[ A propos de cette chronique ] Annoncé dès mars avant un concert qui aura tenu toutes ses promesses,
Tahdon Riemuvoitto, dernière sortie des Finlandais de GOATMOON marque un retour placé sous le signe des guitares acoustiques et du flutiau. Pochette somptueusement énigmatique annonçant directement la couleur : la dernière offrande des Scandinaves sera purement païenne et cet esprit sera gardé par quatre soldats menaçant bien à leur poste sur un artwork dont on peut pourtant regretter le minimalisme. Une belle photo dans la neige, des regards plein de foi, et roulez jeunesse ! Cette nouvelle compilation dirige sobrement les Finlandais vers leurs racines plus typées Pagan, eux qui s'en étaient détournés avec l'ultra raw
Death Before Dishounour de 2004 mais qui y revenaient de plus en plus avec leurs sorties précédentes : le monstrueux
Finnish Steel Storm (2007) que le temps aura érigé en véritable manifeste du groupe et surtout le
Varjot (« Ombres ») d'il y a deux ans, avec ses claviers et ses mélodies assez en avant. On sentait déjà cette envie brûlante de donner dans l'acoustique pur avec les concerts « unplugged » donnés à Helsinki il y a quelques années ainsi qu'avec l'EP éponyme de 2009 à l'artwork intriguant, serti d'une belle chouette sur fond de pochette verte.
C'est à présent chose faite, avec un son aux petits oignons cette fois : la première partie de cette compilation est entièrement acoustique, accompagnée par une batterie, quelques instruments à vent (tin whistle, flûte, et guimbarde) ainsi qu'un clavier très atmosphérique. Les instrumentaux sont très réussis, on a parfois l'impression d'écouter un bon disque de Neofolk. De même, on pense aussi beaucoup à SIG:AR:TYR dans l'esprit et la maîtrise dont le Canadien Daemonskald fait preuve pour diffuser des atmosphères similaires depuis 2003 ou encore à certaines performances de STORMHEIT. En effet, cette utilisation des guitares donne une vraie aura nostalgique à ce
Tahdon Riemuvoitto qui propose son lot de nouveautés. Aux deux inédits acoustiques, « Race Of The Heroes » et « From The Barbaric Shores » répondent deux titres déjà connus et repensés pour l'occasion, avec « Abomination of Winter » (présent en version Black Metal sur
Varjot) et « Storming Through White Light » (déjà en version épurée sur
Goatmoon (2009) et également sur
Varjot). On sent que cela travaillait notre homme depuis un moment car ce dernier s'impose comme le morceau acoustique le mieux réussi, notamment les parties lead qui ressortent vraiment à la perfection, tout comme la guitare soliste de « Race Of The Heroes » qui porte à bout de bras un morceau fédérateur. Vraiment dommage qu'il manque une voix pour élever davantage ces morceaux vers les cimes enneigés du Grand Nord ! S'ils sont habités par un certain panache, le surplus de tristesse qu'aurait pu affirmer cet organe de hibou malade que l'on connaît bien à Blackgoat brille par son absence. Ces explorations déjà bouleversantes auraient s'imposer comme de vrais chef-d’œuvres, et n'être pas exploités à fond s'impose réellement comme leur défaut majeur.
Cet organe va cependant déchirer cette belle harmonie à partir de la fin de « Race Of The Heroes » pour lancer deux brûlots inédit plus Black Metal et plonger l'auditeur dans une bataille éphémère que GOATMOON va gagner très vite sur lui durant deux pièces très revanchardes et intenses qui font monter la fièvre et montrent bien que le leader des militants d'Helsinki ne s'est pas simplement laissé aller à ses envies acoustiques. Le climax de l'émotion est clairement atteint avec « For Our Blood And Native Soil », morceau Black Metal païen somptueux. Les guitares électriques dégainées pour déverser un trémolo poignant au possible sont secondées à merveille par des claviers aériens et des accord acoustiques magnifiques qui forment un maelström d'émotions ravageur mêlant nostalgie, haine, espoir et rancœur... vraiment surpuissante pour le cœur, cette flèche décochée et tirée par la bande à Blackgoat qui s'est par ailleurs payé le luxe d'embaucher Werwolf de SATANIC WARMASTER aux claviers et la basse pour l'occasion. La suite directe, lancée par les trompettes brumeuses de ce dernier, est du même acabit avec un morceau désarmant de pureté et de grandeur, une vraie nuée de violence brute et d'efficacité qui fond sur les esgourdes comme la misère sur le pauvre homme.
Ceci-dit, il est clair que les amateurs de Black Metal purs et durs qui attendaient le successeur de
Varjot n'auront pas grand chose à se mettre sous la dent, le volet « extrême » de cette compilation étant assez famélique. Ici, l'extrême est à chercher ailleurs... et certains, dont moi, rongeront l'intensité de ces émotions jusqu'à la moelle pour en extraire toute l'essence et s'imprégner de la puissance médiévale qui se dégage d'un « ...And Tears Of Our Fatherland Fell » ou de la mélancolie pernicieuse qui émerge d'un « From The Barbaric Shores » qui conclue avec classe cette sortie... et puis merde, GOATMOON a quand même concentré son talent sur les deux morceaux Black Metal qui sont exceptionnels de grandeur ! Pari osé que les Finlandais relèvent d'une main de maître car sortir une telle compilation en lieu et place d'un potentiel successeur à
Varjot avait tout d'un défi qu'ils sont clairement parvenus à relever car on ne s'ennuie pas une minutes à l'écoute de ce disque qui passe vraiment tout seul. D'autres se seraient attirés l'opprobre mais la maîtrise avec laquelle nos Scandinaves signent
Tahdon Riemuvoitto devraient les épargner d'une critique trop vilipendée : cette compilation, restant équilibrée, a toutes les qualités pour séduire malgré le goût d'inachevé qui pourra rester dans la bouche de certains après son écoute. En attendant un vrai full-length, voilà tout de même un disque qui saura peser à l'heure du décompte final de cette année 2013 qui nous aura déjà rappelé à plusieurs reprises à quel point la Finlande est riche en matière de Black Metal.
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