Have a Nice Life - Deathconsciousness
Chronique
Have a Nice Life Deathconsciousness (Rééd.)
˗ This is Deathconsciousness ˗
And it begs the question ˗ « What is the point ? »
Une autre vous viendra certainement à l'esprit : « Quel est l'intérêt de chroniquer des groupes ne faisant pas partie de la scène metal sur Thrashocore ? ». Pourtant je ne fais que m’infiltrer dans la brèche déjà bien ouverte par des anciens tels qu'Ikea, Dead ou encore Fleshov (désolée pour les possibles « oubliés »). De plus le dernier opus d'Have a Nice Life ˗ The Unnatural World, paru en février 2014 ˗ a pas mal circulé sur divers forums, séduisant bon nombre d'amateurs/amatrices de musiques extrêmes par son artwork à la beauté troublante et sa musique aussi habitée que fantasmagorique. Qui plus est le hasard ˗ ou pas ! ˗ du calendrier faisant bien les choses, l'excellent label californien The Flenser réédite quelques mois plus tard, avec la coopération d'Enemies List Home Recordings (label du groupe), leur tout premier album. Une édition grand luxe qui arrive à point nommé, Deathconsciousness (sorti en 2008) étant introuvable ou hors de prix, permettant aux uns de régulariser et aux autres de se plonger un peu plus dans l'univers de cet énigmatique entité.
Si les sonorités se font ici un peu moins ritualistes que sur la dernière œuvre, vous retrouvez ce subtil mélange de shoegaze/post-punk/noise/drone d'une sinistre noirceur, cher au duo Dan Barett et Tim Macuga (Cf. leur autre groupe de black/noise Nahvalr). Les Américains posent donc les bases sur ce premier album conceptuel des plus colossaux ˗ fruit de cinq années de travail acharné ˗ traitant de l'histoire sombre et oubliée du culte Antiochien. Un livret explicatif et illustré, divisé en sept chapitres, accompagne le vinyle afin que l'auditorat puisse saisir toutes les subtilités mais aussi s'immerger pleinement dans cette atmosphère à la fois vaporeuse et ultra négative. Les paroles sont d'ailleurs retranscrites dans les parties 5 et 6, Deathconsciousness se composant de deux parties distinctes avec « The Plow That Broke The Plains » (nom tiré d'un documentaire U.S datant de 1936) et « The Future ».
Un double album des plus ambitieux s'ouvrant sur un long titre instrumental « A Quick One Before The Eternal Worm Devours Connecticut » tant brumeux que féerique qui agit telle une douce brise avec des influences marquées par la dream pop et notamment Grouper. Un côté à la fois rêveur mais aussi très noir et mélancolique ˗ à l'image du film The Virgin Suicides ˗ qui joue avec vos nerfs ainsi que vos émotions par cette sensibilité exacerbée. Le chant clair à la fois nonchalant et « emo » de Dan et Tim ne fait que renforcer ce sentiment de mal-être profond sur « Bloodhail » plus noisy et dépressif, renvoyant à Joy Division. La lente agonie se poursuit donc ˗ titre après titre après titre ˗ avec ce son lo-fi qui vous étouffe peu à peu et où les belles mélodie à la Slowdive (« Who Would Leave Their Son Out in the Sun ») viennent se percuter à la froideur du post-punk. Une alternance permettant à l'auditorat, non pas de souffler ou trouver un quelconque répit, mais de ne pas décrocher malgré la durée éprouvante de Deathconsciousness.
Car il faut les encaisser ces une heure vingt-trois de 100 % pur jus négatif avec des paroles tant âpres qu'opaques, teintées de mysticisme, couplées à une langueur venimeuse où la mort trône telle une reine immortelle. Vous vous étonnerez toutefois à dodeliner mollement de la tête sur les tubesques « Bloodhail », « Telefony » ou encore « Waiting For Black Metal Records To Come in The Mail » mais cela ne durera qu'un petit temps. Le reste vous le passerez à ployer sous la froideur mordante qui sera renforcée par des sonorités indus et noise notamment dans le second chapitre « Future » ainsi que lors du passage de relais sur le dernier morceau instrumental de la première partie « There is No Food ». L'ombre de Sunn O))) plane sur celui-ci avec ce bourdonnement caractéristique et ce martellement oppressant, faisant s'affoler et s'agiter votre cœur dans sa cage. Deep ! Deep ! Deep !
En effet l'avenir ne sera pas plus doux ou glorieux que notre obscur passé, la fatalité planant au-dessous de vos têtes et frappant au hasard sans crier gare, la mort prenant toujours de nouvelles formes. Inutile de cherche le moindre rayon de lumière donc, l’œuvre des Américain est nihiliste au possible, le titre « I Don't Love » étant le plus bel exemple. Une seconde partie aux sonorités plus modernes où les parties atmosphériques à la fois électriques et aériennes vous ramène à l'univers de Jesu (l'album éponyme), mais qui souffre de quelques longueurs sur certains titres comme « Earthmover ». De plus « Holy Fucking Shit- 40,000 » ˗ semblant-être une vaste blague et/ou portant bien son nom ˗ n'arrange rien avec son intro à la Trio (groupe allemand) « Da, Da, Da », son côté tout aussi cheap que kitsch et cet electro, également passé de date, déversé en milieu de morceau qui fera fuir bon nombre d'entre vous.
Cependant malgré cette petite faute de mauvais goût ainsi que le côté quelque peu confus de la partie « Future » Deathconsciousness n'en reste pas moins ˗ pris dans son ensemble ˗ un premier opus extrêmement ambitieux, novateur et réussi qui réjouira les aficionados de musiques sombres et inclassables.
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