Oranssi Pazuzu - Värähtelijä
Chronique
Oranssi Pazuzu Värähtelijä
Emportés par le flot des sorties du moment, nous n'avions jamais pris le temps d'aborder la musique d'Oranssi Pazuzu sur Thrashocore. Il faut dire que notre volonté a été gênée par une succession de rendez-vous manqués, entre découverte tardive (avec le très bon Kosmonument, des mois après sa sortie) et actualité peu reluisante (Valonielu, plat par rapport à ce que la formation finlandaise avait pu offrir auparavant). Mais là, impossible d'y échapper ! Intrigués par une pochette mystérieuse, puis charmés par ce qu'elle voile, il nous fallait parler de Värähtelijä !
En effet, ce dernier album signe le retour de flamme avec le groupe venu du Nord. Plus de relief, plus de hargne, des passages black metal nettement plus présents, les musiciens ont mis les bouchées double afin de faire oublier leur précédent mauvais pas. Et dès les premiers titres Oranssi Pazuzu réjouit, pulvérise vos petits crânes avec une musique tant sombre qu'hypnotique. Un gros bad trip, voilà où vous plongent les Finlandais ! Ce voyage sous acides prend différentes formes et teintes comme sur des morceaux tels que « Hypnotisoitu viharukous » ou encore « Havuluu », à la fois percutants, abrasifs mais très sinueux. Vous ressentez clairement ce petit bond salvateur fait dans le passé ainsi que des incursions vers le château psychédélique de Tartaros. Néanmoins, la formation pousse plus loin ses expérimentations avec des influences tant psychédélique que prog davantage mises en relief, que ce soit par les nappes de synthé assez kitsch, les compositions plus alambiquées et aventureuses où la voix se limite à un rôle ornemental (le titre fleuve « Vasemman käden hierarkia »), les notes tirées à l'excès vous emportant lentement dans un tourbillon brumeux. Les musiciens s'affranchissent des barrières, laissant aller leur imagination et touchant au but sur un Värähtelijä délivrant un mélange black metal/sonorités des 60-70's savamment équilibré mais donnant une grande impression de spontanéité – en dépit du gros travail d'orfèvre effectué. L'ensemble prend aux tripes, sublimé par une production organique mais claire laissant parfaitement entrevoir chaque instrument dont les lignes de basses groovy et entêtantes.
Un trait d'union tiré entre black metal et rock progressif psychédélique où l'un et l'autre ne paraissent jamais perdre de leur essence, pour un résultat qui donne à rêver d'une B.O. moderne habillant la maison Harkonnen d'une version de Dune par Jodorowsky : voilà ce que fait ressentir ici Oranssi Pazuzu lors des premières rencontres, addictives. Mais une telle pochette ne trompe pas ! Autrefois marquée par les voyages spatiaux glauques ou des univers aussi colorés que monstrueux, l'illustration de Värähtelijä tranche par une nuit d'encre où seuls un tremblotant disque de lumière et une forme humaine recroquevillée montrent des signes de vie, ténus, recueillis autant qu'au bord du black out. Une émotion terne que la musique finit par faire entendre, tant ses mélodies répétitives, ses voix brouillonnes, ses mantras, évoquent un bout de route qui réinstaure la formation dans son lieu et son temps, la Finlande austère et étrange, barrée mais bariolée de gris, de Sink et autres Fleshpress. Jusqu'à un final crevant sa boule de cendre pour laisser exploser au grand air sa mélancolie (les claviers enveloppants de « Valveavaruus »), ce nouvel essai captive, rend statique, fossilise puis érode petit à petit, pour finalement faire un avec la fraîcheur nocturne et ses jams qui, sans forcer la chose, prennent un aspect rituel où la Lune est une déesse et les cernes, un costume ecclésiastique.
Mais en dépit d'un grand sentiment de liberté ressenti sur ce nouvel album avec des sonorités plus terriennes ainsi que des petites explosions bien placées, l'ensemble tend à s’essouffler en seconde partie. Un fait dû notamment à des titres moins osés mais également à de nombreux passages plus prog où le groupe déroule et déroule à l'infini les notes. Certes ce dernier délivre par la même de longues plages immersives, seulement celles-ci pêchent quelque peu par un aspect trop linéaire. Néanmoins ce petit défaut ne vient en rien perturber l'écoute et votre voyage tant Värähtelijä vous happe doucement mais sûrement durant plus d'une heure de jeu. Incontestablement une réussite !
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