Il aura fallu une chronique chez l’un de nos confrères pour que je me souvienne de l’existence de ce nouvel album de Twitching Tongues. C’est bien dommage parce qu’à quelques jours près, celui-ci aurait pu figurer dans mon bilan annuel, non pas dans la catégorie "Album de l’année" mais plutôt dans celle peu réjouissante des déceptions...
Si le constat est évidemment amer, je ne peux pas dire que je sois véritablement surpris. Depuis la sortie de son deuxième album en 2013 (
In Love There Is No Law), les choses commençaient déjà à sentir mauvais avec des morceaux devenus bancals, des placements de voix particulièrement hasardeux et une perte évidente de groove et d’efficacité. Les deux extraits lâchés par le groupe en guise de préambule à ce troisième album n’ont fait que confirmer mes craintes là où une simple écoute de
Disharmony a fini par me faire déposer les armes, abandonnant ainsi tout espoir de retrouver le Twitching Tongues de
Sleep Therapy.
Pour autant, cela n’a pas empêché Metal Blade de porter son dévolu sur le groupe californien dont le line-up a d’ailleurs été sérieusement remanié quelques semaines seulement après l’enregistrement de ce nouvel album. Leo Orozco (guitare), Kyle Thomas (basse) et Michael Cesario (batterie) ont en effet tous les trois choisi de quitter le navire (voyant très probablement le naufrage arriver) laissant ainsi les deux frères Young seuls maîtres à bord (ce qu’ils étaient d’ailleurs déjà). Une situation quelque peu délicate qui traduit généralement un fort malaise. Malaise lié ici à ce qui semble être un certain despotisme.
Alors par où commencer ? Ces lignes de chant particulièrement hasardeuses ? Ces riffs patauds et sans saveur ? Cette personnalité presque totalement disparue ? Cette perte de rythme au profit d’un Metalcore beaucoup plus classique et lourdingue ? Bref, les raisons de ma déconvenue sont plutôt nombreuses.
Depuis les débuts de Twitching Tongues, Colin Young n’a jamais caché son intérêt pour le Doom en général et pour Candlemass en particulier (il a d’ailleurs un projet solo sur le sujet – Sorcerer's Pledge). Si cette voix a été l’une des choses les plus réjouissantes lors de ma découverte de l’excellent
Sleep Therapy, elle est pourtant devenue un sujet de discorde largement partagé depuis
In Love There Is No Law. La raison de ces dissensions ? Des placements peu harmonieux qui, en plus de faire grincer des dents, rendent les quelques morceaux concernés extrêmement bancals. J’espérais au fond de moi que cette situation viendrait à changer avec l’arrivée de ce troisième album mais malheureusement avec un titre comme "Disharmony", il m’a vite semblé vain d’espérer autre chose que des lignes de chant d’une extrême maladresse. Tout n’est pas non plus catastrophique, Colin Young maîtrisant sa voix sans défaut de justesse, mais ces quelques verrues disgracieuses dont il nous dispense suffisent pourtant à gâcher les retrouvailles. Comment ne pas se sentir gêné sur les séquences suivantes : "Disharmony" à 1:19, "Insincerely Yours" à 0:29, "Asylum Avenue" à 1:27, "Love Conquers None" à 0:14 ? Il y en a quelques autres (comme ce passage à 5:09 sur "Cruci Fiction") mais elles se font souvent plus discrètes et donc heureusement moins gênantes.
S’il n’y avait eu que ce problème de chant, on aurait probablement très bien pu se satisfaire de ce troisième album. Le souci c’est que la qualité des riffs n’est plus vraiment au rendez-vous et qu’à l’image de Colin (encore lui), ils se sont largement empâtés pour finir par ressembler à ceux de n’importe quel groupe de Metal Hardcore du coin. Une baisse d’énergie et surtout de groove qui se traduit désormais par une série de riffs lourdingues, patauds et déjà entendus des dizaines et des dizaines de fois auparavant. Finalement, les influences Metal semblent avoir pris le pas sur le reste de ce qui faisait le charme de Twitching Tongues jusque-là et c’est bien dommage car le groupe sacrifie bêtement une grosse part de son identité. Et moi je m’emmerde le plus souvent car à quelques exceptions près, il n’y a pas grand-chose de particulièrement marquant et/ou efficace à se mettre sous la dent. On retiendra ainsi quelques riffs, mosh part et même soli ici et là (les premières mesures de "Disharmony" et son solo de fin, le riff d’introduction de "Insincerely Yours", le break de "Love Conquers None") ainsi que deux ou trois titres qui s’en sortent avec les honneurs ("Insatiable Sin", "The End Of Love"...) mais pour le reste c’est le désert de Gobi. Entre la tentative ratée d’un retour à ses racines Hardcore (le pas terrible "Cannibal" et son pénible démarrage), l’espèce de délire goth 80’s ou ce "Cruci Fiction" dont le riff principal a été honteusement pompé à Paradise Lost circa
Draconian Times, il n’y a pas de quoi fanfaronner.
S’il est vrai que je l’avais vu venir, la déception n’en est pas moins grande pour autant. C’est particulièrement dommage car Twitching Tongues avait su se distinguer dès son premier album à travers une personnalité bien marquée et une capacité à produire un Metal/Hardcore équilibré au groove et à l’efficacité irrésistible. Aujourd’hui les Californiens me font l’effet d’une mauvaise blague, coincés dans un Metal/Hardcore disgracieux et tout pataud qui traîne sa laideur et sa différence comme un fardeau tel un gamin dans une cours de récréation subissant les moqueries de ses camarades. Il serait désormais judicieux de mettre fin à ce cirque.
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