Mono / The Ocean - Transcendental

Se farcir la chronique d'un split n'est pas forcément l'exercice le plus simple. Évidemment, cette affirmation est parfaitement subjective mais j'avoue avoir une nette tendance à cogiter bien plus qu'à l'accoutumée dans un cas comme celui-ci. D'autant plus que l'objet de cette chronique est loin d'être inintéressant. Transcendental est composé de deux titres, offerts par deux formations qui, sur le papier, n'ont pas grand-chose en commun. Les Japonais de Mono sont plutôt éloignés de l'univers metal et parleront davantage aux amateurs de post-rock, tandis qu'à l'inverse, le collectif allemand The Ocean est bien connu parmi les fans du genre. Vraisemblablement, les liens qui unissent ces entités ne sont pas évidents à déceler. On se rend pourtant bien vite compte à l'écoute du disque que leurs univers peuvent être reliés d'une façon ou d'une autre.

Mono ouvre le bal avec « Death in Reverse », morceau qui frustre autant qu'il enchante. Encore une fois, les Japonais se reposent sur leurs acquis et délivrent une pièce totalement prévisible dans sa structure. La recette nippone n'a plus grand-chose d'originale et je suis déçu de ne pas voir le combo s'aventurer hors de sa zone de confort, pour proposer une composition plus audacieuse et novatrice. En revanche, The Ocean se révèle plus aventureux dans sa façon de faire. « The Quiet Observer » possède son lot de rebondissements qui rendent la piste moins évidente et moins ''facile'' que celle de leurs confrères du soleil levant. Il se dégage de cette partie du split une ambiance sombre qui fait écho à la luminosité et à la douceur du titre de Mono. Comme si les compositions se répondaient et communiquaient l'une avec l'autre. D'autant plus que les deux pièces sont instrumentales, laissant l'auditeur sans aucun intermédiaire vocal pour l'aider à s'immerger dans les ambiances proposées.

Néanmoins, malgré toute la bonne volonté des Allemands, je ne peux m'empêcher d'avoir une nette préférence pour « Death in Reverse ». Tout y est parfaitement millimétré et calculé, du crescendo devenu habituel chez Mono jusqu'à la partie plus contemplative et douce. Mais il y a toujours ce supplément d'âme qui vous absorbe et vous transporte. Cette science de la composition qui, bien qu'ayant un fort goût de réchauffé, donne envie d'y revenir. Les thèmes abordés de la vie, de la mort et de la renaissance de l'âme sont parfaitement retranscrits et chaque partie du morceau correspond à l'une de ces phases. On s'imagine courir, encore et encore, de plus en plus rapidement au fur et à mesure que la rythmique s'emballe et forme un magma bouillonnant jusqu'à la chute brutale lorsque les instruments deviennent silencieux. Commence alors un nouveau périple, où les violons et le piano sont nos guides et tissent un cocon rassurant jusqu'à la fin du morceau. Les images se bousculent dans l'esprit pendant onze minutes mémorables.

« The Quiet Observer » est basé sur le film ''Enter the Void'' de Gaspar Noé. Les moyens déployés par les Allemands sont multiples pour nous plonger dans cet univers fascinant : en plus de la section metal habituelle, le violoncelle vient soutenir l'atmosphère et ses interventions sont judicieuses. Et si le titre en soi est bon, il peine à me donner des frissons et à m'émouvoir. The Ocean a pour objectif de nous perdre en chemin, de nous faire errer sans réel but ou destination. On reste constamment dans un entre-deux où notre seule option est de se laisser guider par le collectif. L'ambiance y est moins accueillante que celle de Mono, les rares percées de lumière et d'espoir sont constamment annihilées. Le groupe a une idée bien précise mais souhaite volontairement laisser dans le flou quant au sort qu'il réserve à son auditoire. « Why don't you make something useful and go kill yourself », nous glisse discrètement une narration en fin de course. Une fin qui malheureusement tombe un peu à l'eau, trop plate pour me laisser un souvenir marquant là où une bonne partie du titre tapait dans le mille. Dommage…

A la question de savoir si Transcendental porte bien son nom, chaque personne se fera juge. Pour ma part, je demeure sensible au travail accompli par les deux entités en présence mais Mono m'a davantage touché par ce mélange de puissance et de douceur. Dans tous les cas, ce split mérite une écoute attentive et devrait combler les amateurs de post-rock/metal.

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