Nachtblut - Antik
Chronique
Nachtblut Antik
Toute ressemblance avec des personnages existants est tout à fait volontaire.
Dimanche, 24 Décembre. Un soir béni des dieux, où de jeunes marmots placent leurs espoirs les plus saugrenus dans un bout de papier considéré comme le Saint-Graal : la lettre au père Noël. Et dans une chaumière de la charmante Nancy, une petite fille connue pour ses longs cheveux roux et sa passion pour Die Antwoord se livra à cet exercice, en espérant recevoir de l'être qu'elle aime tant (je ne parle pas de son étrange colocataire) des présents inestimables.
Matpewka : « Cher Papa Noël. Cette année, j'ai été une chroniqueuse très sage. J'ai défendu bec et ongle le dernier Amenra face à mon intransigeant collègue, j'ai écrit des live-reports à foison, j'ai exprimé mon amour inconditionnel pour Archgoat et je n'ai même pas inséré de gros mots dans mes papiers. Ça fait de moi une personne exceptionnelle. C'est pour ces raisons que je vous demande : un poney magique, une guitare à dix cordes… oh, et le meilleur disque de black metal allemand de l'univers. En vous remerciant par avance d'accéder à ces modiques requêtes. Matpewka »
Laponie, le même soir (parce qu'il paraît que la poste lapone est très, très rapide le 24 Décembre). Un vieillard de rouge vêtu s'apprêta à lire les requêtes de ses nombreux admirateurs. Mais une lettre à l'écriture ronde et appliquée attira immédiatement son attention. Hélas, son contenant ne fut pas au goût du vénérable homme des neiges.
Papa Noël : « Chère Matpewka. Voilà une lettre qu'elle est aussi adorable que mensongère. Voyez-vous, mon enfant, l’œil bienveillant que je garde sur chaque chroniqueur de Thrashocore s'est empli de larmes à la lecture de vos écrits sur la dernière sortie de Peste Noire. Je m'en suis retrouvé courroucé, et ça, à mon âge, ce n'est pas très bon pour mon petit cœur. Mais dans ma grande bonté, je suis prêt à faire preuve d'une extrême clémence. Au diable le canasson et la guitare, je préfère vous instruire en solfège plutôt que de vous conférer un quelconque amusement. Ainsi je vous offre un exemplaire d'Antik, de Nachtblut. Une formation qui m'est chère, tant elle remplit mes esgourdes d'une incommensurable allégresse. Je souhaite que vous en fassiez bon usage, jeune fille, et que vous retrouviez ainsi le droit chemin. »
Des jours durant, la jeune femme à chevelure de feu écouta le disque. Encore et encore. Au plus grand désarroi de son collègue émo.
Matpewka : « Cher Papa Noël. Aujourd'hui, je décide de prendre ma plume pour vous faire part de ma peine. Et de ma colère, également. Je crains de ne saisir la substantifique moelle de ce chef d’œuvre qu'est Antik. J'ai le malheur de vous annoncer que ma définition du black metal est également aux antipodes de la vôtre. Comment est-il possible de prendre au sérieux ces cinq charlots qui alignent autant de riffs d'une platitude déconcertante? Jamais je n'ai été tirée de ma torpeur par une mélodie de guitare convaincante, qui redonnerait un sérieux coup de fouet à ce vide intersidéral. Le seul élément s'approchant du black dans cet océan de gadoue est le vomi de gargouille que l'on baptisera « chant », semblant en complet décalage avec l'ossature musicale. L'occasion est rare d'entendre une si mauvaise imitation de Dani Filth enroué. Parfois, en soirée, pour s'amuser avec les potes, on peut faire ça aussi. Mais qui a eu la bonne idée de conseiller à Askeroth d'occuper ce poste? Je souhaite que la, le ou les coupables soient pendus en place publique. »
La réponse du père Noël ne se fit pas attendre.
Papa Noël : « Chère Matpewka. Patience est mère de vertu. Laissez du temps au temps. Et pierre qui roule n'amasse pas mousse, tant qu'à faire. J'aligne ainsi les expressions populaires afin de vous faire passer un message : soyez généreuse, et persévérez, c'est aussi ça l'esprit de Noël! J'aime vous voir souff…apprécier la musique à sa juste valeur. »
Écoutant ainsi les judicieux conseils de celui-qu'elle-aime-tant, la jeune fille fit des efforts de patience surhumains. Un réel exploit qui lui coûta une perte d'audition sévère, des maux de tête atroces tous les matins et, surtout, une sensation d'incompréhension qui laisse en elle un grand vide. Sous le poids du désarroi, elle écrivit une dernière lettre à son cher et tendre.
Matpewka : « Cher Papa Noël. Des mois se sont écoulés et chaque jour mes tentatives d'apprécier Antik se sont soldées par un échec. Je commence à avoir la désagréable impression qu'un barbu vêtu d'un ridicule costume rouge et blanc se paye ma tête. Pour en revenir à la pomme de la discorde, je crains ne jamais parvenir à être sur la même longueur d'onde. Ces claviers kitschs dignes d'un mauvais film porno-goth me collent d'incroyables migraines. Tant qu'ils ne servent que de toile de fond, c'est plutôt correct, je prendrai pour exemple « Ijobs Botschaft ». Mais une fois qu'ils ont le premier rôle, leur indigence est difficilement dissimulable. J'ai tenté, en vain, d'apprécier un morceau de cette galette. Mais non, c'est impossible. La mid-tempo « Kreuzigung » dispose certainement des lignes de chant les plus ridicules que j'ai pu entendre depuis des années, sans compter cette mélodie qui manque cruellement de mordant. « Die Blutgräfin » a bien quelques petits coups d'accélérateur mais, encore une fois, le problème des guitares sans vie aucune survient. Aucun refrain ne rentre dans mon esprit, tant ils sont marqués du sceau de la nullité. A croire que Nachtblut est dans l'incapacité la plus complète d'écrire une piste accrocheuse. J'ai bien tenté de sauver « Hexe », qui ne démarrait pas trop mal en dépit d'un son de batterie peu encourageant, mais ça m'est impossible. Cette bonne intention de démarrer en trombe est annihilée par une suite tout aussi morne que le reste du disque. Pourquoi diable calquer chaque titre sur un même schéma? Papa Noël, je me sens trahie. »
Ce dernier bout de papier remplit de fierté l'escalope vegan explosive se cachant sous le costume de père Noël. Dans un élan de joie incommensurable, elle écrivit un dernier message à l'agonisante chroniqueuse.
Papa Noël : « Chère Matpewka. Oh oh oh, c'est tout moi, ça, je suis un petit farceur et je me délecte de la souffrance d'autrui. Évidemment que cette chose est parmi les inventions les plus moisies de la création mais j'avoue, qu'est-ce que je me suis marré en voyant votre visage crispé à chaque intervention vocale de Wannabe-Dani. Pour l'année prochaine, ma chère, soyez sage. Car qui sait quelle surprise je vous réserve encore… et joyeux Noël! »
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