quantité de coke), faites cramer un peu d'encens … et attaquez-vous à « In a Flesh Aquarium »: si votre santé mentale y survit, vous en ressortirez transformés !
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