chargement...
Remontez pour accéder au menu
140 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer
$am » Commentaires... »

Deafheaven - Sunbather

Chronique

Deafheaven Sunbather
Le désavantage des notes dans les chroniques, c’est qu’il n’y a aucun suspens. Du coup c’est bon, tout le monde a compris que j’ai trouvé ce second album excellent. Pourtant ce n’était vraiment pas gagné car j’avais été très mitigé par le premier essai des Californiens. Roads to Judah avait de très fortes qualités et s’imposait sans aucun doute comme un des plus beaux exemples de Post Black Metal, mais il avait tendance à trop empester l’opportunisme. Une brèche avait été creusée et ils avaient plonger dedans. Et l’on se posait la question de la sincérité de leur démarche, d’autant que leur attitude et leur look en faisaient des touristes du black metal. Ils avaient certes l’excuse du « post », il était surprenant de les voir débarquer en chemisettes à manches retroussées, les cheveux courts légèrement décoiffés comme si Jacques Dessange était passé par là, et un aspect trop propret pour être crédible... Le bobo BM était né et les fils à papa se rebellaient sans passer par la case corpse paint. Alors dans un sens c’était totalement black metal comme attitude, un grand coup de pied dans les préjugés, mais il subsistait encore des doutes sur leur démarche, et DEAFHEAVEN est ainsi devenu le plus grand représentant de la mouvance (également insulte) « hipster ». Ceux qui ont raté leurs performances comprendront mieux en vidéo en se rendant compte à quel point la musique est en décalage avec l’image.



Dans ce cas-là généralement, il y a deux réactions. Ceux qui diront : « Ouais, le look on s’en fout, la musique et rien que la musique importe !», et ceux qui clameront que « chaque élément est important dans l’univers d’un groupe, le visuel aussi, et parfois même surtout ! ». Et si ma réaction a été claire en 2011, Sunbather est parvenu à me faire changer d’avis, et pas qu’un peu. La démarche est pourtant toujours la même, jusque dans la pochette encore plus « osée » que précédemment avec un rose dégradé inédit dans notre monde musical. Mais le livret n’est pas en reste avec une ombre adolescente cachée par une explosion de confettis. Ah oui, pour l’instant ça ne respire pas vraiment la haine.

Alors quand on met le premier morceau on peut être surpris par l’agressivité instantanée en total décalage, jusqu’à la première salve de riffs mélodiques. Lorsque les guitares se mettent en avant, elles vibrent, tournoient et glissent sur la peau dans des nuances douces amères, tour à tour sucrées puis acides. Ce goût est ennivrant et se répand dans tout notre corps, nous empêchant de décrocher même lorsque les passages instrumentaux dépassent les 5 minutes (« Vertigo »). Je suis pourtant plutôt sévère envers l’exercice de style habituellement ! C’est parce que ces mélodies sont d’une saveur exceptionnelle et qu’elles ont le talent pour trouver directement notre interrupteur d’émotions, aussi bien caché soit-il au fond de notre carcasse. La mélancolie et la nostalgie explosent alors tels les confettis du livret et l’esprit est pris en otage. Des souvenirs profondément enfouis refont surface à chaque écoute, et l’on se surprend à retrouver des odeurs de son enfance. Personnellement, j’ai senti la lavande offerte à une fête des mères. J’ai senti l’odeur de l’essence des stations services au départ des vacances familiales. J’ai senti le parfum de la colle Cléopatra qui inondait la salle de l’école primaire...

Mais attention ! Cela a l’air bien benêt dit ainsi, et cela le serait si c’était le seul élément du groupe. La lassitude et impression de molesse s’installeraient du coup aussi vite que chez ALCEST et ses disciples, qui ont peu à peu perdu la rage, la haine et la déception pour se concentrer sur le rêve. Non, DEAFHEAVEN contient aussi beucoup de violence et ne cesse de nous hurler que tous ces « merveilleux souvenirs » sont bien du passé, et qu’ils étaient peut-être même une mauvaise interprétation de la triste réalité par notre esprit enfantin. Les illusions naïves ne sont plus que des images floues qui flottent et tentent de survivre dans notre mémoire malmenée, car finalement plus rien ne ramènera le « bon vieux temps ». C’est ce que semblent crier la batterie qui sait se déchainer avec une violence exemplaire ainsi que les vocaux gueulant. Ils ne sont jamais clairs mais au contraire torturés comme il se doit, provoquant un équilibre idéal avec les guitares sus-citées. C’est simple, cet album fait la nique à l’autre groupe américain indispensable du style : WOE.

Ce Sunbather est magnifique et même si la longueur des morceaux pourrait inquiéter, chacun d’entre eux est parfaitement maîtrisé. Leur durée est justifiée par l’évolution de chaque titre. Ils ne proposent pas le même riff répété inlassablement mais progressent bel et bien, passant d’un sentiment à un autre, d’un souvenir à l’autre. Ils sont entrecoupés d’intermèdes qui amène un espace de sérénité bienvenu, nous préparant pour la prochaine expérience, la prochaine excursion intérieure. Je suis enthousiaste car j’ai accroché comme je ne m’y attendais pas, à un point tel que j’ai même revu mon jugement de l’album précédent, ne me demandant plus si le look de nos personnages cachait je ne sais quoi, mais en me laissant emporter par ses déliceuses ambiances. C’est triste à dire, mais j’ai oublié durant une heure et 7 titres que j’étais un gros dur, et ai complètement sombré dans le spleen de DEAFHEAVEN...

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Deafheaven
Post-Black Dévastateur
2013 - Deathwish Inc.
notes
Chroniqueur : 9.5/10
Lecteurs : (27)  8.44/10
Webzines : (25)  7.92/10

plus d'infos sur
Deafheaven
Deafheaven
Douceur enrobée - 2010 - Etats-Unis
  

écoutez
tracklist
01.   Dream House
02.   Irresistible
03.   Sunbather
04.   Please Remember
05.   Vertigo
06.   Windows
07.   The Pecan Tree

Durée : 60mn

line up
parution
11 Juin 2013

voir aussi
Deafheaven
Deafheaven
Infinite Granite

2021 - Daymare Recordings
  
Deafheaven
Deafheaven
Ordinary Corrupt Human Love

2018 - Anti records
  
Deafheaven
Deafheaven
New Bermuda

2015 - Anti records
  

Album de l'année
Sacrilege
Behind The Realms Of Madness
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Avril 2025
Jouer à la Photo mystère
S.O.D.
Live at Budokan (Live)
Lire la chronique
Frightful
What Lies Ahead
Lire la chronique
Doomsday
Doomsday (EP)
Lire la chronique
Hirax
Faster Than Death
Lire la chronique
Sarcator
Swarming Angels & Flies
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Avril 2025
Jouer à la Photo mystère
Entretien avec Brokenheads
Lire le podcast
Entretien avec Repurgator
Lire le podcast
Burning Dead
Into the Abyss
Lire la chronique
Radiation
Reactor Collapse
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Mars 2025
Jouer à la Photo mystère
Gozer
This Is Gore
Lire la chronique
Surgical Invasion
Death Before Dishonor
Lire la chronique
High On Fire
Cometh the Storm
Lire la chronique
Necrodeath
Arimortis
Lire la chronique
Under Assault
Deadly Experiments
Lire la chronique
High On Fire
Death Is This Communion
Lire la chronique
La photo mystère du 2 Mars 2025
Jouer à la Photo mystère
Destabilizer
Monopoly on Violence
Lire la chronique
Herakleion
Necroverse (EP)
Lire la chronique
Synaptic
Enter the Void
Lire la chronique
Obscura Tour 2025
Gorod + Obscura + Skeletal ...
Lire le live report
Colisevm European Tour 2025
Iceland + Light of Dark + P...
Lire le live report
Pandemic
Phantoms
Lire la chronique
High On Fire
Blessed Black Wings
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Février 2025
Jouer à la Photo mystère
Hazzerd
The 3rd Dimension
Lire la chronique
Bomber
Cages and Windows
Lire la chronique
Violent Definition
Progressive Obsoletion
Lire la chronique