chargement...
Remontez pour accéder au menu
250 visiteurs :: Invité  » se connecter

King Woman - Celestial Blues

Chronique

King Woman Celestial Blues
L’époque où le doom metal se conjuguait au féminin semble bien lointaine. Des groupes ayant marqué cette période, peu sont aujourd’hui encore en activité, après l’arrêt de SubRosa, le coma de Jex Thoth, le revirement de The Wounded Kings... À l’exception de l’attente de nouveaux albums de Undersmile et Messa, ce sous-genre est entré en léthargie, exception faite des wagons de doom anonyme à l’ambiance de sorcière sans grande originalité (on se permettra de juger sur pièces les futures œuvres de Solstice et Dead Witches, tant le risque d’accident industriel est fort).

Ainsi, quand King Woman arrive avec un second album, une impression étrange l’accompagne. Non pas que le voir exister fait lever les épaules avec désintérêt, mais on n’espère plus nécessairement grand-chose d’un exercice de ce style, malgré l’excellente surprise que fut Created in the Image of Suffering en 2017. La formation menée par Kristina Esfandiari saura-t-elle raviver la flamme d’un genre aujourd’hui moribond ?

Oui et non. Car – autant attaquer de front ce qui gêne au départ et ne disparaît jamais vraiment malgré les écoutes répétées et de plus en plus convaincantes – Celestial Blues ne se déshabille jamais d’une humilité, d’une simplicité, faisant que l’on a du mal à le porter aux nues en dépit de qualités indéniables. Peut-être l’absence de grands moments, ceux qui éclataient sur Created in the Image of Suffering au point d’illuminer le reste, rend ce disque trop timide ; peut-être une certaine lassitude dans certaines ritournelles affaiblit le plaisir ressenti ; peut-être trouvons-nous le disque tellement porté par sa figure centrale que le reste peine à enthousiasmer outre-mesure… Peut-être un peu tout cela, qui continue de gratter et déranger quand vient l’heure de juger et ce, malgré que l’on soit certain d’être face à un grand disque, aussi symbolique d’un sous-genre qu’y mettant une certaine fin, l’emmenant vers un ailleurs des plus intéressants.

Pourtant, rien n’a changé sur le papier chez ce projet particulièrement original sans l’appuyer, au point que sa présentation lors de la chronique de Created in the Image of Suffering, le définissant comme « avant tout une rencontre avec cette femme, qui convoque Hazard County Girls, L7, Fvnerals, SubRosa évidemment mais également Acid King et ses plus grandes heures d'amour (III, c'est-à-dire) dans son église, où elle déclame de son pupitre une oraison lascive et grave » étant toujours de mise. Ainsi, on retrouve avec délice cette voix surplombant les autres instruments, devenant elle-même nappe atmosphérique (« Entwined » ou encore « Ruse ») ou lame tranchante (« Coil » ; « Psychic Wound »). King Woman a affiné son style, assumant plus franchement ses penchants grunge et shoegaze se mêlant délicieusement avec un doom metal mélancolique. L’explosion du morceau-titre passée – seule composition visant une majesté évoquant le précédent longue-durée de la bande –, c’est dans une dentelle protéiforme qu’évolue cette musique aussi accessible que personnelle.

Un constat qui pourrait faire de Celestial Blues une simple suite un brin moins convaincante que sa grande sœur, un meilleur équilibre en plus mais l’effet de surprise en moins. Mais cela serait passer outre le sentiment palpable d’assister aussi bien à une mise à nue qu’à une renaissance de la part de King Woman, un renouveau qui laisse espérer de grande chose pour l’avenir. On a eu raison de tiquer sur cette pochette, déplaisante au premier abord puis intrigante : elle exprime une volonté de s’affranchir des codes typiques de « la femme fatale un brin inquiétante » vus et revus dans le genre, embrassant totalement l’intimité d’un propos pour le porter au rang d’art. Les ailes coupées, la sexualité maquillée, une cigarette dans la main, Kristina Esfandiari quitte les atours enjôleurs qu’elle usait auparavant pour embrasser cette figure d’être androgyne et mythologique, désarmant et altier. Les paroles, abordant différents mythes et textes religieux sous un angle personnel, amplifient la portée de ses modulations d’un chant déclamant, éructant, traînassant et fracassant, toujours avec une certaine sauvagerie racée (« Golgotha » et « Morning Star » en étant les meilleurs exemples).

Pour peu, on proclamerait que King Woman mérite ici désormais son nom, quittant la féminité dans laquelle on cherche à l’enfermer pour assumer son caractère trouble, monstrueux et cependant… beau, anormalement, singulièrement beau. Mais Celestial Blues, pour les raisons évoquées plus haut, ne parvient pas tout à fait à enchanter autant qu’on le voudrait. Il n’en reste pas moins une œuvre qui fera personnellement date dans un style qui avait bien besoin d’être remué. La suite est évidemment particulièrement attendue.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
King Woman
Atmospheric Doom Metal
2021 - Relapse Records
notes
Chroniqueur : 7.5/10
Lecteurs : (3)  6.83/10
Webzines : (5)  7.45/10

plus d'infos sur
King Woman
King Woman
Atmospheric Doom Metal - 2009 - Etats-Unis
  

vidéos
Morning Star
Morning Star
King Woman

Extrait de "Celestial Blues"
  
Psychic Wound
Psychic Wound
King Woman

Extrait de "Celestial Blues"
  

tracklist
01.   Celestial Blues  (04:36)
02.   Morning Star  (03:53)
03.   Boghz  (05:23)
04.   Golgotha  (06:04)
05.   Coil  (03:01)
06.   Entwined  (06:04)
07.   Psychic Wound  (03:20)
08.   Ruse  (04:18)
09.   Paradise Lost  (04:10)

Durée : 40:49

line up
parution
30 Juillet 2021

voir aussi
King Woman
King Woman
Doubt (EP)

2015 - The Flenser
  
King Woman
King Woman
Created in the Image of Suffering

2017 - Relapse Records
  

Essayez aussi
Drug Honkey
Drug Honkey
Cloak of Skies

2017 - Transcending Obscurity Records
  
Âge ⱡ Total
Âge ⱡ Total
Âge ⱡ Total

2021 - SOZA
  

Frightmare
Bringing Back the Bloodshed
Lire la chronique
Deadspeak
Plagues Of Sulfur Bound
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Janvier 2025
Jouer à la Photo mystère
Disarray
Religious Disease
Lire la chronique
Loudblast
Altering Fates And Destinies
Lire la chronique
Agressor
Symposium of Rebirth
Lire la chronique
Corrosive Elements
Cut The Serpent's Head
Lire la chronique
Terminal Violence
Moshocalypse
Lire la chronique
Mass Disorder
Hupokrisis (EP)
Lire la chronique
Oozing Wound
We Cater To Cowards
Lire la chronique
Lifeless Dark
Forces Of Nature's Transfor...
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Décembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Refore
Illusion of Existence
Lire la chronique
Dunkell Reiter
Thrash Never Dies
Lire la chronique
Agressor
Towards Beyond
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Décembre 2024
Jouer à la Photo mystère
The Black Dahlia Murder
Servitude
Lire la chronique
Prestige
Reveal the Ravage
Lire la chronique
Witches
The Fates
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Novembre 2024
Jouer à la Photo mystère
La photo mystère du 1 Novembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Deceased
Children Of The Morgue
Lire la chronique
Enforced
A Leap Into The Dark (EP)
Lire la chronique
Muscadeath 2024
Lire le biographie
Ireful
Agents Of Doom
Lire la chronique
Muscadeath 2024 Jour 2
Aborted + Ad Patres + Disfu...
Lire le live report
Scumripper
For A Few Fixes More
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Morbid Saint
Swallowed By Hell
Lire la chronique
Machete Law
Chains of Despair (EP)
Lire la chronique
Scolopendra
Citadel Of Torment (EP)
Lire la chronique