L'attente était grande après l'excellent
Precambrian (n'en déplaise à Thomas Johansson, notre tennisman antineurosien) et les nombreux déboires subis par The Ocean : changement de line up (le dernier d'une longue liste), départ du bâtiment « Oceanland » qui les accueillait jusque là, transformation du collectif en entité se voulant stable… Mais
Heliocentric décontenance tant le groupe opère un virage marqué dans son post-cequevousvoulez.
Une fois de plus, on a droit à un concept aux petits oignons : le groupe propose ici son interprétation des théories scientifiques ayant désavoué les religions pour prôner l'évolutionnisme. Tout y passe, de l'intérêt premier pour les étoiles à la découverte que la Terre tourne autour du soleil jusqu'aux brulots scientifiques de Darwin et Dawkins sur l'inexistence de Dieu et l'évolution de l'Homme. Cela va bien plus loin que l'habillage archéologique de
Precambrian : les textes veulent retranscrire les sentiments des découvreurs qu'ils présentent (« Catharsis Of A Heretic » dont les paroles montrent la peur de mourir, tué par l'Eglise), la musique appuie leurs doutes, leurs certitudes ou leur passion neuve pour la science (« Firmament » et sa guitare ritualisante évoquant le début des temps) et le chant se fait la voix des savants.
Et là, on arrive au point qui fâche : Loïc Rosetti, le petit nouveau remplaçant Mike Pilat et Nico Webers. A peine le disque disponible, son chant a été sévèrement critiqué sur la toile : mièvre, niais, facile, on dirait ma mère etc. Il est clair que le bougre chante bien mais cette voix haute perchée qui se la joue crooner peut vraiment décevoir, malgré sa capacité à nous sortir une bonne gueulante des familles. Et ce n'est que l'arbre cachant la forêt : toute la musique s'est adoucie, au point que
Precambrian semble brutal en comparaison de ces guitares cristallines qui s'énervent rarement. L'ex collectif, pour retranscrire la montée de l'évolutionnisme, développe une musique progressive qui fait regretter la lourdeur océanique des précédents disques. Des morceaux comme « Ptolemy Was Wrong », « Catharsis Of A Heretic » ou « Epiphany » n'ont rien de metal et sont plutôt à classer dans un néoclassique a cappella (pour ceux qui connaissent, j'ai même pensé à Anthony And The Johnsons !). Et malgré une orchestration de nouveau omniprésente (les violons de « The First Commandment Of The Luminaries » ou « The Origin Of Species »), les mélodies semblent faciles tant elles sont accessibles et fluides.
Et pourtant, il y a du bon dans cet album. Si une chanson comme « Swallowed By The Earth » fait clairement dans le putassier post hardcore mille fois entendu et que « The First Commandment Of The Luminaries » est insupportable à être aussi poussive , l'accessibilité de certains morceaux finit par révéler une recherche profonde afin d'éviter l'écueil du « chant clair = groupe qui tapine ». Les chansons « Firmament », « The Origin Of Species » et « The Origin Of God » n'auraient pu être composées que par The Ocean, tant la patte du groupe y est visible. On y retrouve son génie : « Firmament » possède un passage post-rock déboulant sur des guitares saturées et une voix céleste qui montre que le nouveau chanteur peut apporter des émotions nouvelles à la musique des allemands. « The Origin Of Species » et « The Origin Of God » nous ramènent aux meilleurs moments de la partie « Proterozoic » de
Precambrian : des distorsions envoutantes et épiques tout en étant modernes et travaillées (rhaaa ces violons de fin du monde !). J'ai honte, mais la pourtant niaise « Ptolemy Was Wrong » me plaît avec son piano évolutif (tiens, tiens…) aux lignes inattendues, légères et finalement puissantes. Même « Catharsis Of A Heretic » illustrent de belle manière ce chavirement de la pensée d'un homme ayant le choix entre renier Dieu et mourir ou abandonner la science et vivre. Mais malgré la bonne facture de ces compositions, la transcendance qui marquait jusque là les albums de The Ocean est la grande absente de
Heliocentric.
On navigue donc ici entre des moments excellents et d'autres plats voire rose bonbon. Au final, c'est la déception qui l'emporte sur
Heliocentric, le sentiment que cette restructuration du groupe aurait pu apporter plus que ce que cet album propose.
Anthropocentric, qui abordera les thèses créationnistes, promet d'être plus technique d'après les dires du groupe. Espérons qu'il ne mettra pas définitivement The Ocean au rang des « c'était mieux avant » !
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