La résurrection désormais actée d’At The Gates aura sans nul doute titillé le reste des musiciens quadra suédois maudits, nostalgiques de leur death mélodique prépubère injustement oublié. Eucharist semble lui aussi suivre le mouvement avec un concert spécial au mois d’avril (peut-être plus par la suite ?) au côté des perles obscures et reformées Fatal Embrace, Eternal Lies et Ablaze My Sorrow (tous chroniqués par votre serviteur). Un détail qui n’a pas échappé à Apostasy Records, le nouveau nécromancien du death mélodique suédois des années 90. Après The Duskfall (ex-Gates Of Ishtar) puis This Ending (ex-A Canorous Quintet), le label allemand exhume ainsi Ablaze My Sorrow. Malgré une formation en 1993, trois albums, le label pépinière feu No Fashion Records et quelques grands nom associés comme Necrolord (l’une des plus belles œuvres du Monsieur à mon sens sur
If Emotions Still Burn), Niklas Sundin ou Tompa, le groupe n’aura pas réussi à se démarquer et plongera définitivement dans l’oubli après sa séparation en 2006. Seul son dernier album, l’incisif et thrashy
Anger, Hate and Fury laissait entrevoir (mais trop tardivement) une once d’espoir. Bonne nouvelle sur le papier pour ce retour, le line-up de 2002 reste le même. Sur le papier.
Ablaze My Sorrow ne reprend pas tout à fait ce qu’il avait laissé il y a 14 ans, le titre d’ouverture éponyme (explicite) ne pouvait pas être plus clair. Point de refrains FM vocodés ou de claviers eurodance.
Black expose un death mélodique jonglant entre les prémices extrêmes aux effluves black metal (At The Gates (old), Dark Tranquillity (old), Eucharist, Unanimated, A Canorous Quintet) et la mouvance death/thrash qui suivra. Un retour vers une musique glaciale et virulente sous une production sans le moindre artifice, forcément un sourire se dessine. Malheureusement le soufflé redescendra quasi aussitôt. Malgré un lot de riffs mélodiques conséquents, il sera difficile de retrouver la saveur et la patte antérieure. « Tvåenighet » (tremolo et double pédale, forcément), « Razorblade Revolution » (son joli solo) ou l’interlude acoustique frissonnant « To Reclaim What Is Ours » (à la fibre 100% nineties) de côté. Etonnant puisqu’il s’agit toujours des membres fondateurs ici, même si leurs débuts étaient loin d’être des chefs d’œuvres... La rythmique martiale et les riffs sous influences At The Gates (new) sur certains morceaux ne changeront pas non plus la donne, l’impact et la fluidité de
Anger, Hate and Fury semblent bien loin. Effectivement « Black » (2 minutes 40 à la limite d’un Dark Funeral) ou « Blood Heritage » arriveront à décrasser légèrement la nuque mais ils seront noyés à travers des rallonges soporifiques. Les compositions n’ont rien d’indécentes et les transitions sont plutôt bien amenées mais tout semble exponentiellement monotone (riffing, rythmique et chant inclus). L’écoute entière sans piquer du nez sera clairement un exploit.
Troisième essai manqué pour Apostasy Records, le label faillit une nouvelle fois dans ses recrues spectrales... Un death mélodique épuré dans la droite lignée du milieu des années 90 certes mais sans son charme ni son accroche. Plutôt bien construit mais dont les passages efficaces sont bien trop rares face au reste terne en pilotage automatique. Pour faire simple, on s’ennuie rapidement... Pas vraiment une déception en soit puisque la discographie d’Ablaze My Sorrow était jusque-là plutôt moyenne mais pour un retour après tant d’années on rangera le brûlot avec une certaine amertume.
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