Blood Red Fog - Harvest
Chronique
Blood Red Fog Harvest
La scène finlandaise a tout de même beaucoup de groupes talentueux pour qui aime le black à la froideur apparente mais finement mêlée à des riffs mélancoliques poignants. Je pense à BAPTISM, SARGEIST et SATANIC WARMASTERS, mais aussi de plus en plus à BLOOD RED FOG. J’étais pourtant sceptique envers ce groupe qui a sorti son premier album en 2006 car il est formé de trois membres de CHARNEL WINDS, groupe dont le black progressif avait été bien loin de me convaincre. Heureusement, ces deux entités proposent quelque chose de très différent, aussi bien musicalement que qualitativement et légitiment ainsi leurs existences respectives.
Car la bonne nouvelle, c’est que ce deuxième album sorti après 6 ans de non-absence (puisque divers splits et EP sont sortis durant cette période) n’a rien de progressif ou de prétentieux comme son frère. Il tutoie au contraire le meilleur des émotions données en 2012, aux côtés de MGLA, ce groupe avec lequel il partage le goût pour les riffs entêtants, mais duquel il s’éloigne de par l’approche. Tout d’abord la durée des morceaux est bien différente, plus longue que chez les Polonais. Ainsi, si l’album propose lui aussi un total de près de 45 minutes, il ne contient que 4 titres, qui dépassent chacun les 10 minutes sans donner la moindre impression de tourner en rond. Il faut dire que le groupe est parvenu à trouver des riffs imprégnés d’une mélancolie jouissive qu’on aimerait voir tourbilloner encore plus. Celle-ci nous tend les bras comme pour nous bercer, mais devient un véritable étau dont il est impossible de se défaire.
Par contre, les ambiances changent peu à peu au fil des morceaux et ne se ressemblent pas. Le premier titre est ainsi plus froid et plus rapide que le reste. La rage reste cependant très relative et surtout superficielle car elle est accompagné, déjà, de ces riffs émouvants si bien employés. À partir du morceau suivant, le mid-tempo est de rigueur et presque continu jusqu’à la fin de l’album. Là encore la maîtrise est remarquable et jamais l’impression d’écouter quelque chose de mou ne se manifeste. C’est bien du black, c’est bien torturé, et c’est surtout communicatif ! Le groupe parvient à faire de l’émotion à la TRIST sans plonger dans le jardin du dépressif et à faire du contemplatif à la FORTERESSE tout en gardant un esprit scandinave. L’équilibre est beau, et fait de ce Harvest une pièce de choix.
Les vocaux évoluent aussi tout du long de l’album et alors qu’ils débutent avec un timbre classique, ils deviennent peu à peu plus torturés et gémissants pour finir carrément clairs à partir de la 6ème minute du troisième morceau. Je dis bien « clairs », et pas « aigus », car la voix du batteur est plutôt à rapprocher de celle de LIK par exemple. Mais alors que cela aurait pu sauter aux oreilles et surprendre, voire casser l’ambiance, c’est encore d’un naturel et d’une évidence tellement flagrants qu’on ne peut qu’applaudir.
Ce deuxième album de BLOOD RED FOG est bon, et après l’avoir écouté de nombreuses fois, il continue de me hanter les oreilles et de me toucher sans que je devienne gothique, dépressif, émo ou post-blackeux.
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