Solothus - No King Reigns Eternal
Chronique
Solothus No King Reigns Eternal
Je suis un grand amateur de jeux vidéos et j'ai un problème : mon ordinateur portable est nul. Vraiment nul. Nul au point de ramer dès qu'il s'agit de faire tourner un jeu récent un peu gourmand – ou même simplement en 3D. Ainsi, je ne peux que jouer à des jeux majoritairement en pixel art ou s'attachant à retranscrire les graphismes du début des années 90 et ne pas profiter de certaines sorties alléchantes, notamment l'apparemment très bon Warhammer : End Times – Vermintide. Et oui, aucune possibilité pour moi d'affronter des hordes de rats mutants dans un décor moyenâgeux, pas moyen de suer d'effroi en entendant les trompettes annonçant les hordes d'ennemis arrivant aux portes du village, impossible de tuer en masse ces êtres démoniaques en hurlant dans mon casque à mes compagnons d'infortune « Prends le couloir de gauche et tue tout le monde POUR L'EMPEREUR ». J'en suis très peiné et je devais vous le dire.
Mais ne vous en faites pas, je me soigne : raids dans la rue une épée à la main en hurlant aux passants de prendre les armes, courses meurtrières contre mon chat (je perds souvent)... et écoutes de la dernière œuvre de Solothus, No King Reigns Eternal. Un groupe qui m'avait déjà intéressé à l'époque de la sortie en 2011 de la démo Ritual of the Horned Skull posant les bases du doom / death des Finlandais, membres – entre autres – de Cataleptic et Gorephilia, et dont la musique a tout pour contenter ceux appréciant le groove gras typique de ce pays.
En effet, l'originalité n'est pas ce qui prime chez Solothus. Pouvant rappeler des formations comme Krypts et Hooded Menace, il s'inscrit plutôt dans l'optique de bien faire les choses, à coups de riffs faisant hocher la tête et leads gardant toujours une part mélodique dans leur envie de personnifier le chaos. Menées par un grogneur donnant tout ce qu'il a pour faire honneur au mot « putride », ces quelques quarante-trois minutes étalent un savoir-faire qui semble avoir pris du galon depuis le précédent longue-durée des Finlandais, le déjà-bon Summoned from the Void. C'est sans surprise que l'on retrouve ces guitares efficaces au possible, allant de l'arpège empreint de mélancolie (« Darkest Stars Aligned ») au déballage de lignes punchy malgré un trot traînant, à la manière du morceau-titre et son riff principal donnant ce qu'il faut d'énergie à l'ensemble.
Constamment death, mais aussi marqué par le doom le plus implacable, No King Reigns Eternal tire son épingle du jeu par une ambiance éloignée des images horrifiques et occultes en vogue actuellement. Davantage attachés à peindre une atmosphère de monde antédiluvien fait de héros musclés et monstres mythologiques, les Finlandais donnent à chaque fois un souffle épique aux compositions constituant l'album, allant jusqu'à évoquer de façon détournée Candlemass. Pied sur le rocher, hache à la main, Solothus veut illustrer par sa musique une dark fantasy barbare et parvient tout à fait à remplir cet objectif !
Mais ne vous y trompez pas : bourré de moments efficaces et quelques subtilités (à l'image de ces roulements de toms savamment utilisés sur « Malignant Caress »), No King Reigns Eternal est un plaisir musical avant toutes choses, au point que les personnes bâillant d'avance en lisant l'étiquette « Doom / Death Metal » feraient bien de lui laisser une chance, l'essai se situant loin des tempos mollassons qu'on peut imaginer à la lecture de celle-ci. Power chords, dissonances, solos, mid-tempos entraînants, décélérations écrasantes... Solothus parvient à utiliser toutes les armes mises à sa disposition avec justesse, au point de rendre prenant un exercice couru d'avance (aussi austère, concret et convenu que sa pochette – et cependant tout aussi réussi !), également grâce à une production puissante, cristalline, et ne gênant pourtant en rien l'aura morbide de ces six morceaux.
D'une allure trop classique parfois, ce qui pourra en gêner certains, No King Reigns Eternal donne toujours l'impression d'y croire, offrant généreusement des rations de riffs où bouger son corps et regarder au loin, en rêvant de quelques histoires de héros des temps anciens. Solothus est clairement une formation qui a toute sa place sur un label comme Doomentia, sobre, un peu passe-partout en surface mais se révélant rapidement douée dans son application à transmettre un certain héritage entre death et doom metal (pas forcément si courant que ça, au final). En résumé, vous ferez bien de donner quelques euros à ce groupe. Ou à moi, pour que je m'achète un nouvel ordinateur. Je dis ça comme ça, mais Asus est une bonne marque.
| lkea 28 Avril 2016 - 1254 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo