Birds In Row - You, Me & the Violence
Chronique
Birds In Row You, Me & the Violence
« We 're all chemicals, vitamins and minerals ».
Derrière cette citation récente et qui vaut le détour se cache la définition la plus scientifique de l'être humain, de sa composition physique et de ce qu'il est dans le sens le plus neutre du terme. Ah, l'humain, en voilà un sujet qui en aura inspiré plus d'un dans ses pensées, ses créations ou autres divagations de l'esprit. Et il faut dire que l'album qui nous intéresse aujourd'hui fait un bon gros détour dans le sujet. Qui a déjà vu Birds In Row en live saura qu'ils s'intéressent de près aux relations humaines, comme en témoignent leurs discours entre les titres. You, Me & The Violence n'est pas un disque si facile à comprendre qu'il n'y paraît. D'abord, il faut passer outre ce côté musclé, qui gonfle le torse dans sa production surpuissante et à la morphologie des plus sculpturales. Au premier abord, ce disque est une sorte de Végéta en super-saïen, veines apparentes, regard rageur et énergie démultipliée prête à faire péter le compteur de Sentôryoku.
Au fond, Birds in Row n'est qu'amour contrarié, nostalgie, amitié déchirée. En soit, les flash-back de Naruto et Sasuke qui se battent sur le Lac : le Rasengan contre le Chidori. On décuple la force alors qu'au fond, ce n'est qu'une histoire de sentiments. Puis, une course sans fin à la recherche de l'amitié/amour perdus où il reste toujours un espoir. Tout l'album repose sur cette aspiration vaine (« Pilori », « There Is Only One Chair In This Room»). D'ailleurs « Last Last chance » nous fait bien ressentir ce sentiment, comme l'indique le titre du morceau. L'interlude contraste puisqu'elle reste sobre, sans violence. On ne peut décidément pas rester de marbre face à un « The Illusionist », tout est fait pour faire monter les larmes, de désespoir, de colère.
Vous l'aurez compris, You, Me & The Violence , c'est le Blues dans tous les sens du terme, y compris le musical, notamment grâce à ce duo basse/guitare aux sonorités chaleureuses et grassouillettes qui rappellent l'ambiance étouffante d'humidité et de sincérité d'un documentaire comme « The Soul Of Man » et aux accords de guitares exprimés sur l'interlude citée plus haut. Quand aux titres qui impactent le plus l'esprit (« Grey Hair », « Walter Freeman » ou le titre éponyme), ils sont finalement le reflet d'un Kundera, de son « Insoutenable Légèreté de L'Être » ou de ses « Risibles Amours » : hésitants, interrogateurs et perdus dans un doute immuable à tel point qu'on a l'impression que le vocaliste nous questionne nous même sur nos propres dilemmes afin d'y trouver des réponses.
Pour ne pas reprendre le titre d'un morceau de Trisomie 21, Birds in Row représente « La fête triste ». Ces élans de guitare combinés à une batterie qui varie les patterns, ces hurlements à tu-tête (« Police & Thieves »), ou encore cette rythmique presque Punk de « Cages » émanent à eux seuls une envie de rebondir, de se sentir mieux dans sa peau et avec les autres. Seulement, ce qu'on apprend avec You, Me & The Violence est que dépasser tout ce qui nous entoure relève de l'impossible. Il y a quelque chose de profondément adolescent, de candide qui touche une génération spammée de rêve et d'ambition qui ne réussira probablement pas à aller au bout de ses envies. Si je devais résumer cet album, il faudrait passer par les paroles du dernier titre « Lovers have their said ». Cette conclusion de plus de douze minutes, contrastant avec l'ensemble de l'opus, fait parler justement cette génération sous la forme du « nous ».
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