Plaga - Trąby Zagłady / Pożeracze Słońc
Chronique
Plaga Trąby Zagłady / Pożeracze Słońc (Compil.)
Je vois récemment une recrudescence de jeunes garçons désireux de découvrir le black metal. Sur le forum de Thrashocore aussi certains sont venus réclamer des informations, attirés par ce style qui serait d’après « le plus violent et le plus extrême dans ce que le metal a à proposer. Des boucs morts sont sodomisés en concert, les paroles sont transmises uniquement grâce à un alphabet sataniste gravé dans le sang, et un vieux Norvégien échappé de prison serait sur le point de commettre des attentats terroristes en France au nom de Saint Ulla ».
Eh bien après avoir tout entendu depuis près de 20 ans d’écoute du BM, mon amour de la musique vient de prendre le dessus et il faut que j’annonce quelque chose à nos gadjos. Le black metal n’est pas le vilain monstre à neuf pattes que certains ont essayé de vous vendre. Ce style est tout sauf le plus agressif et haineux au monde. Alors c’est vrai qu’on aimerait vous le faire croire et que les groupes jouent le jeu aussi, mais en fait c’est un milieu qui est bien plus sensible et fragile que ce que vous imaginez. C’est simple, le black metal s’est revêtu d’une carapace d’apparence hideuse, mais elle cache toute une variété de sentiments. Pour vous en convaincre regardez déjà la tronche et la carrure des musiciens de black ! Vous les trouvez plus costauds que les groupes de death ou de thrash ? Non, ils sont même souvent maigrichons et mal nourris. Pour faire peur ils sont du coup obligés de se peinturlurer la gueule en noir et blanc et de faire jouer les lumières pour sembler plus intimidants. Mais l’attirail rangé, ce sont des sosies de Stéphane Bern en puissance.
Et vous savez quoi ? Tant mieux ! Tant mieux parce que si le black était une musique extrême sans tous ces sentiments, je ne l’aimerais pas. Il subit des contradictions fortes, entre l’envie d’être méchant et l’incapacité à l’être. Le black metal symbolise la déception de l’humanité qui détruit tout, de la société qui formate et castre et des religions qui tentent de contrôler les plus influençables. Il utilise alors les codes contraires à ces notions, prônant la haine, la violence et la destruction alors qu’en fait il rêve de libertés, de paix, de droit à être lui-même. Il veut revenir à la nature ou à d’anciennes croyances et il rêve des contrées éloignées ou imaginaires. Comme le chrétien qui dit agir pour le Bien mais impose sa volonté, le black metalleux dit agir pour le Mal mais est attiré par la lumière.
Et c’est ce qui a entraîné des éléments très mélodiques, très mélancoliques et très hantés par la nostalgie dans le black metal et ce dès le début des années 90. Qui oserait dire que DARKTHRONE, GORGOROTH ou BURZUM ne font pas dans le sentimental ? « Transilvanian Hunger » est-il un titre qui regorge de haine pure ? Oui, mais il est tout aussi chargé en intensité, en tension et en désespoir ! Et PLAGA est un autre exemple flagrant. Vous mettez la galette à un petit jeune et il aura une érection jurant que c’est ce qu’il a écouté de plus malsain depuis qu’il écoute du black... mardi dernier. Et c’est vrai qu’en apparence le groupe polonais fait de grosses tâches, avec un son loin de la prod du dernier Kenza Farah, mais il faudrait être sourd pour ne pas remarquer que ses titres sont également tragiques ! Ils contiennent des mélodies poignantes répétées inlassablement et des vocaux torturés qui donnent la chair de poule. On a alors certes envie de haïr son prochain, mais aussi de se replier sur soi-même et de se laisser dépérir.
Bien entendu les paroles et même le livret essaient de nous faire croire le contraire. Carapace oblige :
« PLAGA is Satanic Black metal Madness inspired by glorious hands of the Devil. We dedicate our works to Satan and underground psychopats who proudly represents him. »
Mais ne soyez pas dupe, PLAGA appelle au secours. Il est désespéré et son ras-le-bol se communique via chaque son, chaque riff, chaque hurlement de cette compilation. Oui, c’est une compilation qui regroupe les trois titres de sa démo de 2009 et les trois autres de son EP de 2011. PLAGA y a mis tout son talent d’alchimiste. Vous pouvez y aller sans hésitation si vous êtes fan des putains de mélodies qui prennent aux tripes des groupes tels que HORNA, SATANIC WARMASTERS ou autres BAPTISM. Le black metal est fort parce qu’il fait aussi de la place à la fragilité, aux émotions, aussi réprimées soient-elles !
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