King Woman - Doubt
Chronique
King Woman Doubt (EP)
King Woman, c'est du Doom, certes. Mais, quand même, c'est différent des autres. Et c'est probablement pour ça que c'est moi qui vous en parle et pas quelqu'un de plus qualifié en la matière. Sorti chez The Flenser Records, label dont il est toujours louable de rappeler les différentes sorties de qualité, c'est d'abord le projet de l'ex-chanteuse de Whirr : Kristina Esfandiari. Donc cette brave Kristina, une fois éjectée du groupe de Shoegaze de San Francisco, a décidé de former un groupe de Doom/Drone/Shoegaze, à mi-chemin entre SubRosa, Black Sabbath et Sunn O))).
En guise de probable amuse-gueule avant l'arrivée d'un album longue-durée, voilà donc que déboule « Doubt », court E.P de quatre titres. « Court » est un terme qui prend tout son sens dans cette chronique. Je pense que ces quatre compositions sont destinées aux gens comme moi, c'est-à-dire ceux qui ont vraiment du mal à enquiller un album de Drone-Doom-Sludge (rayez la mention inutile) avec neuf titres de huit minutes. Voyez-vous, j'ai une maladie du cerveau qui me prend à chaque fois que j'essaye d'écouter ce genre de trucs : la lassitudoïte aiguë. Et ça tombe bien puisqu'ici rien ne traîne, la moyenne des titre avoisine les quatre minutes et j'arrive à écouter ça sans problèmes. Mieux encore, j'y trouve du plaisir ainsi qu'une vraie patte artistique. C'est d'ailleurs la raison qui m'a poussé à faire la chronique.
Parlons-en justement. Là encore l'ambiance, en contradiction totale avec un style qui essaye généralement d'instaurer une forme de malaise, développée chez King Woman est diablement fraîche, voire presque soyeuse et délicate. Bien sûr, le propos reste sombre et appelle à une certaine vision de la tristesse (« Wrong ») où carrément de la dépression notamment sur le final du dernier morceau. Mais étrangement, je repère également de la beauté dans ces pièces, construites comme de longues introspections et de longs questionnements dans un paysage décidément bien gris. L'exemple est parfaitement flagrant sur ce « King Of Swords » et ses guitares aux échos aériens, sublimées en prime par la voix franchement remarquable de Kristina Esfandiari. La demoiselle (et c'est pour cela que j'ai cité SubRosa plus haut) arrive à toucher du doigt la beauté en évitant avec brio les écueils de la niaiserie ou du chant façon Doom à l'ancienne.
Bien sûr, une petite vingtaine de minutes à vu de nez, c'est un peu court pour crier au génie mais néanmoins, je trouve que « Doubt » offre une lecture très intéressante à un genre qui d'habitude ne me parle absolument pas. « Burn » par exemple montre que le quartet à la parité sexuelle exemplaire en a sous le pied et risque bien de nous bluffer si jamais ils continuent dans cette veine contemplative. Sur ce titre, les seuls effets sur la guitare suffisent à nous transporter dans un univers soigné et voulu par la formation. Ce qui frappe, c'est donc cette cohérence dans le propos musical qui assure à King Woman une particularité, un style et des émotions. Pour un premier E.P, je dois dire que c'est franchement pas mal.
Il faudra donc guetter du coin de l’œil l'arrivée d'un full-length qui permettra de confirmer ou d'infirmer le sentiment que j'ai eu à l'écoute de « Doubt ». Pour les curieux, il est fortement recommandé de se pencher sans plus tarder sur ce très bon disque qui ravira les adeptes d'ambiances féminine et de dualité entre lourdeur et légèreté.
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