Il y a des périodes comme ça où nous tombent du ciel une série d'albums à la même thématique ou la même coloration musicale. En ce moment, c'est la « semaine du brassage des genres » entre les oreilles à bibi : après le brutal death électro de
Whourkr, le melo-DaftPunk-death de
At All Cost, et des incartades vers Unexpect et
Mr Bungle, voilà-t'y pas que débarque sur ma platine le 1er bébé de Diablo Swing Orchestra.
J'avoue avoir été très vite bien disposé à l'égard du groupe. En effet, en plus de la promesse d'un mélange osé de metal et d'influences plus classiques et exotiques, D.S.O. (si vous me permettez le raccourci – à ne pas confondre avec
DeathSpell Omega !) offre quand même une vitrine plus qu'alléchante: un nom croustillant mariant des univers a priori opposés, un titre d'album non moins délicieusement oxymoresque, une bio (allez la lire sur le
mySpace du groupe) et une imagerie baroques fleurant bon le délire 2nd degré moyenâgeux … ça change et ça fait du bien ! Et pour une fois, cet emballage rutilant n'est pas qu'un cache-sexe doré masquant un pauvre organe atrophié et syphilitique.
Commençons les présentations par un raccourci qui pourrait presque faire du tord au groupe: sur « The Butcher's Ballroom », attendez-vous à un savant mélange de
Nightwish,
Mr Bungle et
Apocalyptica. Maintenant ne quittez pas le navire pour autant: je suis le premier que ce résumé ne ferait pas déborder d'enthousiasme – à l'évocation près de
Mr Bungle. J'avoue préférer quand ça bute, quand ça speede, ou qu'au moins ça fait taper du pied et remuer le popotin (bah quoi ?). Et bien chez D.S.O., malgré ce à quoi on pourrait s'attendre après un rapide coup d'œil, point d'excès atmosphérico-romantiques ni de molassonneries soporifiques. Non, ici ça délire la moitié du temps, ça rock'n'rollise encore plus souvent, et ça swingue quelque soit l'instrument mis en valeur. En plus, ces suédois ont écrit de véritables morceaux puissants et groovy, et pas de simples collages hétéroclites et sympas (oui, je sais, c'est un de mes chevaux de bataille … Et j'ai pas fini de vous faire ch*** avec ça).
Concrètement donc, que nous est-il proposé dans la salle de bal du boucher ? Un festival décadent où alternent metal-boogie aux accents jazzy («Balrog Boogie»), mélodies Depeche Modesques interprétées par
Apocalyptica («Heroines»), chicano-metal soutenu par un orchestre de Mariachis («Poetic Pitbull Revolutions»), morceaux aux saveurs orientales («Gunpowder Chant» et «Infralove »), et au milieu de tout ça flûte traversière, effets électroniques discrets, piano, didgeridoo, clarinette, orgue de Charlie Oleg, trompette … le tout porté par un chant d'opéra qui rappelle celui de Tarja de
Nightwish … Sauf que Annlouice sait – elle
1) se taper des délires (cf. le cristal qui se brise quand la miss part à donf' dans les aigus – dans «Balrog Boogie» - ou les effets déformant son chant sur «Wedding March for a Bullet»)
2) varier les genres pour s'aventurer sur des terrains plus softs ou plus rock
3) laisser la place à un chant masculin qui apporte un contre-point sympa.
Les guitares quant à elle apportent quasi systématiquement l'ossature rythmique des morceaux, dans un registre allant du heavy couillu au thrash saccadé.
J'ai lu certaines chroniques qui reprochent au groupe d'avoir mis en début d'album tous les bons morceaux pour revenir en deuxième mi-temps sur du
Nightwish metal plus classique. Voilà bien le problème des chroniques écrites vite fait mal fait après 4 pauvres écoutes du bout de l'oreille ! S'il est vrai que les 4 premiers morceaux (en gros ceux proposés sur le mySpace du groupe) font un grand écart évident entre divers genres - et ont de par le fait une identité forte immédiatement perceptible -, le reste de l'album offre quant à lui 1) ce qui est selon moi l'essence même du groupe, avec des morceaux où ils se laissent aller à ce qu'ils sont réellement sans en faire trop, en toute liberté 2) certains des meilleurs morceaux de l'album, parmi lesquels «Wedding March for a Bullet» - putain de tube hyper puissant -, «Zodiac Virtues» - épique, varié et encore une fois puissant - et « Pink Noise Waltz» - génial fouillis entraînant.
«The Butcher's Ballroom» est la confiserie metal de l'année: point de chamallow molasson, pas de caramel qui colle aux tympans, non, un putain de cocktail multicolore de petites merveilles uniques en leur genre, chacune excellente, chacune différente de sa voisine. Et cette galette ne vise pas qu'un public de metalleux raffinés au spectre d'acceptation incluant des genres limitrophes au metal (Dead, si tu nous entends …), mais bien un large panel de poilus – qui ne doivent bien entendu pas être focalisés uniquement sur le necro-black ou l'infra-guttural goregrind. Rassasiez-vous des morceaux du
mySpace du groupe, achetez l'album, et vous aussi, dans 2 ans, quand le groupe fera la couv' de Hard Rock Mag, riez au nez de vos potes qui découvriront le groupe en disant : «Tu parles, je les connais depuis l'époque où ils étaient sur Candlelight » ! Album de l'année (au côté du dernier
At All Cost).
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