5ML - Injection
Chronique
5ML Injection
Tous les chroniqueurs travaillent plus ou moins de la même façon, tout du moins en ce qui concerne la note attribuée. Chacun réfléchit en fonction des albums qu’il a déjà chroniqués et étalonne selon ses références. Il repense donc toujours au meilleur album du style pour lui, celui qui mérite 10/10, et au gros naze honteux qui n’est pas loin du zéro pointé. Pour moi, en ce qui concerne le dépressif je citerai pour le meilleur le premier opus de MAKE A CHANGE... KILL YOURSELF. Et pour le pire un groupe japonais du nom de SINISTER. Celui-ci ne dit rien à personne, même pas à Metal Archives d’ailleurs pour la simple raison que tous ceux qui l’ont écouté en sont morts. J’ai survécu ? Oui, mais j’ai gardé des séquelles ! La curiosité est un vilain défaut mais voilà un extrait de mon ancienne chro pour les curieux :
« C’est calamiteux de bout en bout avec un piano qui mettra des années avant de voir plus de trois touches usées par l’usage, et surtout des vocaux qui sont un mélange de cris de bête blessée au bord du trottoir, de "roar roar", de raclements de gorge et de ouin-ouin affligeants. De temps en temps une table ou un baril servent de percussion pour une note, voire trois au maximum, mais c’est tout, pas d’autres instruments… Ah si ! Il y a une guitare desséchée qui tente une apparition toute aussi fausse que le reste. Le cinquième titre est carrément sans aucun instrument, juste le malheureux qui tape contre une porte en pleurant et vomissant pendant 6 minutes. Plus de 30 minutes à ce rythme-là, il y a de quoi devenir fou.»
Et je concluais en disant que finalement c’était dans un sens l’album parfait puisqu’il parvenait à entrainer la mort de son public. Pour un groupe de dépressif, c’est le rêve non ? Si je m’attarde sur SINISTER, c’est parce qu’à ma première écoute de 5ML, j’ai pensé que l’on atteignait le même fond. Effectivement la musique du duo russe donne l’impression d’avoir été créée et enregistrée dans la précipitation.
Déjà le son est mauvais. Pas mauvais dans le sens « raw », mais juste mauvais, dans un sens qui ne sert pas les ambiances. Le groupe n’est certes pas le seul responsable car il n’a pas dû être très aidé par son label Nostalgia Productions. Celui-ci est encore inexpérimenté, c’est un chinois nouvellement créé qui n’a que deux productions à son actif. Du coup beaucoup de passages sont mal agencés. Les guitares se retrouvent mal mixées ; le niveau sonore des vocaux varie constamment ; la batterie est trop timide (c’est d’ailleurs de la programmation mais bon, vu qu’elle ne s’entend pas lourd, on ne le remarque pas nécessairement)... Ces points gênent un peu l’écoute des titres, mais ils ne sont pas le plus gros défaut du groupe.
Non, ce qui choque au début ce sont les trop nombreuses approximations. Le groupe veut nous emmener sur le terrain de la peur, de la peine, de la honte, de la tristesse, mais il se perd souvent en chemin et ne fait qu’effleurer ces sentiments. C’est la faute à des vocaux gutturaux raclés agaçants, des mélodies non seulement simplistes mais aussi traînées trop en longueur. Ne serait-ce que le début du premier titre, on a l’impression que le CD est rayé tellement le riff est répété. La maladresse est à chaque recoin des titres et elle saute aux oreilles. Aux premières écoutes on sent un mélange de LIFELOVER (« Reflections ») et de KANASHIMI (« Morphine ») mais en version pauvre, trop proche de tous les groupes de dépressif moyens (« When Tears Become Bright Again »).
Mais voilà, après cette calamiteuse surprise du premier contact, les écoutes suivantes laissent peu à peu entrevoir des qualités. C’est particulier mais 5ML dégage de la sympathie, comme celle que l’on ressent en regardant un moineau qui essaie de voler et ne fait que planer péniblement... C’est que derrière la maladresse il reste les efforts. Et ces efforts, ils sont nombreux. Si le timbre guttural est perfectible, on trouve de la variété dans les vocaux, qui gémissent, grognent, pleurent, susurrent, renâclent ou grommellent. Sur « Swallow », on distingue de plus une voix féminine, très bien apportée. Elle est trop en retrait, mais quand on y prête attention on la trouve indispensable. Une guitare acoustique et un piano s’invitent aussi efficacement par moments pour glisser de la mélancolie attendrissante. Et puis il y a aussi des samples de gamins qui s’amusent... Ah, combien de temps leur restent-ils avant qu’ils perdent leur innocence ?
Bref, il y a beaucoup de choses à se mettre sous la dent dans cet Injection. Les deux hommes ont des idées et une envie féroce de partager le mal-être, mais ils n’étaient pas encore prêts pour montrer le meilleur visage de leurs compositions. On espèrerait presque que l’album soit retravaillé pour ressortir dans une version améliorée, alors ultime.
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