Extreme Cold Winter - World Exit
Chronique
Extreme Cold Winter World Exit
Parmi tous les grands noms qui ont jalonné l’histoire du Metal néerlandais EXTREME COLD WINTER n’est clairement pas le plus connu, malgré déjà douze ans d’existence et un line-up impressionnant d’expérience et de qualité. Car entre Seth Van De Loo (NOX, CENTURIAN, SEVERE TORTURE), A.J. Van Drenth (ASPHYX, BEYOND BELIEF) et Pim Blankenstein (OFFICIUM TRISTE) on est probablement en présence d’une des plus belles brochettes de la scène locale dont le planning plus que chargé est sans doute la cause de cette si longue attente pour que ce premier opus voit le jour, six après un Ep fort sympathique et prometteur. Officiant dans un Death/Doom très classique sur le fond comme la forme le trio ne prétend nullement réinventer la roue mais juste perpétuer une certaine façon de pratiquer le genre dans leur pays natal, qui a toujours eu l’art et la manière de voir émerger nombre de combos reconnus à l’international. S’il est certain que ce projet a peu de chances d’exploser à la face du monde - tant ça reste standardisé à l’extrême et parfois même un peu monolithique - il serait cependant dommage de ne pas lui laisser sa chance vu que c’est parfaitement exécuté et surtout réhaussé par les ambiances solaires et lumineuses du clavier (réalisées par l’invité Carsten Altena de THE MONOLITH DEATHCULT), toujours justes et jamais pompeuses.
Ces dernières ne vont d’ailleurs pas tarder à apparaître vu qu’on les entend sur le morceau d’entrée (« Animals In Wintertime »), où au milieu d’une rythmique écrasante et ultra-lente digne de la saison hivernale (aidée par une batterie minimaliste au possible et un riffing tout aussi primaire) apparaît de la lumière au milieu des ténèbres et de la neige, via justement ce synthé éthéré qui amène de l’espoir dans cette noirceur totale. Si la guitare n’est pas oubliée elle se montre très sobre ne cherchant jamais à trop en faire et restant à l’instar du jeu du batteur dans une ligne de confort tous azimuts, sans chercher à aller plus loin ni accélérer la cadence… ce qui sur la durée va finir par poser quelques soucis de redondance. D’ailleurs ce schéma va se faire assez semblable par la suite que ce soit sur plus dense et suffocant « Time Space World » (qui monte légèrement en température) ou le classique et sans surprises « Serpent’s Seduction » qui reprend les mêmes patterns et notes guitaristiques, mais toujours de façon très propre à défaut d’être marquantes. Ça n’est pas également avec « Permafrost Entombment » que l’ensemble va grimper vers les sommets ou briser la glace, car bien que ça sorte un peu des sentiers battus via un ensemble plus synthétique et futuriste de par des effets sonores nombreux ça finit cependant par être un peu indigeste, conjugué à un manque d’inspiration patent qui font que cette composition est vite oubliée. Heureusement le reste va être beaucoup plus intéressant et en premier lieu le magnifique instrumental « The Sea Taketh » à la facette mélodique mise très en avant, principalement via un très long solo joué en mode plaintif et qui en arrive presque à tirer des larmes sans jamais être mielleux et sirupeux. Gardant sa vitesse de croisière on ressent ici également beaucoup de mélancolie et le début de la renaissance, comme si on était en train de faire un dernier adieu au défunt dont l’âme s’envole vers des contrées inconnues, et dont la place au milieu de l’album se révèle être parfaite avant d’enchaîner sur sa seconde partie.
Celle-ci après ce moment de douceur va montrer sa face opaque et la plus sombre possible sur l’angoissant et poisseux « Pharmakia » où chaque riff et coup de caisse claire donne l’impression d’avoir le tonnerre en train de tomber à proximité, conjugué à une montée en température progressive et prête à exploser… même si l’on regrette que cela n’arrive jamais car une bonne accélération même courte aurait été bénéfique. Néanmoins tout cela est là-encore bien foutu et très agréable à l’instar de la conclusion (« Cursed Like Cain ») toujours basée sur une obscurité massive, et qui clôt les débats de façon convaincante et accrocheuse. Car même s’il n’y a pas de quoi sauter au plafond ça reste professionnel jusqu’à la dernière seconde même si un peu plus de variations n’auraient franchement pas fait de mal, surtout qu’on sent que les gars en ont gardé sous la semelle et qu’il y’avait moyen de se lâcher et d’accélérer à plusieurs reprises pour donner envie de headbanguer un peu, et ça n’aurait pas fait de mal ! Encore trop juste et monotone pour rivaliser notamment avec l’ancienne formation de Bob Bagchus le froid extrême de l’hiver se montre quand même attrayant et fera passer un bon moment fort sympathique, même si ça sera très vite oublié et qu’on retournera rapidement écouter les ténors du genre, à l’ampleur et l’écriture beaucoup plus marquante et imposante.
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