Oruga - Oruga
Chronique
Oruga Oruga (EP)
"Noir, c'est noir". Telle pourrait être la devise des nordistes d'Oruga, façonneurs de chapes de plomb depuis 2010. Pas peu fiers de leur récente signature chez Apathia records, leur cadeau d'arrivée chez ce label fût la réédition de leur premier EP éponyme sorti en 2011. Chance nous est donc donnée de (re-)découvrir enfin ce combo des horizons charbonneux de Cambrai à travers 5 titres et 1 bonus.Et de toute évidence, les cinq mineurs qui ne se font connaître que par leurs initiales cherchent ici à préparer le terrain à un album tout proche en nous écrasant sous un mélange sludge/stoner plus oppressant que la mort elle même.
Le packaging nous alerte: ce disque sera sombre ou ne sera pas. Trois phrases sont inscrites à l'intérieur de la backcover: "Mon âme noircit"; "Rejeté par le soleil et sa lumière" et "abrité dans un cri silencieux", comme pour prévnir l'auditeur des risques encourus.
Les Cambrésiens ont visiblement poussé tous les potards de leurs amplis sur 11 pour s'offrir le son de gratte le plus saturé et lourd qui soit, un véritable bloc de granit froid et rapeux qui réduit tout en poussière fine sur son passage, à commencer par vos tympans. Une muraille sludge grondante et lourde, baignée des vapeurs poisseuses du stoner, sur laquelle s'étirent à l'envi des riffs simples mais génialement accrocheurs tout au long des 6 titres du disque. Si on fait le point, ils sont finalement assez peu nombreux par piste mais prennent bien le temps de se lover dans votre cerveau pour vous concasser les os encore et encore, jusqu'à obtenir un joli petit tas de poussière fumante.
Pour accompagner une telle épaisseur de son, Oruga a laissé des consignes strictes au batteur. L'homme a laissé l'approximation et la légéreté au fond d'un placard, puis a mis un soin particulier à bloquer l'aiguille du compteur BPM entre down et mid tempo. Il nous fait profiter d'une frappe dure, précise, qui donne la parfaite cadence pour soutenir le rouleau . Sauf en de rares moment de colère ("My 9/11") où le kit s'emballe, matraquant furieusement les derniers morceaux de votre squelette.
Massif et compact, ce monolithe laisse peu de choses dépasser de sa surface. Surtout pas le chant, au grain éraillé typique du genre, qui se retrouve mixé en arrière, noyé dans les fréquences du spectre et ne semble pas parvenir à se faire sa place parmi les décharges telluriques des six cordes. Néanmoins, ces dernières n'ont pas que la distorsion à faire valoir, elles savent aussi varier leur propos en couinant du larsen incommodant, en pleurant du lead plein d'effet mais surtout en sifflant de splendides soli aux contours southern rock, délicatement aériens, véritables écrins de soie envelloppant des enclumes (''Like A Stone In The Water", ''Northern Promises"). Plus on avance dans les écoutes et plus on s'aperçoit que la mélodie s'insinue peu à peu au fil du disque, comme une lueur lointaine dans les ténebres.
Les américains ont des marécages putrides, nous avons des bassins miniers. Oruga en a extrait les plus lourds minéraux pour façonner 39 minutes d'un sludge/stoner éprouvant loin d'être révolutionnaire comme ils le proclament, mais diablement efficace. Et le meilleur gage de qualité, c'est qu'après avoir bouclé ma chronique, je reviens sur ce disque bien souvent par simple plaisir, quand tant d'autres CD finissent méthodiquement alignés dans un tiroir à tout jamais.
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