Véhémence - Assiégé

Ah, que j’ai pu sursauter à l’écoute de ce premier album des Français de VEHEMENCE ! Mais si j'ai sursauté, ce n’est pas uniquement de plaisir. J’ai aussi bien hurlé de bonheur que de déception. J’ai eu autant de jouissances que de hauts le cœur ! Et c’est bien simple à expliquer, cet album contient une musique exceptionnelle, mais aussi des vocaux d’une atrocité honteuse. Comment peut-on enregistrer de si mauvais vocaux sur de si bonnes compositions ? Par manque de recul ? De maturité ? De chanteur tout simplement ? Ou alors c’est volontaire et raté ? En tout cas, ce n’est pas ce qui a arrêté le label italien Aeternitas Tenebrarum Musicae Fundamentum. Il a senti l’énorme potentiel et propose donc en septembre 2015 ces 6 titres qui étaient en fait déjà sortis plus d’un an auparavant en autoproduit et en digital.

Je le dis donc tout sec, Assiégé est une véritable pépite de black metal médiéval à l’ancienne. La musique est délicieuse, simple mais d’une efficacité redoutable. Les mélodies sont aussi entrainantes que chez SUNHOPFER, avec une férocité exemplaire qui plonge l’auditeur dans le passé avec autant de réussite qu’un vieux BELENOS. Les images sont instantanées, aussi fortes que celles que créait NOCTIS, groupe que les vieux fans d’Adipocere Records doivent avoir encore en mémoire. Même le visuel s’en rapprochait !



Mais voilà, les vocaux sont problématiques. L’homme ne chante pas, il dégueule son discours. Alors que cela aurait pu être dans un bon sens et apporter de la tension ou de l’agressivité, ce n’est pas le cas. Ils sont tout simplement désagréables, atteignant presque le niveau d’un AGHONE... Ce n’est pas un compliment ! Sincèrement, ce chant aurait pu gâcher les ambiances. Mais la qualité de la musique est telle que je suis passé outre, et que je m’y suis habitué. A défaut de les aimer, ils ne me choquent plus, mais je peux vous dire que je rêve d’une nouvelle version. Il aurait fallu soit trouver un autre chanteur, soit attendre de progresser avant d’enregistrer, soit essayer de trafiquer tout ça avec les appareils formidables qu’on fait maintenant...

Dommage donc vu les plaisirs musicaux qui s’enchaînent tout le long des 45 minutes. Les trois premiers morceaux jouent principalement sur la fougue. Ils assomment dur ! Ce sont des enchainements de riffs tourbillonnants irrésistibles. Et les trois titres suivants laissent plus de place aux subtilités. C’est d’abord « En quête du Graâl » et ses plus de 10 minutes qui insèrent plus de soli mais aussi et surtout un long break à la guitare acoustique, en mode troubadour. Vous allez penser à Kveldssanger d’ULVER, mais en moins chiant puisque ce ne sont que des passages, et pas tout un album dans le style (là, je risque de me faire des ennemis, mais zut, cet album d’ULVER me fait tellement chier !!!). VEHEMENCE présente alors une nouvelle facette, faite de sensibilité torturée. Sur la fin du titre, des claviers old school apparaissent et font une magnifique cerise sur le gâteau. D’ailleurs même les vocaux se font moins désagréables à partir de ce titre, comme si l’ordre des pistes correspondait à l’ordre d’enregistrement et que le chanteur avait progressé au fil du temps. C’est une simple hypothèse, mais le niveau est vraiment monté d’un petit cran !

« Par sombres forêts et vastes plaines » montre d’ailleurs toute la confiance que le groupe a en soi, avec plus de 6 minutes instrumentales portées par la guitare et des chœurs nostalgiques. Et enfin « Chant d’honneur » conclut l’album en beauté, avec tous les meilleurs ingrédients des titres précédents. Il commence lentement pour monter en puissance et délivre une grosse gamme d’émotions diverses, de la mélancolie à la haine en passant par la souffrance. Les défauts du chant ne sont plus qu’un mauvais souvenir. Le timbre est encore loin d’être parfait, mais il n’est plus aussi gueulard et maladroit.

Les vocaux ont bien failli être fatals, mais les compositions sont vraiment fortes. Les ambiances omniprésentes ! je conseille vivement cet album à tous ceux qui ont été interpellé par l’étiquette Black metal médiéval. Groupe à suivre !

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