C'était censé être fini. Puis non en fait. Après tout, si même At The Gates s'y met, il n'y a pas à s'étonner de la reformation du combo Norvégien qui avait officialisé sa séparation courant 2011. En tous cas, vu la qualité de leur précédente production et les 7 ans qui nous séparent de sa sortie, on espérait une renaissance triomphale. Pour préparer ce retour et célébrer leur signature avec Debemur Morti Productions, le groupe et le label étaient déjà allé faire les fonds de tiroir pour nous offrir début 2014 un avant goût du programme avec la compilation
"Teeth, Toes and Other Trinkets", dévoilant au passage quelques titres inédits. Une mise en bouche plus ou moins rassurante au final, à l'image de ce que nous livre Manes ici...
Pourtant on parle bien de Manes, non ? Les trublions du metal qui ont la fâcheuse habitude de n'emprunter que des chemins bien à eux, qui n'ont de cesse de nous surprendre, au risque de déplaire. Je ne délire pas, l'audacieux et génial
"How the World Came to an End" en témoigne. Alors pourquoi "Be All End All" ? Pourquoi cette douloureuse sensation de réveil après une soirée trop arrosée ? Imaginez une bonne gueule de bois auditive, voilà comment ce quatrième album commence. Tout y était pourtant : le chant déluré de Asgeir Hatlen, l'électronique maîtrisé jusqu'au bout des ongles, les guitares planantes, le jeu de batterie subtil... Mais le groupe semble avoir du mal à émerger et étonne par un manque total d'inspiration. "A Deathpact Most Imminent", "Ars Moriendi", "A Safe Place In The Unsafe", les titres passent et inquiètent par leur mollesse ennuyeuse que l'on voudrait nous faire passer pour de la nonchalance ou un trip ambiancé. Dévoilé en début d'année, "Blanket Of Ashes" (dont je pensais la composition plus ancienne) n'y changera rien, à peine plus habité que ce qui le précède. Il faudra attendre la moitié de l'album et "Broken Fire" pour commencer à éprouver quelque chose. Même si la mise en oeuvre demeure relativement conventionnelle, l'atmosphère prend forme et s'assombrit. Dans ce mélange de rock et d'ambient, on y retrouve enfin le cynisme des Norvégiens, une pointe de tristesse et cet arrière goût âpre d'un monde sur le déclin. La suite est heureusement du même accabit, des tubes made in Manes "Name The Serpent" et "Turn The Streams" à l'électro-malsain "Free As In Free To Leave" en passant par le néofolkisant katatoniesque "The Nature And Function Of Sacrifice"... Si cette seconde partie se veut rassurante, on se retrouve finalement à apprécier un Manes qui se contente de faire du Manes en singeant le cauchemar "Vilosophe" et ce que le précédent album avait de plus commun. Aucune prise de risque, aucune surprise, aucune folie, est-ce cela leur nouveau visage ?
Des neuf titres qui composent ce "Be All End All", on en retiendra donc que cinq pour à peine 22 minutes de musique. Pas lourd après une telle absence et décevant de la part d'un line-up quasi-inchangé dont le membre fondateur nous montrait encore il y a peu l'étendu de son talent sur le premier album de Lethe (que je vous conseille vivement). Si cette entité doit s'inscrire dans le temps, il n'y a plus qu'à espérer qu'elle retrouve sa verve et son anticonformisme sous peine de finir au trou. Beaucoup de bruit pour pas grand chose en fin de compte.
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