Non de non, que je l’attendais cet album… Trois ans après l’excellent
Autopsychosis,
Katalepsy nous revient donc cette année avec son nouvel opus intitulé
Gravenous Hour. Et de prime abord rien n’a bougé chez nos amis russes. Les bougres sont toujours chez le label américain Unique Leader, l’artwork une fois de plus sublime est à nouveau signé par W. Smerdulak et le groupe a même réussi à nous revenir avec exactement le même line-up ! Un exploit quand on connait le passé du groupe, qui a vu passer en son sein pas moins de 14 membres différents lors de ses 8 premières années d’existence. Cependant, si la forme n’a pas bougé d’un iota, on ne peut malheureusement pas en dire autant de la musique du combo. Sans faire le grand écart et en nous proposant toujours son Brutal Death teinté de Slam caractéristique, on ne peut nier que le groupe a changé, et on pourrait même dire qu’il s’est assagi.
Pourtant dès le premier riff de « Blindead Sultan », qui suit l’excellente intro instrumentale « In the Dark of Stars », on reconnait immédiatement la patte des russes. Des guitares écorchées, une basse clinquante, une double pédale qui avoine, la recette n’a pas évolué et n’incorpore pas ou peu de nouveaux éléments. Comme sur leur précédente sortie,
Katalepsy nous assène donc un Brutal Death dévastateur, chargé en blast de toutes sortes, de Breakdowns assassins, mais également de leads et de riffs plus mélodiques comme le groupe en incorpore de plus en plus depuis l’EP
Your Fear is our Inhabitancy. On se retrouve donc une nouvelle fois avec des chansons variées pour le style pratiqué, oscillant sans cesse entre accélérations au rythme infernal mettant l’impeccable Evgeny à rude épreuve, parties slammées au groove atypique du groupe et passages alternant leads et soli ma foi pas toujours très bien réfléchis (notamment à 2’10’’ sur « Critical Black Mass »).
Si la recette n’a donc pas changé, force est de constater que la nouvelle fournée s’avère néanmoins bien plus fade que la précédente. Et le premier ingrédient à mettre en cause est sans conteste la production. Là où celle d’
Autopsychosis était d’une intensité profonde, étouffante tout en laissant le groupe faire parler la poudre, celle de
Gravenous Hour s’avère bien trop lisse, plastique pour ne pas dire carrément clinique. La puissance est toujours là, mais atténuée par l’absence de substance de cette production, malheureusement caractéristique du label. On sait que l’ogre américain a la fâcheuse tendance à gober les groupes prometteurs et à drainer leur personnalité pour les faire rentrer le plus possible dans leur catalogue, et si
Autopsychosis avait réussi à conserver une petite note personnelle, on ne que constater les dégâts sur ce nouvel opus. On se retrouve donc ici avec une production moderne lambda, beaucoup trop propre pour le style pratiqué habituellement par le groupe.
Cependant, la production n’est pas la seule ombre au tableau et l’album pêche également pour ce qu’il est intrinsèquement. Car si
Katalepsy n’a pas changé son style de jeu, on ne peut pas dire qu’il rende ici sa meilleure copie. Les compositions sont ainsi jonchées de riffs anecdotiques qui au mieux manquent cruellement d’impact, ou au pire sentent à plein nez le manque d’inspiration (ce riff entendu douze trilliards de fois à 2’10’’ sur « Tephra » en est l’exemple ultime), ainsi que de soli nauséeux à l’utilité discutable (encore à 2’10’’, mais sur « Critical Black Mass »). Mais surtout, surtout, qu’est-ce que l’album manque de passages réellement efficaces. Diantre ! Je chronique du
Katalepsy et je parle de manque d’efficacité !! Où va le monde mon bon monsieur, je vous le demande ?!
Là où
Autopsychosis et les sorties antérieures du groupe nous mettaient des mandales par paquet de douze, on parcourt doucement ce
Gravenous Hour sans jamais craindre pour notre intégrité physique. L’album se mange donc d’une traite sans vraiment laisser de marque, sans que se l’on dise jamais « Ouh la rouste sur telle ou telle chanson ». On sent pourtant que le groupe s’est donné du mal pour nous divertir, en variant son propos autant qu’il le peut, incorporant même quelques artifices inédits pour le groupe (comme ces petits leads qui font très
Immolation sur « Blindead Sultan » à 2’35’’). Résultat, les riffs changent toutes les 10 secondes, souvent de manière abrupte et sans réelle logique et seul Evgeny réussit à assurer les transitions quand les instruments à cordes se perdent parfois dans cette bouillie de rythmes pas toujours très digeste. Même mon ami Igor rend là sa plus pâle copie, oubliant qu’il à bien plus de cordes vocales à son arc que le growl ultra classique qu’il utilise sur l’intégralité de l’album. Dieu que sa prestation sur
Mechanical Race Creation de
Big End Bolt me manque…
A ce stade de la lecture, vous aurez compris que
Gravenous Hour est pour moi une réelle déception. Cependant, ne vous méprenez pas l’album reste plus que correct et est largement au-dessus de la masse grouillante de sorties de Brutal/Slam Death. Son principal défaut est en fait
Autopsychosis. Parce-que la comparaison avec son grand frère est inévitable et vraiment pas à l’avantage du cadet, il y a peu de chance que je ressorte ce
Gravenous Hour très souvent. Pourtant de très bonnes chansons jonchent l’album (« Blindead Sultan », « Ghoul Inquisitor » et « Monastery of Nothing » en tête), mais je me rends finalement compte que mes deux pistes préférées sont les deux instrumentales, « In the Dark of Stars » et « In the River of Red », qui amorcent et concluent l’album, respectivement. Avouez que c’est cocasse, mais c’est là que l’on retrouve la basse d’Anatoly qui se fait trop discrète sur le reste de l’album et surtout le jeu tout en subtilité de Evgeny qui est décidément un excellent musicien.
Je ne m’en fais donc pas trop pour le groupe, qui comblera certainement de bonheur une grande partie de sa fanbase en signant un album qui, s’il n’égale pas son aîné, reste malgré tout agréable à écouter. Peut-être en attendais-je tout simplement trop, mais de mon côté je retourne écouter
Autopsychosis, tout en restant tout aussi attentif quant à l’avenir du groupe.
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