C'est marrant, parce qu'il y a quelques temps, je commençais à me dire qu'au niveau du Black que j'apprécie, 2013 était plutôt décevant. Certes Spektr avait sorti au début de l'année un « Cypher » véritablement bien branlé mais je dois dire qu'un album réussi à cent pour cent -ou presque- manquait. Un disque qui t'obliges à t'incliner devant tant de force créative et qui t'amènes à dire « De toute façon, pourquoi écouter d'autres albums puisque celui-là sera mieux ». Ce sursaut de grandeur nécessaire à l'auditeur qui de temps à autre perd forcément un peu la foi en ce qu'il écoute, je l'attendais en la personne de « Dirty » d'Aborym en me disant que si rien de profondément exceptionnel sortait cette année les vétérans italiens sauveraient la mise, comme d'habitude. Mais il semblerait qu'Aborym se soit fait coiffé au poteau. Bien évidemment « Dirty » n'est pas encore enterré dans mes attentes mais après réception de la promo des Néerlandais de C.H.D, je me demande bien comment le sieur Fabban pourrait réussir à sortir un meilleur disque de Black Indus que « The Prime Mover ».
Alors certes, lors de la réservation, je n'étais pas aussi enthousiaste. En fait, j'attendais de Control Human Delete, un
« Terminal World Perspective » épisode II et donc un disque de grande qualité, mais parsemé d'une longueur monumentale gâchant le tout. Je n'en aurais d'ailleurs pas vraiment voulu au groupe d'avoir sorti ce genre de disque une deuxième fois car c'est presque son essence de faire des titres longs voire un peu longuets... Pour faire simple, c'est dans le style inhérent au concept du groupe, planant, long et distordu. Du coup, la claque que j'ai prise était vraiment imprévisible. « The Prime Mover » attaque fort mais pas nécessairement plus que son aîné. La différence c'est que « The Prime Mover » n'a aucune baisse de régime : les passages lents, les passages rapides tout est parfaitement composé, pensé, écrit. Tout est génial de A jusqu'à Z. C'est tellement rare qu'on pourrait presque verser une larme pour le geste... Là ou
« Terminal World Perspective » lassait par certains de ses passages, « The Prime Mover » enchaîne les écoutes comme autant de formalités et se bonifie à chacun d'entre elles.
Oubliant un tantinet les codes purement Black Metal, la fine équipe du plat pays prend un malin plaisir à pousser la symbiose entre les genres encore plus loin. Du planant, du dissonant, du violent, du beau, de l'épique, vous aurez une palette de sentiments vraiment développée sur ce disque. De plus, toutes ces émotions ne sont pas présentes dans le but de faire un cocktail : la force de la composition permet de placer chaque chose à sa place,comme si elle était une partie obligatoire du disque. Un travail qui a du être colossal mais qui se révèle incroyablement marquant parce qu'il touche justement toutes les sensibilités. D'ailleurs ceci se ressent également au niveau de la production puisque la fusion entre l'artificiel et l'humain aura rarement été aussi poussée. Des cris, des voix, des cordes, des samplings, des boîtes à rythmes, des guitares... Tout se fond avec un naturel absolument déconcertant comme si l'immaculée conception avait fait le Mastering de « The Prime Mover ». Bien évidemment, il a du être question d'un travail de fourmis puisque le nombre de subtilités dans la production (qui se révèlent au fil des écoutes) est tout bonnement incalculable. Nombre de sonorités jamais entendues sont présentes sur « The Prime Mover », sans doute grâce aux explorations bruitistes des Hollandais qui se plaisent à incorporer une nouvelle fois des sonorités d'anciennes machines industrielles.
Et puis, il faut dire que le concept aide grandement à se plonger dans cette ambiance. Prouvant une nouvelle fois ses envies d'univers, CHD se permet de rajouter des ambiances d'une profondeur génialissime. Si les couches de claviers de l'ancien disque pouvaient sembler parfois un peu creuses, le défaut a été corrigé sur ce dernier opus. La grandeur des passages sensés représenter l'immensité du cosmos est véritablement ahurissante de puissance. Il est de même pour les passages plus rythmiques où la formation applique avec précision son savoir-faire millimétré, en combinant patterns taillés au bulldozer et fignolages électroniques.
Que dire du également de l'émotion palpable balançant consciencieusement entre jubilation, déchaînement et contemplation dans un jeu d'équilibriste digne de figurer au cirque Pinder. Même pas besoin de citer un titre exemple, premièrement parce que tous les titres possède cette richesse de construction. Et deuxièmement parce que « The Prime Mover » est un tout qu'il serait presque un crime d'oser découper en « morceaux ». Une petite planète musicale à lui tout seul, avec ses nuits claires, ses clairières ombragées, ses chutes d'eaux effrénées et ses zones urbaines tournant à plein régime. Plus qu'un disque, un compte-rendu d'un monde imaginaire, la bande-originale d'une société qui n'existe pas. Avouez qu'il fallait le faire...
Les défauts ? Ben, en fait, il n'y en a pas. Il y aurait pu en avoir si CHD n'avais pas eu l'intelligence de rendre attirantes les mêmes longueurs qui pénalisaient lourdement
« Terminal World Perspective ». Mais non, les longueurs ne sont plus des longueurs, elles sont des synonymes de l'infini celui-là même qui orne fièrement la pochette du disque. C'est d'ailleurs ce point qui fait en grande partie la supériorité évidente de ce dernier disque sur les précédents travaux du groupe. Bon il faut dire aussi que « The Prime Mover » possède quand même une durée totale moins gargantuesque que son grand frère et ce pour notre plus grand plaisir. Que dire de plus ? Que vous devez l'écoutez, l'acheter et tutti quanti. Et qu'il va falloir qu'Aborym se lève tôt aussi parce que malgré tout l'amour que j'ai pour les italiens, je vois mal qui pourra aller chercher le niveau d'excellence fixé par « The Prime Mover » en 2013.
« The shape of things to come ».
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