Misogi - Tofotukami Wemitamafe
Chronique
Misogi Tofotukami Wemitamafe
Avant de commencer à écouter cet album, il y a quelques précautions à prendre au niveau vestimentaire. Pour les femmes, vous devez vous vêtir d'un kimono blanc et d'un voile, et pour les hommes ce sera un vêtement léger et un linge sur la tête. Ensuite, il faut aller vers un cours d'eau et vous pourrez enfin pratiquer le « misogi » avant le lever du soleil afin de laver votre âme. Oui, « Tofotukami Wemitamafe » est un disque folklorique japonais. Vous me direz : Oui mais avant tout c'est du Black Metal/Thrash. Je suis d'accord, mais tous les ajouts autour que ce soit sur plan musical ou sur un plan référentiel, on se retrouve de toute façon téléporté au Japon. Mais pas n'importe où au Japon : on voyage autour des légendes du pays, voire à l'intérieur.
Misogi ne se considère pas comme du Black Metal mais comme du Yomi Metal, tout comme Magane, qui a d'ailleurs instauré ce genre. En fait le Yomi Metal est un mélange de plusieurs genres : Black Metal, Death Metal, Thrash Metal en incluant des éléments folkloriques japonais. Et d'un point de vue purement mythologique, Yomi est le monde des morts. Et dans cet album, nous retrouvons en permanence ces références mythologiques avec les titres et le côté folkloriques avec la musique.
L'introduction de l'album «Asagimadala » plante direct l'album dans le décor avec ses guitares en clair et son chant en japonais. L'asagi madara passe devant vous avec ses ailes tricolores et là, vous êtes conscient que vous êtes dans quelque chose de différent. Sur tout l'album, les chants sont alternés : chant clair, chant crié et chœurs. Ce traitement vocal fait largement penser à des groupes de pagan occidentaux comme Temnozor, Obtest, Nokturnal Mortum...Donc, comme dans certains groupes de Pagan, la fin du morceau « Idumo » fait justement entrer ces chœurs graves. D'ailleurs, l'auditeur remarquera que la voix criée est spécifique. Je sais pas pourquoi je me suis mis en tête que le chanteur utilisait un rouleau de sopalin pour crier dedans, mais je vous jure, c'est le même son, vous avez qu'à essayer ! Bref, sinon deux langues sont également parlées : anglais et japonais. On pourrait penser que le japonais est utilisé pour rendre plus de folklore à la musique et à ce qui est raconté et l'anglais est sûrement présent pour transmettre au plus grand nombre.
J'ai longtemps dit que Misogi me faisait penser à certains morceaux de la bande originale de Naruto. J'avais pas aussi tort que ça finalement....« Filume » en est un bon exemple et « Aidu » aussi. Flûtes kagula, riffs de guitares simplistes et sons folkloriques s'entremêlent dans une danse Nihon Buyô. Au fond de l'auditeur, plusieurs sensations fusionnent : la joie et la mélancolie...Encore plus frappant : le morceau « Susanowo ». Pour ceux qui suivent un peu le manga, ça ne vous dit pas quelque chose si je vous dis : Susanoo, Amateratsu, Izanami, Izanagi ? Sinon, tant pis. Vous n'aviez qu'à regarder parce que de trouver des points de convergences entre Naruto et Misogi devient assez ludique, et certainement pas capillotracté.
Cependant, je pense que le morceau le plus représentatif de ce qu'est Misogi est « Idumo » et pour plusieurs raisons : par la traduction du titre, et par la musique. En effet, « Idumo » représente la terre des dieux : la province d'« Izumo », où se trouve l'entrée du Yomi, où le dieu « Susanowo » se réfugia quand il s'est querellé avec sa sœur, Amateratsu et ensuite il provoqua une nuit éternelle. «Tsukuyomi » est le dieu de la lune et le frère d'Amateratsu, déesse du soleil. Si Misogi ne vous raconte pas l'histoire mythologique du Japon là...Je vois pas comment être plus claire. Vous êtes au beau milieu d'une plaine, la porte de l'enfer s'ouvre. L'auditeur retrouve tout ce que Misogi sait faire de mieux : des riffs aux son Black Metal, des blast, des solis presque post-black puis une évolution vers des riffs et une rythmique plus Thrash tout en mélangeant le folklore japonais. Ce morceau est une synthèse parfaite.
Finalement, « Tofotukami Wemitamafe » est intéressant pour sa capacité à mélanger les genres. Même si certains passages ne font pas forcément écho au folklore, on est toujours content d'écouter un bon CD de Black/Thrash.
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