Mea culpa : contrairement à ce que j’ai pu déclarer
à cet endroit, Fleshpress a sorti un autre disque à connaitre d’urgence que
Pillars. À ma décharge, le groupe de sludge n’a pas rendu les choses faciles en changeant son nom, sa nationalité ou encore l’ensemble de son line-up. Mais même en poussant le vice jusqu’à tartiner d’alphabet cyrillique son livret, on ne me l’a fait pas ! Faire passer
Channels pour l’œuvre de Macédoniens (dont un gérant le label Fuck Yoga, bien connu des amateurs de saletés en tous genres) alors qu’on y ressort avec une tremblote ne pouvant provenir que de l’aridité polaire des pays nordiques, mais bien sûr, mais bien sûr…
Impossible qu’il s’agisse ici d’une autre formation ! Tout juste pourra-t-on me rétorquer que par rapport à l’essai des Finlandais, on n’y erre pas tant en converti des hivers nucléaires que victime concrète regardant dans l’intimité de sa salle de bain les changements corporels qu’induit le virus
Channels, le tout dans la maison sans chauffage d’une terre placée en vigilance Grand Froid. Une épidémie tout aussi inévitable mais située à l’échelle d’une personne et avant la rupture complète avec l’humanité, à l’image de ce chanteur se regardant tomber dans une animalité qu’il n’a pas l’air de recevoir favorablement. Entendez-le hurler : le bonhomme a clairement peur de ce qui lui arrive ! Et si jamais il y a doute quant à s’il a tâché ou non ses sous-vêtements lors de l’enregistrement de cet EP, les guitares sont là pour rassurer car si le niveau d’un disque de sludge se calcule en unité de pression durant la chierie, alors celui nous intéressant chatouille le haut du compteur en retournant son intestin grêle comme une chaussette à chaque accord. Pourtant, point d’abus de « lourdeur pachydermique » à l’horizon :
Channels s’inscrit dans le sludge à forme élémentaire, celui de Grief ici sorti du congélateur au sein duquel il a été conservé intact de toute attention moderne à la pesanteur. Pas besoin de jouer à celui ayant la production la plus sick avec des instruments aussi chancelants, il suffit de laisser l’auditeur s’écraser par malaise à force de riffs palots entrecoupés de leads glacées où la détresse éclate brutalement.
Autant préciser la mauvaise allure de la chose dans le cas où l’appâté s’y rendrait avec l’espoir d’y trouver l’agressivité chatoyante de ses groupes de sludge favoris que sont Black Cobra et le Mastodon première mouture (…) :
Channels l’accueillera avec la méchanceté lui étant due et il me plairait de voir sa tête de six pieds de long quand il rencontrera la musique de ces cinq livides ayant créé ce qu’on peut légitimement nommer un one shot pour amateurs de véritables cochonneries, les Macédoniens n’ayant plus donné signe de vie après cet EP dont la qualité rend frustré qu’il ne dure pas le double de ses trente-et-une minutes. Vous me direz, cette maladie-ci paraît tellement tenace, on a bien du mal à imaginer l’oublier autrement que par un coma prolongé.
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