Deux ans après un
« Suicide Season » réussi, les british les plus détestés de la planète Metal remettaient le couvert, bien décidé à se dépatouiller encore un peu plus de cette étiquette Deathcore leur collant aux basques depuis leur première livraison. « There Is A Hell, Believe Me I've Seen It, There Is Heaven, Let's Keep It A Secret » fut aux premières écoutes, lors de sa sortie en 2010, nettement moins pharaonique que son intitulé puisque j'avais gardé en mémoire quelques titres seulement. Il faut dire que cet artwork était assez énigmatique même si évidemment en corrélation avec le titre, si bien que je me demandais à l'époque si Bring Me The Horizon ne se perdait pas un peu dans ses digressions musicales. Aujourd'hui, mon avis sur cet album s'est amélioré mais il garde néanmoins cette connotation « patchwork » quelque peu gênante qui en fait une sortie moins importante que celle qui la précède mais aussi que celle qui la suit.
On ne va pas se mentir, l'ouverture est presque choquante, poussant les bidouillages vocaux à un niveau approchant Crystal Castles et incorporant une outroduction quasiment Folk. Néanmoins « Crucify Me » retient l'oreille et revient en tête avec une rapidité supersonique. Après un débroussaillage auditif permettant de faire le tri dans la construction du titre il s'avère être une entame jouissive, tendue et vraiment riche en émotions. Le petit passage final ou on a le droit aux
« And you say can save me, don't hope to ever find me » donne envie de tendre ses mains vers le ciel. Et si on tend ses mains vers le ciel, c'est que ça défonce, n'importe quel pratiquant vous le dira. Une grosse décharge de Post-Deathcore-sauce-post-rock, il faut avouer que ça nous avait manqué et à la réflexion on peut s'incliner sur le travail sur les arrangements qui a du être immense, surtout vu la durée gargantuesque du truc (six minutes vingt pour une ouverture...).
« Anthem » revient aux classiques de la formation sur sa première partie : voix éraillées, punchlines d'adolescent fracassant sa mobylette à coup de Nike Air et breakdown sous infrabasses. Dans la suite du titre, le quintet nous refait un petit coup de « Death Breath », balançant quelques guitares réverbérées pour atteindre le quota de sentiments nécessaires. D'ailleurs, « Anthem » fait partie de ces titres (« Alligator Blood », si vous voulez un autre exemple...) que j'ai découvert plus tard, leur concédant bien volontiers une efficacité indéniable au jour d'aujourd'hui. Nous n'avons que très peu de répit avant de manger un « It Never Ends », fortement promu sur le net grâce à son clip volontairement kitschouille-second-degré (que beaucoup ont pris au premier degré, bien évidemment puisque que c'est écrit Bring Me The Horizon dans la légende...). Qu'on se le dise, ce morceau est monstrueux. Et si ça ne vous fait rien quand vous écoutez le passage à 3.50 minutes, avec le petit clavier tristounet et les
« And every second, every minutes, every hour, every day, it never ends », je suis au regret de vous annoncer que vous n'avez pas de cœur ou que vous n'avez jamais été jeune dans votre vie.
Bon, je ne vais pas faire l'album en track by track, ce serait trop long. Concentrons-nous un peu sur les surprises présentes, notamment « Fuck » avec son argumentation textuelle toute Oliver Sykesienne. Ce titre est à coup sûr un de ceux qui divise le plus l'auditeur. Non pas qu'il soit mauvais dans sa composition mais le refrain est un peu un coup d'essai pour ce qui sera amélioré sur « Sempiternal » : un chant clair effectué par le guest Josh Franceschi de You And Me At Six que je trouve franchement trop niais pour être efficace. « Don't Go » s'en tire mieux, elle peut comme « Fuck » rappeler ce qu'ils feront par la suite mais le cocktail est nettement plus réussi sur ce titre, proposant un chant personnel et habité de la part de Sykes et une mélodie toute en montée, surplombée par un ajout de chant féminin fort bien amené. Au registre des titres surprenants, on citera la doublette finale « Blessed With A Curse » et son finish « Fox And The Wolf ». Une construction progressive, électronique faisant la part belle aux passages presque Indie sur les couplets qui font encore une fois presque office de transition pré- « Sempiternal ». On sent sur ce style de titres que le groupe fait des efforts pour arranger ses compositions, les rendre plus mature et plus touchantes, avant de finir sur le dernier titre par une dernière décharge de brutalité.
Le reste des titres s'axe dans un aspect Post-Deathcore assez travaillé mais manquant toutefois de réussite sur certaines pistes. « Home Sweet Hole » par exemple, aurait mérité une mélodie plus adaptée à sa charge émotionnelle et il en est de même pour d'autres morceaux. C'est en fin de compte ce que je reproche à cette troisième full-lenght des habitants de Sheffield : des influences post-rock ou électroniques qui semblent parfois collées sur les pistes un peu au hasard, un défaut qu'ils corrigeront par la suite mais qui reste un peu handicapant ici. On ressort de cet album avec l'impression que Bring Me The Horizon se cherche, alternant réussites épiques et morceaux moins catchy et plus passe-partout, même si ces derniers restent tout de même sympathiques à l'écoute. Un album qui donne par moment le sentiment d'être un vaste terrain de jeu et d'expérimentations mais qui cependant ne floue pas son acquéreur, ce dernier y trouvant tout de même un compte plus que correct de bons moments.
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