Forced Order - Eternal War
Chronique
Forced Order Eternal War (EP)
Historiquement, le hardcore a été marqué par différentes scènes aux identités aussi personnelles que variées, souvent associées à des zones géographiques plus ou moins précises – New York, Boston ou DC pour ne citer que les plus connues. Comme je suis un mec jeune, j'essaye de voir les choses d'un œil moderne, et force est de constater que depuis quelques années il y a un coin aux Etats-Unis dont la scène est redevenue particulièrement active : la Californie. A vrai dire, il s'agit surtout d'un noyau dur de quelques musiciens formant sans cesse de nouveaux groupes et collaborant ensemble – comme la clique s'agitant immuablement aux côtés de Justin DeTore à Boston. En Californie, tout gravite plus ou moins autour d'un certain Taylor Young qu'on retrouve à la production.
L'accusé Forced Order qui comparaît devant vous en ce jour plaide coupable d'être une version 2.0 de cette scène californienne. Je vous annonce le pedigree de suite : deux mecs de Twitching Tongues/Disgrace, deux mecs de Soul Search et le chanteur des défunts Harness pour compléter le line-up. Si vous avez des affinités avec les groupes cités, vous savez à quoi vous attendre, sinon le sticker promo donnerait dans le « metal infused hardcore from the 90's ». Rien qu'en écrivant ces mots je me sens faiblir. J'ai beau avoir une relation houleuse avec Integrity, il faut bien dire que lorsque ce hardcore « Clevo style » est joué à la sauce For Those Who Fear Tomorrow ça ne me laisse pas insensible. Attention cela dit, Forced Order joue du Integrity dépouillé de tout ce qui rend le holy terror si particulier : oubliez la ferveur anti-religieuse et les visions mélodico-apocalyptiques. Quoique, les soli ça-et-là sur Eternal War peuvent rappeler Aaron Melnick lorsqu'il endossait le costume du guitar hero à l'époque.
Alors, le chaînon manquant, quel est-il ? Je serais tenté de vous dire In Cold Blood – cf. la pochette de Hell On Earth pour les sceptiques – car la guerre menée par Forced Order tient moins du spirituel cher à Dwid que du concret. L'homographie quasi parfaite avec le mot anglais « concrete » dont la polysémie est ici ô combien adaptée puisqu'il signifie à la fois « concret » justement mais aussi « béton », résume la volonté des californiens d'envoyer une série de parpaings blindés dans la tête. Rien d'étonnant à vrai dire : alors que Integrity partait en croisade avec des silex et des bouts de bois taillés en pointe, Forced Order lui tape dans l'armement d'atomisation auditive disponible de nos jours : la production made in The Pit transforme ce 7" en Panzer écrasant tout sur son passage.
Non contents de bénéficier d'un son dopé aux hormones et d'une formation militaire metal hardcore de qualité, les gars se paient aussi le luxe de synthétiser tout ce qu'il y a de plus meurtrier chez leurs autres influences. Ils chargent au front sous l'impulsion des riffs nerveux et incisifs de Disgrace/Merauder comme le prouve de façon frappante « Cut Deep » ; opération pilonnage lancée à coups de breakdowns saccadés qui rejoignent les rangs de ceux de Songs Of Suffering, tout ça sous le commandement d'un chant raw as fuck mettant une calotte à la concurrence sur le flow, la puissance et le dynamisme. Forced Order ne lésine pas non plus sur les mines anti-personnelles – planquées par exemple sous « Vengeance Is Mine » – pour sanctionner les jambes trop immobiles. Je ne trouve pas un seul riff à jeter et ce n'est pas la slam part finale de « Downcast » qui viendra me contredire !
Je pourrais aussi parler de la batterie, mais elle remplit évidemment trop bien sa tâche, entre rythmiques hargneuses et ralentissements à se briser la nuque. S'il fallait vraiment formuler une critique à l'égard de ce 7", je dirais pour ne pas trop avoir à me mouiller que le chant y est moins inhumain que sur l'EP de Harness. Eternal War réussit le pari de s'inscrire dans son époque sans se contenter d'un vulgaire collage sans identité. La lourdeur déployée durant la fin de « Sanctify » et sur le main riff de « Dead & Gone » est à elle seule suffisante pour placer le groupe à côté de God's Hate sur le podium heavy hardcore de l'année. Pendant 10 minutes la seule chose en tête c'est de ne pas se faire planter, ça arrose dans tous les sens... un champ de bataille où les barbelés fleurissent à foison.
| KPM 23 Décembre 2014 - 485 lectures |
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