Mitch avait été très sévère avec un des groupes les plus décriés des temps modernes dans sa chronique de
« The Cleansing ». Mais depuis ça, de l'eau a coulé sous les ponts et Mitch est mort. Enfin, pas le nôtre hein rassurez-vous, le leur. Tu bois trop, tu décides de faire de la moto et tu fais très vite connaissance avec le lampadaire qui borde le bas-côté de la route. Pouf, tu finis comme feu Mitch Lucker. Je vais tout de suite être franc avec vous, j'ai aimé tout les albums des Californiens. J'ai trouvé que
« The Cleansing » était très efficace avec son côté expéditif et rentre-dans-le-lard, que « No Time To Bleed » apportait une nuance dans le propos et s'axant vers une atmosphère plus sombre, plus torturée et je trouve que leur dernier disque
« You Can't Stop Me » a le mérite d'exister et d'apporter une lecture plus complexe au Deathcore des ricains. Mais aujourd'hui, on va s'intéresser au troisième disque de Suicide Silence qui est également le testament musical de leur ex-chanteur : « The Black Crown ».
Si « No Time To Bleed » se posait beaucoup de questions et apparaissait nettement plus sombre que la moyenne des sorties Deathcore, « The Black Crown » est un retour au source. L'objectif est très clairement affiché : composer des hymnes en puissance. Pour ça, le quintet s'est décidé à mixer un peu tout ce qui faisaient leur succès, c'est-à-dire des Mosh-Parts, des riffs proto-Death qui tapent dans le nez et des passages un peu plus enjoués trouvant leurs racines dans le Néo-Metal. « You Only Live Once » (qui forme Y.O.L.O., notons-le et dont la signification cachée semblait être « J'fais de la moto bourré, Yooolooo ! »), annonçait franchement la couleur avec un titre des plus catchy, comportant des références visuelles à The Strokes (dans le clip, le titre et les paroles) et enchaînant des Mosh-Parts qui peuvent décorner le bœuf, le bouc et Jonathan Davis en même temps. Parlons-en tiens de Davis puisqu'il fait une apparition sur « Witness The Addiction » et nous ruine la chanson avec une ligne vocale des plus ridicule. Voilà, ça, c'était donc LE défaut numéro un de « The Black Crown ». Vous pouvez prendre un compas et rayer votre album pour que la piste numéro sept saute et vous verrez qu'avec ce conseil, je vous rends un sacré service.
Pour le reste ce n'est franchement pas loin d'être du tout bon. Non, non je ne déconne pas. Prenez un titre comme « Fuck Everything », sérieusement tout y est. Des ralentissements, des mosh-parts en-veux-tu-en-voilà, des paroles complètement mongoles qu'on peut hurler comme une andouille, des petits coups de Bass-Boost pour faire résonner un peu le truc... Oui, le riff est complètement abruti, ça c'est sûr mais du coup il conserve une animalité, un aspect frontal. Ce titres est franchement représentatif du reste du disque. Suicide Silence est au Metal, ce que Migos est à la Trap Music, un divertissement des plus abrutissant mais également parmi les plus efficaces. Même quand ils essayent de poser une ambiance comme sur le début de « The Only Thing That Set Us Apart », la formation n'est jamais aussi douée que lorsque qu'elle balance la purée sur le couplet qui suit.
Et plus encore que les riffs ou l'agencement des morceaux, ce qui fait beaucoup sur « The Black Crown », c'est sa production. Surpuissante et vraiment fine au niveau de la qualité d'enregistrement, elle conserve paradoxalement un côté organique et un rendu sale, dégoulinant comme pour insister sur une volonté de taper directement dur, d'être dans l'instant plutôt que d'être dans une globalité. L'album s'apprécie sur la seconde, sur la minute et probablement nettement moins sur un concept où un bloc musical indivisible.
On pourra toujours reprocher à ce disque de n'être qu'un gargantuesque réservoir à titres conçus pour le live dont l'intérêt est limité dans leurs versions enregistrées. Certes, seulement, « The Black Crown » a assez Punch pour arriver à remuer vos derrières en toute circonstances. Ce choix d'aller vers l'instantané et le primitif permet de transcender la notion de scène et de l'importer dans votre salon. Que ce soit sur l'entrée en matière directe et burnée (« Slave To Substance »), sur l'expéditif, thrashy et punkisant « Human Violence » ou encore sur le final façon martèlement de pistons d'usine métallurgique (« Revival Of Life »), Suicide Silence se concentre toujours sur l'idée d'être un groupe de live en studio. C'est cette simple idée de l'énergie communicative qui fait de « The Black Crown » un disque de qualité puisqu'il n'est ni la plus violente, ni la plus ambiancée, ni la plus technique de leurs sorties.
Idéal pour accompagner le démontage d'une cloison à la masse, pour travailler son KDS dans son salon, pour le jour où vous êtes très colère ou encore pour coller sa raclée à l'azote, parce qu'il y en a soixante-quinze-pour-cent dans l'air et qu'il ne sert quasiment à rien, cet enculé.
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