Denial Of God - Death And The Beyond
Chronique
Denial Of God Death And The Beyond
On n'est jamais mieux servi que par soi-même! C'est ce proverbe qui m'a poussé à rédiger cette chronique du nouvel album de Denial Of God puisque nos blackeux officiels n'en avaient pas l'intention. Comme Niktareum qui s'était occupé de Eye Of Solitude malgré son ignorance en matière de doom dans le seul but de voir chroniqué sur le site un opus qui l'avait marqué. C'est un fait, je n'y connais pas grand chose en black metal. Moi, c'est plutôt le death, le thrash et le heavy même si j'admets apprécier de plus en plus de groupes de BM. Inutile donc de me tomber sur le coin du museau comme pour mon pauvre confrère. Mieux vaut voir un chouette album chroniqué par un profane que de ne pas le chroniquer du tout. Si ça ne vous plaît pas, c'est le même prix!
Ça, c'est fait! Revenons donc à nos Danois. Si Denial Of God ne bénéficie pas d'une grande popularité, sa formation remonte tout de même à plus de 20 ans! En gros, on n'a pas affaire à des amateurs et la discographie des Scandinaves est déjà bien fournie. Jugez plutôt: 3 démos, 9 EPs, un full-length (qui remonte à 6 ans), un single, une compilation et un split. Ce Death And The Beyond, sorti en juillet dernier chez l'excellent label Hells Headbangers, est donc le deuxième full-length d'un trio composé de Ustumallagam au chant, Azter (ex-Victimizer, patron de Horror Records) à la guitare et à la basse et Galheim (ex-Panzerchrist, Exmortem, Church Bizarre...) à la batterie. Qu'est-ce qui m'a poussé à m'intéresser à la bande? Comme souvent, la pochette! Certes le logo du groupe est cliché et kitschouille (avec ce violet décidément très à la mode) mais le reste dégage une élégance et un raffinement rares dans le metal extrême. Cette esthétique gothico-horrifique rappelle un peu les groupes italiens à la Abysmal Grief (avec lesquels DoG a sorti son unique split d'ailleurs) et m'évoque aussi l'univers d'Edgar Allan Poe. Un parallèle peut également être fait avec l'artwork du Supernatural Addiction de Deceased (Poe encore!). L'intérêt de DoG pour le surnaturel et l'occulte est en plus évident (cf. planche ouija sur la back cover entre autres). Cerise sur le gâteau maudit, l'auteur de la pièce n'est autre que Markus Vesper, artiste allemand qui a dessiné la pochette du terrible album de Gorephilia!
Une pochette a beau être magnifique, on est parfois déçu du contenu. Pas ici! La vidéo promo de "Black Dethe" m'avait de toute façon convaincu au préalable avec ses extraits de vieux films d'horreur et ses 9'35 naviguant entre tremolos mélodiques blastés (début), break lent mélancolique (milieu) et mid-tempo lancinant hypnotique (deuxième partie et fin). Une illustration parfaite de la musique de Denial Of God sur ce Death And The Beyond qui affiche plus d'une heure au compteur. Je me plains souvent des durées trop longues (Maveth rien qu'hier) mais là, je dois dire que je ne sens absolument pas le temps passer, même sur l'interminable "Pendulum Swings", final épique d'un quart d'heure. C'est que le black metal old-school du trio de Soenderborg a tout ce qu'il faut pour satisfaire, même pour moi pas fan du genre à la base. D'abord, le chant shrieké de Ustumallagam ne tombe pas dans les excès aigus insupportables de certains groupes tout en restant très classique. Ensuite, la production limpide et naturelle est un plaisir pour les oreilles. Enfin, et c'est bien sûr le plus important, les riffs sont de purs bijoux. Rien de technique, de complexe ou même d'original, ils se font même peu nombreux malgré la longueur des compositions, mais on sent un feeling mélodique incroyable, ce pourquoi le groupe préfère les répéter longtemps. Qualité plutôt que quantité! Et ils ont bien raison car les mélodies de riffs, souvent du tremolo, vous hanteront à jamais! Aucun morceau n'échappe aux spectres: l'intro de "Funeral", le riff principal de "Behind The Coffin’s Lid", à 4'52 et sur la fin légèrement dissonante, "The Cursed Chamber" à 1'45 puis à partir de 2'38 sur le riff thrashy sans oublier le tremolo blasté à 6'55 nous rappelant les origines scandinaves du combo, la lead à 2'02 de "Bones Turn To Dust" complétée par une autre perle mélodique à 4'32, la gigantesque "Black Dethe" dont il faudrait énumérer tous les passages tant ce morceau enivre, la petite mélodie de boîte à musique de "Pendulum Swings" à 5'37, puis à 7'07 et 9'38 alternée avec un riff hanté tourbillonnant... liste non exhaustive et véritable régal pour l'amateur de heavy que je suis!
L'aspect fortement mélodique des morceaux se pare aussi régulièrement d'atours mélancoliques voire carrément tristes chez un Denial Of God pas réticent à tirer vers le doom. Ces sentiments affligés, on les retrouve sur tout un tas de breaks et de leads à tomber ("Funeral" à 1'32, "Behind The Coffin’s Lid" à 3'40 avec de l'acoustique et un sample de cœur qui bat, "The Cursed Chamber" à 4'39, l'ouverture de "Bones Turn To Dust" et ses arpèges finaux à vous coller des frissons, "Black Dethe" à 4'26, etc.). Dès l'intro magnifique "Veni Spiritus" et ses quelques notes de piano d'ailleurs, qui nous plongent directement dans l'ambiance si prenante de l'album. Une ambiance sombre et triste (l'homme de la pochette ne pleure-t-il pas sa dulcinée après tout?) immersive qu'on doit aussi à la répétition hypnotique des riffs, à quelques samples comme au début de "The Cursed Chamber", à du chant parfois murmuré/chuchoté, aux chœurs en chant clair à la fin de "Pendulum Swings" ou encore à l'interlude "Spectral Lights" aux piano et vocaux hantés. Si le chant reste classique comme évoqué plus haut, il a en effet son importance, notamment en ce qui concerne les paroles qui jouent ici un grand rôle. Comme savaient si bien le faire leurs compatriotes et modèles de King Diamond, on a vraiment l'impression que Denial Of God nous raconte une histoire, un vieux conte horrifique qui nous happe et nous fait tout ressentir comme si on y était. Ecouter l'album en suivant les paroles sur le livret, qui plus est somptueux pour qui n'est pas allergique au violet, est ainsi quasi indispensable et prouve une fois de plus que rien ne vaudra jamais un support physique pour de la bonne musique.
Et cette histoire, c'est une des meilleures de 2012. Encore plus marquante et surprenante dans mon cas puisque je ne connaissais le groupe que de nom et qu'il n'évolue pas dans mon style de prédilection. Mais je ne pouvais décemment pas tourner le dos à ce black racé aux mélodies simples mais travaillées et à l'ambiance mélancolique prenante. Et si Denial Of God préfère les rythmiques pépères et les répétitions, les Danois n'hésitent pas pour autant à envoyer les blasts façon 90s ou à thrasher (flagrant sur "The Cursed Chamber", on a même le droit à du black/thrash à l'australienne sur "Pendulum Swings" à 3'25!), variant suffisamment le jeu pour éviter la monotonie. Du mid-tempo pendant une plombe, ça m'aurait sans doute fait chier, même avec du riffing de classe mondiale! Mais attention, Denial Of God ne conviendra pas à tout le monde. Death And The Beyond c'est pour ceux qui aiment le black metal classe et mélodique, pas ceux qui préfèrent le black raw et bestial. C'est pour ceux qui aiment les vieux films d'horreur à l'esthétique soignée, pas ceux qui ne jurent que par les séries Z gores. Moi, j'ai vite fait mon choix!
| Keyser 6 Janvier 2013 - 2294 lectures |
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