Chez Thrashocore, nous ne sommes pas toujours en avance. Alors même si on vous a déjà parlé de Vorum à l'occasion d'une escapade automnale en Finlande (Black Mass Ritual III Festival en 2010), nous ne nous étions pas encore penché sur la discographie de ce jeune groupe formé à Maarianhamina sur les cendres de Haudankaivaja (oui, le Finnois, c'est dur. Deal with it). Profitons ainsi de la sortie de leur premier album intitulé
Poisoned Void pour entamer les présentations même si je ne manquerais pas de revenir vous parler un peu plus tard de
Grim Death Awaits puisque celui-ci vaut également la peine que l'on s'y intéresse. Tout comme ce dernier, c'est sur le label finlandais Woodcut Records que voit le jour ce premier album (dans une version digipack). Un premier album qui a également tapé dans l'œil et les oreilles du label Dark Descent puisque c'est lui qui s'occupera de la sortie sur le territoire américain.
Désolé de vous le dire mais vous n'échapperez pas à mon petit laïus au sujet de l'artwork particulièrement réussi d'Alexander L. Brown. Cet artiste Néo-Zélandais à déjà travaillé pour une tripotée de groupes issus de l'underground Death/Black. Si la liste est longue, voici quelques noms qui devraient (doivent!) vous parler: Witchrist, Mitochondrion, Cruciamentum, Corpsessed, Lantern, Vasaeleth... Bref, l'élite des bas fonds pour qui chaque illustration a toujours été une franche réussite. Aussi, celle de Vorum ne déroge pas à la règle grâce à ces couleurs sombres, ces représentations animales issus d'un imaginaire franchement dérangé et ces symboles ésotériques/occultes forts.
Mais loin de n'avoir d'intérêt que pour son illustration,
Poisoned Void vaut surtout pour son contenu. Au programme de ce premier album, huit nouveaux titres ou presque puisqu'on y retrouve tout de même le morceau "Evil Seed" déjà présent sur le split
Profane Limbs Of Ruinous Death que les Finlandais partagent avec Vasaeleth. Vorum, pour ceux qui ne le savent pas encore, pratique un Death Metal sombre et occulte qui réussit l'exploit de sortir des sentiers battus en grande partie grâce à la prestation de son chanteur/guitariste, monsieur Jonatan Johansson. Bien que le groupe s'inspire très largement de ses aînés, Vorum tire son épingle du jeu grâce à des lignes de chant plutôt originales pour le style pratiqué ici. Des lignes de chant complètement nouvelles et relativement éloignées de ce que proposait le groupe à l'époque de
Grim Death Awaits (Mais ça, nous y reviendrons dans la chronique de celui-ci). Aussi, si vous vous attendiez à trouver un growl profond et caverneux, vous faites complètement fausse route. Jonatan Johansson opte avec discernement pour un chant moins stéréotypé se voulant résolument moderne mais non sans oublier ses origines. A mi chemin entre Black Metal et Death Metal, ses vocalises n'ont certes pas la profondeur et la puissance d'un chant Death typique mais bénéficient d'autres atouts particulièrement adaptés. De fait, il se dégage de cette voix haineuse et glaciale un véritable sentiment de rage mis en exergue par l'urgence qui émane de tout l'ensemble. Urgence oui car Vorum y va franchement quand il s'agit de jouer de ses instruments. Très peu de passages mid tempo, quelques breaks ici et là ou encore deux/trois introductions à qui on tient la bride dans le but de permettre à l'auditeur de reprendre son souffle puisque le reste du temps Vorum le passe à brutaliser nos oreilles sans vergogne. Un joyeux déballage de violence maîtrisé qui évite les débordements approximatifs et le dégoût par overdose. Le propos de Vorum demeure intelligible du début à la fin grâce à une production soignée et elle aussi plutôt en dehors des sentiers battus (toujours en référence au style pratiqué ici).
Poisoned Void joui en effet d'un son rugueux et extrêmement abrasif, insufflant aussi bien nervosité qu'intensité à chacun des morceaux de l'album. Une urgence palpable tout au long des trente cinq minutes que dure ce premier album qui, pour le coup, ne souffre d'aucun défaut significatif. Les riffs, entre Death Metal blafard et Thrash véhément, sont extrêmement soignés et délivrent en continue leur lot d'atmosphères occultes et terrifiantes ("Impetuous Fires", "Death's Stains", "Thriving Darkness", "In Obscurity Revealed", "Poisoned Void"...). Également de la partie, ces nombreux leads et soli bien sinistres ("Impetuous Fires" à 1:29, "Rabid Blood" à 1:24, "Thriving Darkness" à 3:06 et 3:58, "Evil Seed" à 3:41...) qui viennent vous glacer le sang en vous donnant des frissons. On apprécie enfin le jeu particulièrement varié du batteur qui n'hésite pas à alterner les pattern pour ainsi donner du relief à chacun des huit titres de
Poisoned Void.
Après un EP déjà particulièrement convaincant, Vorum revient à la charge avec un premier album qui le surpasse de loin. Le groupe réussit à tirer partie de l'intérêt que suscite actuellement le Death Metal nauséabond des bas fonds tout en faisant retentir sa musique d'une façon particulièrement originale. Un vent de fraîcheur pour une musique qui n'en oublie pas pour autant l'atmosphère et l'efficacité. Ainsi,
Poisoned Void se veut un album nerveux et particulièrement frontal même si paradoxalement il ne manque pas de subtilité. Un album de Death Metal à l'ancienne mais sur lequel souffle pourtant un vent de modernité. Décidément l'année 2013 commence sous les meilleurs auspices.
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