Mindflair - Scourge of Mankind
Chronique
Mindflair Scourge of Mankind
Sans être l’une des formations les plus populaires du genre, cela fait maintenant 18 ans que les Allemands de Mindflair nous distillent un Grindcore de grande qualité, n’hésitant jamais à briser les codes du genre pour nous proposer une musique variée sortant souvent des sentiers battus d’un style habituellement pas vraiment réputé pour son éventail d’ambiances. Les Allemands eux ont donc su expérimenter en agrémentant son Grind d’influences diverses et ont su faire évoluer leur musique en se montrant de plus en plus innovants, en puisant notamment son inspiration dans des scènes habituellement étrangères au style pratiqué ici. C’est ainsi qu’au début de leur carrière les influences Reggae allaient plus loin que les Dreadlocks du chanteur sur la musique du groupe, qui s’est mutée au fil du temps en un concept plus sérieux, les influences Reggae cédant leurs place au Crust et au Sludge.
Mindflair se sera fait attendre sur ce coup là, le dernier rejeton du groupe paraissant 10 longues années après la sortie de son prédécesseur Stagnation, en 2005. Néanmoins le groupe ne semble pas s’être reposé sur ses lauriers durant l’intégralité de ce laps de temps, étant donné l’évolution notoire de la musique du combo. Les compositions de cette nouvelle offrande se montrent donc plus personnelles, plus profondes et surtout beaucoup, beaucoup plus variées et finement ficelées. Si Mindflair a toujours été dans le haut du panier, il réalise ici certainement son meilleur album et nous ferait presque pardonner ces longues années de silence.
Pourtant les débuts de l’album sont quelque peu balbutiants, les deux premiers titres nous montrant un visage du groupe bien classique et une fois le plaisir d’entendre de nouvelles compositions du groupe atténué, on se surprend à se dire que l’attente n’en valait peut être pas la peine. Heureusement le groupe répond à ces interrogations précoces avec un "Greed" saisissant, aux réminiscences Sludge très marquées et remarquablement contrastées par des accélérations régulières d’une puissance assez phénoménale. Cette chanson se voit également offrir l’honneur de nous familiariser avec ce riffing qui sera si particulier à l’album jusqu’à la dernière piste. Un riffing inhabituel pour du Grindcore, austère et pessimiste, où la note finale de chaque pattern de guitare tombe lentement et inexorablement avant d’être rattrapée in extremis par la première de la phrase suivante. Ce type d'artifice en est pour beaucoup dans l’effet rampant d’une grande partie de l’album, dont l’ambiance se divise d’ailleurs entre la déprime véhiculée par ce riffing et les coups de folie propres aux passages Grincore plus classiques. La très bonne conclusion de l’album, "Theatre of the Absurd", en est d’ailleurs certainement le meilleur exemple, où ces deux ambiances bien distinctes ce répondent tour à tour, créant un paradoxe saisissant et jouant sans cesse de nos émotions.
Mindflair réalise donc un très bon coup avec Scourge of Mankind et signe un album très personnel et réussi, sortant souvent très agréablement des carcans d’un style qui peut très vite devenir trop caricatural. Même si les Allemands semblent très attachés au Grindcore, qui reste la touche principale de l’album, ils n’hésitent donc pas à adopter un riffing très particulier pour le style et à agrémenter sa musique par des décélérations et autres passages rampants bien sentis. La triplette finale de l’album vaut à elle seule l’écoute de cette galette qui marque un très bon retour aux affaires du groupe, et surtout une évolution très intéressante. Il est également bon de noter que grâce à ses passages plus tempérés Scourge of Mankind n’est pas à conseiller qu’exclusivement aux amateurs de Grind, mais bien à tout amateur de musique extrême.
Enfin, je me suis tout de même senti obligé de préciser « musique extrême » car, même si j’ai appuyé tout au long de ma chronique sur le fait que Mindflair nuance souvent son propos, il n’en reste pas moins que cet album reste un exutoire parfait après une dure journée de boulot et des chanson comme "Flow" ou "Sunprotectionfactor 13", qui viennent allégrement fleureter avec le Crust, ne sont tout de même pas à mettre entre toutes les oreilles. Néanmoins, si vous n’êtes pas réticents à quelques bonnes bourrades auditives je ne peux que vous conseiller de vous procurer ces 25 minutes de pur bonheur.
| Høsty 10 Mai 2015 - 720 lectures |
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